Europakonzert

Sibelius : Concerto pour violon / Rossini : Ouverture de Sémiramis / Schumann : Symphonie n° 3 « Rhénane »

Dossier : Arts, Lettres & SciencesMagazine N°779 Novembre 2022
Par Marc DARMON (83)

Euro­pa­kon­zert : Leo­ni­das Kava­kos, vio­lon. Orchestre Phil­har­mo­nique de Ber­lin, direc­tion Sir Simon Rattle

Un DVD ou un Blu-ray Euroarts

Depuis trente ans, le Phil­har­mo­nique de Ber­lin donne un concert annuel, l’Europakonzert, le 1er Mai dans une ville d’Europe. En 2015, l’Europakonzert a eu lieu à Athènes (comme onze ans plus tôt pour le concert joué à l’Odéon d’Hérode Atti­cus com­men­té ici en décembre 2007, déjà diri­gé par Sir Simon Rattle).

Rossini en hors‑dœuvre

Ce concert, dans la célèbre salle du Mega­ron d’Athènes, débute par la vive ouver­ture de l’opéra Sémi­ra­mis (1823) de Gioac­chi­no Ros­si­ni. Ce der­nier opé­ra ita­lien de Ros­si­ni (il écri­ra désor­mais pour Paris) d’après la pièce de Vol­taire, qui a la reine de Baby­lone comme héroïne, n’est plus guère connu que pour l’ouverture et deux airs magni­fiques. Il s’agit d’un ope­ra seria, comme Tan­crède ou La Don­na del lago, de style bel­can­tiste mais bien sûr moins enle­vé que les opé­ras célèbres de Ros­si­ni comme Le Bar­bier de Séville ou La Cene­ren­to­la. Pour­tant l’ouverture est pleine d’humour, voire d’espièglerie, par­fai­te­ment ren­dus par les magni­fiques ins­tru­men­tistes de Ber­lin. Notam­ment les vents (dont un pic­co­lo sou­ve­rain) font rayon­ner cette ouver­ture, qui devient un superbe hors‑d’œuvre pour ce concert marquant.

Sibelius en plat de résistance

Le plat de résis­tance de la pre­mière par­tie de ce concert est natu­rel­le­ment l’incroyable Concer­to pour vio­lon écrit par Jean Sibe­lius en 1905, seul concer­to du com­po­si­teur fin­lan­dais. Simon Rat­tle adore Sibe­lius, nous en avons com­men­té ici en juin 2017 l’intégrale des sym­pho­nies avec ce même orchestre. Et le soliste vio­lo­niste « local » Leo­ni­das Kava­kos est un grand spé­cia­liste de ce concer­to. Il en joue d’ailleurs sou­vent la très rare ver­sion ori­gi­nale (1904), qu’il a inter­pré­tée à la Phil­har­mo­nie de Paris il y a quelques années, nous y étions, et il l’a enre­gis­trée (label Bis, disque très très inté­res­sant et récom­pen­sé de nom­breuses fois). Mais, ce soir-là, c’est la ver­sion bien connue de 1905, créée sous la direc­tion de Richard Strauss, qui est inter­pré­tée par Rat­tle et Kava­kos, et son vio­lon lumi­neux (un stra­di­va­rius de 1724). 

Schumann en seconde partie

En seconde par­tie, Rat­tle rap­pelle aux audi­teurs athé­niens l’origine et la spé­cia­li­té de son orchestre, peut-être le plus beau du monde, avec la Troi­sième Sym­pho­nie de Robert Schu­mann. On le sait, les quatre sym­pho­nies de Schu­mann sont sou­vent déni­grées, au motif qu’elles seraient fai­ble­ment orches­trées (c’est faux) et que Schu­mann a don­né le meilleur de son génie dans son œuvre pour pia­no (c’est vrai). Jugez vous-mêmes avec cette brillante Sym­pho­nie rhé­nane, curieuse-ment en cinq mouvements. 

Hom­mage au Rhin, dans lequel Schu­mann à la fin de sa vie se jettera.

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