FONDEX : une entreprise familiale dans l’air du temps

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°776 Juin 2022Par David SCHULERPar Sylvain BARBIER

Entre­tien croi­sé de David Schu­ler, CEO de FONDEX, et Syl­vain Bar­bier, direc­teur com­mer­cial. Ils reviennent pour nous sur le posi­tion­ne­ment de cette entre­prise fami­liale, fon­dée il y a de plus de 60 ans, spé­cia­li­sée dans l’industrialisation et la pro­duc­tion mul­ti-tech­niques de pièces et sous-ensembles métalliques.

Pouvez-vous nous présenter FONDEX et ses principaux métiers et activités ? 

David Schu­ler : FONDEX est une entre­prise fami­liale qui a été fon­dée par mon grand-père Hen­ri Revuz en 1954 à Cluses en Haute-Savoie. L’activité his­to­rique de FONDEX était le décol­le­tage. Au fil des années, le posi­tion­ne­ment de l’entreprise a évo­lué et son cœur de métier couvre aujourd’hui l’ingénierie, la co-concep­tion, l’outillage, la découpe, l’emboutissage et l’assemblage de pièces en métaux fer­reux et non fer­reux pour répondre aux besoins des sec­teurs de l’automobile, de l’armement, de la sécu­ri­té, de l’aéronautique, du fer­ro­viaire, de l’électronique, du maté­riel agri­cole ou encore de l’habitat… En paral­lèle, FONDEX prend éga­le­ment en charge les opé­ra­tions de fini­tion et dis­pose d’un pro­ces­sus inté­gré de lavage, de dégrais­sage, de dépol­lu­tion par­ti­cu­laire et de condi­tion­ne­ment… L’entreprise maî­trise ain­si un savoir-faire poly­tech­nique éten­du cou­vrant l’ensemble de la chaine de valeur des pièces.

En 2021, l’entreprise a réa­li­sé un chiffre d’affaires de 17 mil­lions d’euros, dont la plus grosse par­tie est géné­rée dans le sec­teur de l’automobile avec des équi­pe­men­tiers de rang un et deux. 40 % de notre acti­vi­té est réa­li­sée à l’export. Nous employons près de 85 per­sonnes. Depuis sa créa­tion, FONDEX place l’amélioration conti­nue de la qua­li­té au cœur de sa stra­té­gie. Elle a été une des pre­mières entre­prises à avoir obte­nu les cer­ti­fi­ca­tions ISO 9001 puis ISO TS (deve­nue IATF 16949) et ISO 14001.

Nous entendons de plus en plus parler d’Industrie 4.0, de robotique, d’automatisation. Comment appréhendez-vous ces dimensions au sein de FONDEX ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ? 

Syl­vain Bar­bier : Avec l’Industrie 4.0, un des enjeux est de sup­pri­mer les opé­ra­tions manuelles pour des pro­duc­tion en moyennes et grandes séries avec pour objec­tifs de réduire le temps des tâches à faible valeur ajou­tée, d’améliorer la pro­duc­ti­vi­té, la qua­li­té mais aus­si les condi­tions de tra­vail des col­la­bo­ra­teurs en ayant recours à des robots. Typi­que­ment, la robo­tique peut être uti­li­sée sur de la récu­pé­ra­tion de pièces en sor­tie de presse, de l’assemblage de pièces com­bi­né à des opé­ra­tions diverses de sou­dures, ou encore du contrôle de pièces avec des machines spé­ci­fiques automatisées… 

Nous assis­tons aujourd’hui à un très fort déve­lop­pe­ment de la robo­tique avec des machines de plus en plus intel­li­gentes qui sont capables de com­mu­ni­quer entre elles et de s’interfacer. FONDEX est réso­lu­ment enga­gée dans cette démarche d’industrie 4.0 via l’intégration de fonc­tions auto­ma­ti­sées et robo­tiques ain­si que le déploie­ment d’un sys­tème MES pour opti­mi­ser les sui­vis de pro­duc­tion. Cela s’est tra­duit notam­ment par la mise en œuvre de presses qui intègrent des fonc­tions auto­ma­ti­sées ou robo­ti­sées. Notre presse 315 tonnes arcade est un nou­vel outil qui per­met de pro­duire auto­ma­ti­que­ment de pièces embou­ties des­ti­nées à des sys­tèmes res­pi­ra­toires mili­taires et civils. L’automatisation de la pro­duc­tion per­met d’améliorer la cadence horaire, la qua­li­té et les condi­tions de tra­vail des opé­ra­teurs. Une autre presse 630 tonnes arcade est des­ti­née, quant à elle, à une pro­duc­tion en grande série de blin­dage pour des cal­cu­la­teurs élec­tro­niques. Son uti­li­sa­tion per­met aus­si d’optimiser les cadences, la qua­li­té et les condi­tions de tra­vail de l’ensemble des par­ties prenantes. 

Dans ce cadre, quelle place occupe l’innovation ?

D.S : L’innovation est au ser­vice de notre déve­lop­pe­ment et de l’optimisation de la pro­duc­ti­vi­té, de la qua­li­té des pièces et des condi­tions de tra­vail. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, en externe, notre capa­ci­té d’innovation reste liée aux pro­jets que nos clients nous confient. Et en interne, nous explo­rons dif­fé­rents axes. En amont, nous tra­vaillons sur le déve­lop­pe­ment de nou­veaux pro­duits. En aval, l’innovation va plu­tôt por­ter sur l’industrialisation en série des pro­duits pour pro­duire avec une plus grande per­for­mance et effi­ca­ci­té. Enfin, nous tra­vaillons aus­si sur la col­lecte, l’exploitation, la tra­ça­bi­li­té et la valo­ri­sa­tion des don­nées de pro­duc­tion et de contrôle.

Dans le cadre de cette démarche d’innovation, en octobre der­nier, nous avons ouvert un poste de tech­ni­cien méthodes pour étu­dier les pistes de robo­ti­sa­tion de nos pro­ces­sus et de nos postes. C’est un pro­jet signi­fi­ca­tif qui devrait abou­tir en 2023. 

Quelles sont les compétences que vous recherchez dans cette continuité ? 

D.S : Nous recher­chons des talents qui ont une appé­tence pour l’industrie, la robo­ti­sa­tion et l’automatisation.

Au-delà des com­pé­tences, des exper­tises et des savoir-faire, nous sommes sen­sibles aux qua­li­tés humaines et rela­tion­nelles. En effet, FONDEX est avant tout une PME fami­liale qui offre un envi­ron­ne­ment de tra­vail bien­veillant et évo­lu­tif où cha­cun peut s’épanouir.

Et contrai­re­ment aux idées reçues, la robo­ti­sa­tion est géné­ra­trice d’emplois dans le futur. En effet, dans un pro­ces­sus, un robot seul est inutile. Sa voca­tion est d’accompagner les tech­ni­ciens et opé­ra­teurs afin qu’ils puissent se concen­trer sur des actions et mis­sions à plus forte valeur ajou­tée, moins répé­ti­tives et moins pénibles. 

Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché ? Quels sont vos enjeux et axes de développement ? 

S.B : Nous vou­lons déve­lop­per encore la flexi­bi­li­té et la per­for­mance de nos capa­ci­tés d’industrialisation et de pro­duc­tion pour appor­ter des solu­tions tech­niques et indus­trielles adap­tées aux besoins de nos clients, avec les meilleures condi­tions de qua­li­té, de prix et de délais. En paral­lèle, l’optimisation de la capa­ci­té de charge d’une machine per­met non seule­ment d’améliorer la pro­duc­ti­vi­té, mais aus­si d’obtenir un meilleur ROI avec le parc exis­tant sans avoir à inves­tir dans de nou­velles machines. Beau­coup d’industriels acquièrent, en effet, à tort des machines pour pal­lier la charge et se retrouve avec un parc impor­tant qui néces­site un inves­tis­se­ment consé­quent (locaux, maintenance…). 

Une démarche de robo­ti­sa­tion réflé­chie per­met ain­si d’impacter avec effi­cience la ges­tion du parc indus­triel et les capa­ci­tés de pro­duc­tion. En interne, cela passe par le recru­te­ment, mais aus­si par la mon­tée en com­pé­tences de nos opé­ra­teurs et tech­ni­ciens. Au-delà, cette démarche vient nour­rir nos objec­tifs d’amélioration des condi­tions de tra­vail et de réduc­tion des troubles mus­cu­lo- sque­let­tiques. Enfin, d’un point de vue sec­to­riel, nous conti­nuons notre stra­té­gie de diver­si­fi­ca­tion et cher­chons à nous posi­tion­ner sur des seg­ments d’activité por­teurs comme l’électrification des véhi­cules, qui connaît un très fort déve­lop­pe­ment en Europe. 

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