L’association nationale pour le développement de la mobilité électrique, l’Avere-France

Focus sur l’Avere-France

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Antoine HERTEMAN

L’association natio­nale pour le déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té élec­trique, l’Avere-France, pro­meut l’électro-mobilité depuis 1978. Son pré­sident, Antoine Her­te­man, nous en dit plus sur cette asso­cia­tion, ses mis­sions, ses valeurs et ses dif­fé­rentes actions. Entretien.

Pouvez-vous nous présenter l’association et vos adhérents ?

L’Avere-France est l’association natio­nale pour le déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té élec­trique. Elle a vu le jour en 1978 pour repré­sen­ter l’ensemble des com­po­santes de l’électro-mobilité dans les domaines indus­triel, com­mer­cial, ins­ti­tu­tion­nel et asso­cia­tif afin de faire la pro­mo­tion de l’utilisation des véhi­cules élec­triques et hybrides rechargeables.

Aujourd’hui, elle ras­semble plus de 220 adhé­rents en France. Asso­cia­tion pro­fes­sion­nelle, nous comp­tons par­mi nos membres des entre­prises et des acteurs issus de dif­fé­rents éco­sys­tèmes cou­vrant l’intégralité de la chaîne de la valeur : des construc­teurs et des équi­pe­men­tiers, des éner­gé­ti­ciens et des dis­tri­bu­teurs d’énergie, des opé­ra­teurs de mobi­li­té, des ins­tal­la­teurs de solu­tions de recharge, des acteurs de la main­te­nance, des orga­nismes ins­ti­tu­tion­nels (asso­cia­tions, écoles, recherche), des cabi­nets de conseils, des banques, des com­pa­gnies d’assurance, ain­si que des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales et des syn­di­cats d’énergies…

Mul­ti-sec­to­rielle, l’Avere couvre éga­le­ment toutes les mobi­li­tés sauf le domaine de l’aéronautique : véhi­cules, poids lourds, uti­li­taires, deux roues, bus, fer­ro­viaire, bateau. Dans son tra­vail, l’Avere s’appuie sur une équipe per­ma­nente d’une ving­taine de personne.

Quelles sont vos principales missions ? 

Notre action s’articule autour de quatre axes :

  • Pro­mou­voir la mobi­li­té élec­trique auprès de dif­fé­rents publics (élus, ins­ti­tu­tions, entre­prises, grand public…) ;
  • Infor­mer l’ensemble des par­ties pre­nantes et les uti­li­sa­teurs au tra­vers de la dif­fu­sion d’informations objec­tives, fiables et à valeur ajoutée ;
  • Défendre des posi­tions favo­rables au déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té élec­trique et les inté­rêts com­muns des acteurs de cet écosystème ;
  • Repré­sen­ter la diver­si­té des acteurs de l’écosystème de la mobi­li­té élec­trique dans leur complémentarité ;
  • Fédé­rer tous les acteurs de la mobi­li­té électrique.

Dans cette démarche, l’Avere s’appuie sur des valeurs fortes : l’indépendance et la fia­bi­li­té des tra­vaux qu’elle pro­duit et dif­fuse ; la trans­pa­rence dans son mode de fonc­tion­ne­ment et ses actions ; l’engagement et l’agilité de ses membres et de ses équipes.

La mobilité électrique, qui est au cœur de votre action, représente aussi un enjeu clé pour la transition écologique et la neutralité carbone en France. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Qu’avez vous pu observer ?

Au cours des deux der­nières années, la manière d’appréhender cette ques­tion a évo­lué. Aujourd’hui, toutes les par­ties pre­nantes sont en ordre de marche. Il ne s’agit plus de se deman­der s’il faut déve­lop­per la mobi­li­té élec­trique, mais plu­tôt quels sont les moyens à déployer pour y par­ve­nir (quel type de mobi­li­té ? au tra­vers de quelles inci­ta­tion ? de quelles solu­tions tran­si­toires disposons-nous) et à quelle échéance. 

De nom­breux jalons et échéances ont été annon­cés, le prin­ci­pal étant la neu­tra­li­té car­bone à hori­zon 2050. Tou­te­fois, pour réus­sir cette tran­si­tion vers la mobi­li­té élec­trique, la pre­mière étape, à notre sens, est d’établir la stra­té­gie à suivre. 

“Au cours des deux dernières années, la manière d’appréhender cette question a évolué. Aujourd’hui, toutes les parties prenantes sont en ordre de marche. Il ne s’agit plus de se demander s’il faut développer la mobilité électrique, mais plutôt quels sont les moyens à déployer pour y parvenir et à quelle échéance.” 

Selon les imma­tri­cu­la­tions de véhi­cules élec­triques et hybrides rechar­geables neufs, en 2019, 69 466 véhi­cules élec­triques et hybrides rechar­geables ont été imma­tri­cu­lés (3 % du mar­ché) ; en 2020, 194 730 véhi­cules (9,5 % du mar­ché) ; en 2021, 315 978 (15 % du mar­ché). Plus récem­ment, en octobre 2022 a été his­to­rique, le cap du mil­lion de véhi­cules élec­triques et hybrides rechar­geables en cir­cu­la­tion en France a été dépas­sé avec 1 025 602 véhi­cules élec­tri­fiés rechar­geables qui rou­laient dans le pays. En paral­lèle, les imma­tri­cu­la­tions de véhi­cules neufs élec­tri­fiés rechar­geables ont conti­nué de croître et repré­sentent 20 % de parts de mar­ché. Et au 30 sep­tembre 2022, on recen­sait en France 71 630 points de recharge ouverts au public. Par rap­port au nombre total de véhi­cules en cir­cu­la­tion en France, la pro­por­tion de véhi­cules élec­triques et hybrides rechar­geables reste certes modeste, mais elle prend rapi­de­ment du ter­rain. Cette dyna­mique est aus­si en marche au niveau de la mobi­li­té lourde et de la navi­ga­tion flu­viale. D’autres formes de mobi­li­té élec­trique sont aus­si de plus en plus visibles. C’est le cas des trot­ti­nettes élec­triques qui connaissent un fort engoue­ment du grand public ! 

Enfin, la mobi­li­sa­tion des pou­voirs publics en France est aus­si beau­coup visible, tout comme celle des acteurs de cette mobi­li­té. Une des prin­ci­pales illus­tra­tions de cette ten­dance sont les plans ambi­tieux annon­cés par les construc­teurs auto­mo­biles alors qu’on recense déjà bien plus d’une cen­taine de modèles de véhi­cules élec­triques et hybrides rechar­geables en vente actuellement.

Quelles sont les principales actions et initiatives que vous avez lancées ?

Pour suivre cette dyna­mique et cette évo­lu­tion, il est impor­tant de pou­voir s’appuyer sur des réfé­rences. Par­mi celles-ci, il y a le baro­mètre des imma­tri­cu­la­tions et le baro­mètre de la recharge qui nous per­mettent de suivre men­suel­le­ment l’évolution des chiffres. Nous com­plé­tons ces infor­ma­tions qui per­mettent d’avoir une bonne visi­bi­li­té sur le déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té élec­trique par des indi­ca­teurs rela­tifs à la qua­li­té, la dis­po­ni­bi­li­té et le prix de la recharge. L’enjeu est d’apporter une infor­ma­tion com­plète, fiable et trans­pa­rente aux dif­fé­rentes par­ties prenantes. 

Nous pro­dui­sons aus­si des guides et des livres blancs à des­ti­na­tion du grand public ou des pro­fes­sion­nels sur des thé­ma­tiques diverses et essen­tielles. On peut notam­ment citer le guide bus élec­trique pour accom­pa­gner les col­lec­ti­vi­tés et les pro­fes­sion­nels dans la tran­si­tion éner­gé­tique de leurs flottes ; le guide de réfé­rence pour faci­li­ter l’installation des bornes de recharge dans les copro­prié­tés ; ou encore le livre blanc pour accom­pa­gner le déve­lop­pe­ment de la charge intel­li­gente des véhi­cules élec­triques… Nous avons aus­si lan­cé le site « je-roule-en-electrique.fr » pour faci­li­ter l’accès à la mobi­li­té élec­trique en ras­sem­blant sur ce même site des infor­ma­tions : com­ment choi­sir sa voi­ture élec­trique ? com­ment rechar­ger sa voi­ture élec­trique ? com­ment ins­tal­ler une borne de recharge ? quelles sont les aides acces­sibles pour pas­ser à la mobi­li­té élec­trique ?… Nous mul­ti­plions les par­te­na­riats pour avoir un plus grand impact et avoir des relais pour notre action, notam­ment en matière d’information et de formation. 

Nous sommes aus­si très enga­gés et impli­qués sur le plan règle­men­taire et légis­la­tif. En effet, nous sommes sys­té­ma­ti­que­ment consul­tés en amont des pro­jets de loi ou des décrets. C’est une véri­table recon­nais­sance de notre tra­vail, de notre indé­pen­dance et de notre fia­bi­li­té. Sur des thé­ma­tiques et enjeux nou­veaux, nous n’hésitons pas à créer des groupes de tra­vail et à sol­li­ci­ter l’ensemble de nos adhé­rents et notre conseil d’administration pour avoir une plu­ra­li­té d’analyses et de propositions. 

Au niveau pou­voirs publics, notre rôle est aus­si de faire du « lob­bying » pour que la mobi­li­té élec­trique conti­nue à béné­fi­cier de sub­ven­tions et de sou­tien. En effet, encore aujourd’hui, la mobi­li­té élec­trique a un coût éle­vé qui s’explique notam­ment par le fait que l’industrie n’a pas encore connu ce que j’appelle « les effets d’échelle ».

Au-delà, l’Avere-France pilote aus­si le pro­gramme Adve­nir dans le cadre des cer­ti­fi­cats d’économie d’énergie (CEE) du Minis­tère de la Tran­si­tion éco­lo­gique en lien avec l’ADEME. Ce pro­gramme s’articule autour de deux volets : 

Adve­nir Infra­struc­tures, qui finance le déploie­ment d’infrastructures de recharge par­tout en France. Depuis sa créa­tion, en 2016, Adve­nir Infra­struc­tures a aidé au finan­ce­ment de plus de 100 000 points de recharge (publics et pri­vés). Le pro­gramme a d’ailleurs été recon­duit jusqu’en 2025. Pour l’installation de bornes en voi­rie, les aides allouées aux col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales peuvent atteindre jusqu’à 18 000 euros par point de recharge. Des aides Adve­nir existent aus­si pour équi­per les par­kings de flotte et la recharge au dépôt des poids-lourds ;

Adve­nir For­ma­tions qui se foca­lise sur la sen­si­bi­li­sa­tion et la for­ma­tion à la mobi­li­té élec­trique à des­ti­na­tion des par­ti­cu­liers, des élus et des acteurs locaux ain­si que des pro­fes­sion­nels de l’immobilier. En par­te­na­riat avec Eco CO2 et son réseau d’associations régio­nales et sous l’égide du Minis­tère de la Tran­si­tion éco­lo­gique et de l’ADEME, l’ambition du pro­gramme est de tou­cher plus de 50 000 Fran­çais d’ici fin 2023 à tra­vers des actions adap­tées à cha­cune de ces trois popu­la­tions. Déjà, à date, plus de 20 000 per­sonnes ont été sen­si­bi­li­sées ou formées. 

Quels sont les principaux enjeux qui vous mobilisent ? 

Tout d’abord, infor­mer et for­mer ! C’est, d’ailleurs, un sujet qui me tient par­ti­cu­liè­re­ment à cœur. Les res­sources, les pro­grammes et les sub­ven­tions existent, mais très sou­vent, les pre­miers concer­nés ne le savent pas. Notre rôle est aus­si de nous assu­rer qu’ils puissent y avoir accès. Ce volet est essen­tiel pour accom­pa­gner le pas­sage à l’échelle de la mobi­li­té élec­trique, mais aus­si pour pré­ve­nir la frac­ture sociale. En paral­lèle, il faut pour­suivre le maillage du ter­ri­toire. Au-delà de la quan­ti­fi­ca­tion et de l’anticipation du besoin, il faut aus­si opti­mi­ser le déploie­ment sur le ter­rain, réflé­chir à l’intégration des éner­gies renou­ve­lable et à l’économie circulaire…

Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez vous partager avec nos lecteurs ?

J’aimerais, en effet, lan­cer ici un appel à contri­bu­tion. Nous serions ravis d’accueillir par­mi nos membres des diplô­més de l’École qui peuvent contri­buer à leur niveau à la dif­fu­sion de l’information et à la for­ma­tion, mais qui peuvent aus­si nour­rir nos réflexions. En effet, c’est la diver­si­té de nos adhé­rents et de nos par­te­naires qui fait la force de l’Avere.

Enfin, nous serions éga­le­ment ravis de contri­buer aux mani­fes­ta­tions de l’École sur le sujet de la mobi­li­té élec­trique et de la tran­si­tion énergétique.


Les travaux de l’Avere-France

Poster un commentaire