Conférence Artefact

Artefact : « Les entreprises qui dureront sont celles qui auront réussi la diffusion d’une culture data »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°781 Janvier 2023
Par Vincent LUCIANI (X05)

L’importance stra­té­gique de la don­née pour les entre­prises n’est plus à prou­ver. Conscient de cette réa­li­té, Arte­fact accom­pagne les entre­prises pour capi­ta­li­ser sur ce levier de per­for­mance, de crois­sance et d’amélioration. Le point avec Vincent Lucia­ni (X05), CEO et cofon­da­teur d’Arte­fact.

Comment analysez-vous les dernières tendances liées à la transformation data des entreprises ? 

Le pas­sage à un modèle d’entreprise axé sur les don­nées – où les déci­sions sont prises sur la base de ce que nous savons être vrai plu­tôt que sur notre intui­tion – est au cœur de la vague de trans­for­ma­tion numé­rique qui balaie tous les sec­teurs d’activité depuis quelques années. L’analyse de don­nées nous aide à réagir avec plus de cer­ti­tude face à l’incertitude. Lorsque les guerres et les pan­dé­mies bou­le­versent l’ordre des choses et entraînent un phé­no­mène infla­tion­niste majeur, le recours aux ana­lyses pous­sées de don­nées pour prendre de meilleures déci­sions devient d’autant plus cri­tique pour les entre­prises. Par ailleurs, l’IA a besoin de don­nées pour apprendre, et cela signi­fie sou­vent de trai­ter des don­nées per­son­nelles sen­sibles. C’est pour­quoi il devient indis­pen­sable pour toute orga­ni­sa­tion de déployer une IA res­pon­sable et de confiance. Cela consti­tue un axe stra­té­gique clé pour garan­tir que les valeurs d’inclusivité et de diver­si­té sont bien res­pec­tées. La data a donc un rôle essen­tiel à jouer pour un monde plus éthique et plus juste. 

Une autre ten­dance forte qui se des­sine, liée au réchauf­fe­ment cli­ma­tique qui s’accélère, est l’usage de la data comme outil d’aide à la réduc­tion de l’impact éco­lo­gique. Les don­nées et les algo­rithmes per­mettent de mesu­rer l’empreinte car­bone des acti­vi­tés et d’analyser com­ment déve­lop­per des pro­duits, des ser­vices et des infra­struc­tures de manière plus effi­cace sur le plan éner­gé­tique, en iden­ti­fiant les sources de gas­pillage et d’inefficacité.

À titre d’exemple, Arte­fact a accom­pa­gné le Groupe Car­re­four en 2021 pour réduire l’impact car­bone de sa branche e‑commerce avec une solu­tion qui soit action­nable par l’entreprise et les consom­ma­teurs afin d’atteindre la neu­tra­li­té car­bone d’ici 2030. Arte­fact a iden­ti­fié deux leviers : d’une part réduire struc­tu­rel­le­ment les émis­sions car­bone des infra­struc­tures logis­tiques et numé­riques, d’autre part enga­ger les consom­ma­teurs à deve­nir acteurs de cette tran­si­tion éco­lo­gique grâce à un affi­chage car­bone du panier d’achat et des actions recom­man­dées de com­pen­sa­tion des émissions.


Lire aus­si : Arte­fact, deve­nir une réfé­rence mon­diale dans le conseil spé­cia­li­sé en data


La maturité data des entreprises a donc rapidement progressé depuis une décennie. Comment Artefact a aussi évolué en tant que leader des services de conseil en data ? 

En effet, les entre­prises ont notam­ment déployé des poli­tiques de gou­ver­nance de la data, condi­tion préa­lable à de toute trans­for­ma­tion, mais il reste encore des sec­teurs d’activité très en retrait sur le trai­te­ment de leurs don­nées avec un vrai poten­tiel d’efficience, comme la san­té ou les indus­tries “lourdes”, sur­tout quand nous com­pa­rons aux sec­teurs de la grande consom­ma­tion et du retail qui ont com­men­cé leur révo­lu­tion data et que nous connais­sons bien, comme L’Oréal, Danone, Uni­le­ver, ou Sam­sung, etc.

Après avoir com­men­cé à trans­for­mer les dépar­te­ments mar­ke­ting en les ren­dant plus pro­fi­tables et per­ti­nents dans leurs inves­tis­se­ments média mul­ti­ca­nal grâce à des solu­tions pion­nières autour du ciblage, de la mesure et de la per­son­na­li­sa­tion, nous déployons en plus depuis plu­sieurs années des pro­grammes d’accélération dans toutes les branches d’activité (ventes, sup­ply chain, opé­ra­tions, centres d’appels, RH & finance,…). Par­tout où il y a de la data, nous créons de la valeur et avec nos clients nous amé­lio­rons leurs pro­ces­sus et pro­dui­sons des appli­ca­tifs métiers “à façon”.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret, qui montre comment d’un objectif business et opérationnel précis, Artefact conçoit des solutions IA qui améliorent les usages métiers ?

Les don­nées sont en effet la clé pour com­prendre les clients, déve­lop­per de meilleurs pro­duits et ser­vices, et ratio­na­li­ser les opé­ra­tions internes afin de réduire les coûts et le gas­pillage des socié­tés. Par exemple, nous accom­pa­gnons depuis plus de 6 ans le Groupe de télé­com­mu­ni­ca­tions Orange et par­mi tous les cas d’usages de valo­ri­sa­tion du poten­tiel d’automatisation et IA de l’entreprise, nous avons déployé avec leurs équipes une solu­tion d’optimisation des inter­ven­tions par leurs tech­ni­ciens sur le réseau fibre. La solu­tion s’appuie sur une tech­no­lo­gie de recon­nais­sance visuelle qui aide leurs opé­ra­teurs à amé­lio­rer la qua­li­té de leurs ins­tal­la­tions ou de leurs répa­ra­tions. Aujourd’hui cet appli­ca­tif dis­po­nible sur tablette est uti­li­sé par plus de 10 000 tech­ni­ciens Orange sur l’ensemble du ter­ri­toire. Un vrai succès !

Cet exemple illustre par­fai­te­ment la convic­tion pro­fonde d’Artefact : pour atteindre une véri­table matu­ri­té data, les entre­prises n’ont pas d’autre choix que de rendre les don­nées acces­sibles à tous, non seule­ment aux experts, mais aus­si au per­son­nel opé­ra­tion­nel sur le ter­rain. Cela don­ne­ra lieu à de nou­velles formes de tra­vail aug­men­té, où les appli­ca­tions et leurs inter­faces mettent des infor­ma­tions intel­li­gentes entre les mains de tout le monde pour tra­vailler plus effi­ca­ce­ment et avec plus d’autonomie !

En vous écoutant, on comprend bien que la donnée ne doit plus seulement être un sujet d’experts. Comment cette vision de démocratisation de la data se concrétise pour Artefact ? 

Les entre­prises qui dure­ront sont celles qui auront réus­si la dif­fu­sion d’une culture data et d’un accès à la connais­sance et aux don­nées pour tous. 

Nous avons déployé plu­sieurs ini­tia­tives en ce sens, qui sont stra­té­giques pour le posi­tion­ne­ment d’Artefact en tant qu’acteur majeur de la démo­cra­ti­sa­tion de la data, pour en exploi­ter tout son poten­tiel de trans­for­ma­tion positive.

Tout d’abord, le lan­ce­ment de l’Artefact School of Data il y a deux ans, qui est un pilier clé de cette stra­té­gie d’éducation de nos clients avec des for­ma­tions adap­tées aux com­pé­tences très évo­lu­tives des métiers de la data. Nous éla­bo­rons éga­le­ment des pla­te­formes d’e‑learning “à la carte” pour des clients afin de dif­fu­ser rapi­de­ment la connais­sance de la data et l’IA par­mi tous leurs employés ;

Le lan­ce­ment en ce début d’année de notre centre de recherche Arte­fact, sous le lea­der­ship d’Emmanuel Mal­herbe (pro­mo X2008), a pour voca­tion de faire le pont entre la recherche fon­da­men­tale et sa démo­cra­ti­sa­tion appli­ca­tive aux métiers de l’entreprise, et ce en col­la­bo­ra­tion avec des clients qui don­ne­ront accès à leurs don­nées et cas d’usage. Pour ce faire, nous avons enga­gé plu­sieurs par­te­na­riats avec des labo­ra­toires uni­ver­si­taires de renom, tel que le CMAP ou le MEI à Poly­tech­nique, afin d’accueillir des doc­to­rants chez Arte­fact, qui tra­vaillent sur l’amélioration de modèles data et l’étude des orga­ni­sa­tions. Ils publie­ront des articles scien­ti­fiques et par­ti­ci­pe­ront à des confé­rences inter­na­tio­nales pour par­ta­ger leur savoir.

Ces pro­grammes ne sont que les pre­mières étapes de ce mou­ve­ment de démo­cra­ti­sa­tion de la data que nous opé­rons pour aider nos clients à se trans­for­mer plus vite et mieux. 

Après une année 2022 en forte croissance, quelles sont vos perspectives de développement en 2023 ? 

Après une crois­sance orga­nique de +50% en 2022, notre objec­tif est de conti­nuer sur cette lan­cée en 2023 avec une poli­tique de recru­te­ment sou­te­nue en France et dans nos 16 filiales en Europe, MENA, Asie, Amé­rique du Nord et du Sud. Nous venons de déployer notre enti­té Arte­fact Afri­ca à par­tir du Maroc et nous allons bien­tôt ouvrir un bureau en Corée. 

Nous allons aus­si accé­lé­rer notre déve­lop­pe­ment en LATAM et aux États-Unis.

L’expansion d’Artefact passe éga­le­ment par une poli­tique ambi­tieuse de M&A qui va se pour­suivre en 2023. En 2021, deux acqui­si­tions ont notam­ment per­mis d’étendre le por­te­feuille de clients et ser­vices d’Artefact avec le rachat de Star­tup Inside, pion­nier du conseil en stra­té­gie d’open inno­va­tion & d’intrapreneuriat, et orga­ni­sa­teur de confé­rences inter­na­tio­nales sur la Data et l’IA, et récem­ment le rap­pro­che­ment avec le groupe Arca Blan­ca, lea­der en data consul­ting au Royaume-Uni. Nous sommes très confiants en l’avenir car mal­gré les ten­sions éco­no­miques, les entre­prises ont d’autant plus besoin de mieux appré­hen­der leur envi­ron­ne­ment très mou­vant et de trou­ver des solu­tions rapides d’adaptation et de pro­grès grâce à la data. 

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