Vers un monde sans SF6 et digital

Enga­gé dans la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique, Schnei­der Elec­tric a lan­cé une offre d’appareillage moyenne ten­sion éco­lo­gique et sans SF6. Cette nou­velle gamme inno­vante, uti­li­sant une iso­la­tion dans l’air pur et une cou­pure du cou­rant dans des ampoules à vide, consti­tue un véri­table pas en avant dans l’engagement du groupe à éli­mi­ner le SF6 de ses équi­pe­ments d’ici 2025. Le point avec Chris­tophe Pré­vé, Direc­teur Tech­nique des offres moyenne ten­sion de Schnei­der Elec­tric.

Bien que le SF6 soit le gaz à effet de serre dont les impacts sont les plus lourds sur le réchauffement climatique, il reste aujourd’hui présent dans la majorité des équipements moyenne tension déployé dans le réseau électrique. Quel regard portez-vous sur cela ?

Recon­nu pour ses excel­lentes pro­prié­tés élec­triques, notam­ment pour cou­per le cou­rant et pour l’isolation, l’hexafluorure de soufre (SF6) est très lar­ge­ment uti­li­sé en haute et moyenne ten­sion, depuis les années 1960. Aujourd’hui, ce gaz est uti­li­sé dans l’appareillage moyenne ten­sion en France dans pra­ti­que­ment 100 % des équi­pe­ments. C’est aus­si un gaz stable, inin­flam­mable, pas toxique ni nocif sur la san­té des utilisateurs.

Néan­moins, et mal­gré ces avan­tages, le SF6 est 25 200 fois plus puis­sant que le CO₂ pour pié­ger le rayon­ne­ment infra­rouge dans l’atmosphère, selon l’Agence de pro­tec­tion de l’environnement. Il a le poten­tiel de réchauf­fe­ment pla­né­taire (PRP) le plus éle­vé de tous les gaz connus. Ses impacts sont donc très lourds sur l’environnement.

Ses risques sur le réchauf­fe­ment cli­ma­tique sont connus par la Com­mis­sion euro­péenne et par toutes les ins­tances. Mais il conti­nue à être uti­li­sé parce que, jusque-là, il n’existait pas de solu­tion éco­no­mi­que­ment viable pour le substituer.

L’Union Européenne déploie d’ailleurs sur le SF6 une politique incitative de réduction du recours à ce gaz…

L’Union Euro­péenne tient à l’œil le sujet du SF6 depuis 25 ans, plus par­ti­cu­liè­re­ment depuis le pro­to­cole de Kyo­to en 1997. En 2014, il y a eu une pre­mière ten­ta­tive de mise en place d’une régle­men­ta­tion. 

Mais vu l’absence de solu­tion alter­na­tive sur le mar­ché, il n’y a pas eu de régle­men­ta­tion contre le SF6, mais une clause sti­pu­lant qu’il fal­lait revoir cela dans 7 ans et trou­ver des solu­tions alter­na­tives. 

C’est un sujet qui a beau­coup mobi­li­sé Schnei­der Elec­tric depuis, et aujourd’hui nous dis­po­sons de solu­tions inno­vantes pour rem­pla­cer le SF6. La régle­men­ta­tion de 2014 a par ailleurs été révi­sée avec la dif­fu­sion récente d’un pro­jet de régu­la­tion contre le SF6, avec son inter­dic­tion à comp­ter de jan­vier 2026.

Et quelles sont les alternatives qui se présentent dans ce cadre ?

Au sein de Schnei­der Elec­tric, nous avons tra­vaillé sur plu­sieurs alter­na­tives et solu­tions pour rem­pla­cer le SF6. Il s’agit notamment :

• des gaz alter­na­tifs : ce sont éga­le­ment des gaz fluo­rés mais avec un poten­tiel de réchauf­fe­ment pla­né­taire (PRP) beau­coup plus faible, donc moins nocif pour l’environnement. Les tra­vaux et recherches ont par la suite démon­tré que ces gaz alter­na­tifs pou­vaient certes avoir de bonnes pro­prié­tés élec­triques, mais n’étaient pas sans risque vis-à-vis de leur toxi­ci­té et de leur dan­ger sur les personnes ;
• des solu­tions qui uti­lisent une iso­la­tion dans l’air pur et une cou­pure du cou­rant dans des ampoules à vide. Cette grande inno­va­tion, sans SF6, consti­tue un pas en avant pour la durabilité.

Justement, le lancement de cette alternative innovante et vertueuse, SF6-free Technology Digital, traduit clairement l’engagement de Schneider Electric à éliminer le SF6 de ses équipements. Qu’en est-il ?

Depuis plu­sieurs années, Schnei­der Elec­tic s’engage acti­ve­ment contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. C’est d’ailleurs en novembre 2015, lors de la COP21, que le groupe a annon­cé plu­sieurs enga­ge­ments, notam­ment des alter­na­tives à l’utilisation du SF6, et l’élimination totale de ce gaz de tous ses pro­duits à échéance 2025.

Depuis, nous avons lar­ge­ment accé­lé­ré nos déve­lop­pe­ments pour être prêts à rem­pla­cer toutes nos gammes de pro­duits d’ici 2025.

Quels sont les avantages de cette technologie ?

Grâce à cette tech­no­lo­gie, nous avons réus­si à sub­sti­tuer l’hexafluorure de soufre (SF6) tout en gar­dant les per­for­mances et la com­pa­ci­té des pro­duits. Ces nou­veaux pro­duits ont les mêmes dimen­sions et un mode opé­ra­toire iden­tique pour les opé­ra­teurs et ne néces­sitent pas un chan­ge­ment d’habitudes pour les uti­li­sa­teurs. Par ailleurs, ils amé­liorent aus­si la sécu­ri­té des per­sonnes par rap­port aux solu­tions exis­tant sur le marché.

Et sur la par­tie digi­tale, nous avons éga­le­ment rajou­té sur ces nou­velles gammes des briques qui per­mettent de faire de la main­te­nance pré­dic­tive et d’anticiper les pannes ou les défauts grâce aux cap­teurs de tem­pé­ra­ture, de vitesse des méca­nismes, de condi­tions envi­ron­ne­men­tales, de décharges par­tielles. Tous ces cap­teurs sont connec­tés et reliés au cloud.

Nous avons éga­le­ment aug­men­té l’endurance méca­nique des appa­reils, ce qui per­met de les manœu­vrer beau­coup plus (10 fois plus que les appa­reils exis­tants). C’est un avan­tage pour les réseaux intel­li­gents (smart­grid) avec un niveau éle­vé de pro­duc­tions par éner­gies renou­ve­lables (éoliennes, pho­to­vol­taïque) connec­tées sur le réseau moyenne ten­sion et qui néces­sitent de fré­quentes recon­fi­gu­ra­tions du réseau élec­tri­que. 

En bref

Schnei­der Elec­tric est à la tête de la trans­for­ma­tion numé­rique de la ges­tion de l’énergie et de l’automatisation dans les habi­ta­tions, les bâti­ments, les centres de don­nées, les infra­struc­tures et les indus­tries. Pré­sent dans plus de 100 pays, Schnei­der est le lea­der incon­tes­té de la ges­tion de l’énergie – moyenne ten­sion, basse ten­sion et ali­men­ta­tion sécu­ri­sée, et des sys­tèmes d’automatisation. Nous four­nis­sons des solu­tions d’efficacité inté­grées, com­bi­nant éner­gie, auto­ma­ti­sa­tion et logiciels.

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