La start-up spécialiste de l’IA décisionnelle qui révolutionne le monde

Karim Beguir (97), cofon­da­teur et CEO d’InstaDeep, nous en dit plus sur sa start-up spé­cia­li­sée dans l’IA déci­sion­nelle et son posi­tion­ne­ment. Il revient notam­ment sur les pro­jets emblé­ma­tiques et inno­vants por­tés par son entre­prise, son actua­li­té et ses ambi­tions. Entretien.

Au cœur d’InstaDeep, on retrouve l’IA décisionnelle. De quoi s’agit-il ? Quel est votre positionnement ?

J’ai cofon­dé Ins­ta­Deep en 2014. Depuis, notre start-up spé­cia­li­sée en IA de seconde géné­ra­tion, aus­si appe­lée IA déci­sion­nelle, s’est déve­lop­pée et emploie aujourd’hui près de 200 per­sonnes dans le monde, dont 50 à Paris. 

Concrè­te­ment, nous aidons les opé­ra­teurs indus­triels à opti­mi­ser leurs prises de déci­sion en envi­ron­ne­ment com­plexe en un mini­mum de temps grâce à des super­cal­cu­la­teurs, et ceci dans plu­sieurs sec­teurs (bio­tech, logis­tique, transport).

Au-delà, Ins­ta­Deep a aus­si une très forte acti­vi­té de recherche. Nous col­la­bo­rons ain­si avec de nom­breuses ins­ti­tu­tions IA de pre­mier plan dont Deep­Mind, Google et NVIDIA. Nous avons, par ailleurs, été nom­més deux fois de suite par­mi les 100 start-up IA les plus inno­vantes dans le monde. 

Quels sont les principaux projets qui vous ont mobilisés ? Qu’en est-il des projets actuels ?

En jan­vier der­nier, nous avons pré­sen­té au public notre der­nier pro­duit déve­lop­pé avec notre par­te­naire BioN­Tech, la socié­té à l’origine du vac­cin anti-Covid Pfi­zer-BioN­Tech. Il s’agit d’un sys­tème de détec­tion des variants. En effet, chaque semaine, près de 10 000 variants de la Covid sont iden­ti­fiés. Il s’agit là d’un énorme volume qu’aucun expert humain ne peut trai­ter manuel­le­ment. En capi­ta­li­sant sur le poten­tiel de l’IA, ce sys­tème de détec­tion avan­cé per­met, sur la base de la séquence géné­tique d’un variant, d’avoir une pre­mière esti­ma­tion a prio­ri de son poten­tiel d’évasion immu­ni­taire et de sa contagiosité. 

Nous sommes fiers d’avoir contri­bué avec BioN­Tech au déve­lop­pe­ment de cette pre­mière mon­diale qui a notam­ment per­mis de détec­ter plus de 90 % des variants pré­oc­cu­pants en moyenne deux mois avant leur dési­gna­tion par l’OMS. En par­ti­cu­lier, Omi­cron a été signa­lé par notre sys­tème dès le pre­mier jour où sa séquence est deve­nue dis­po­nible. Ce pro­jet est en par­faite adé­qua­tion avec notre phi­lo­so­phie et notre rai­son d’être : accé­lé­rer la tran­si­tion vers un monde où l’IA béné­fi­cie à tous. Cela en est d’ailleurs une appli­ca­tion très concrète : opti­mi­ser la prise de déci­sion au ser­vice de la san­té de tous !

« Accélérer la transition vers un monde où l’IA bénéficie à tous. »

Dans le sec­teur du trans­port, nous col­la­bo­rons depuis plu­sieurs années avec la Deutsche Bahn (la SNCF alle­mande) autour de leur pro­blé­ma­tique de ges­tion d’optimisation du tra­fic fer­ro­viaire avec l’IA. C’est un enjeu qui n’avait jamais été abor­dé aupa­ra­vant à l’échelle de tout un pays. C’est aus­si la typo­lo­gie de pro­jets qui nous inté­resse plus par­ti­cu­liè­re­ment chez Ins­ta­Deep : appor­ter des solu­tions concrètes à des pro­blé­ma­tiques com­plexes et à forts enjeux. En effet, construire un kilo­mètre de voie fer­rée néces­site un inves­tis­se­ment de plu­sieurs cen­taines de mil­lions d’euros, alors que s’appuyer sur un sys­tème intel­li­gent per­met, sur l’infrastructure réseau exis­tante, de gérer le tra­fic avec plus d’efficacité, d’augmenter la capa­ci­té du réseau et de géné­rer des économies ! 

Nous pro­po­sons des sys­tèmes basés sur l’IA déci­sion­nelle à des acteurs indus­triels actifs dans de nom­breux sec­teurs avec tou­jours cette volon­té d’optimiser l’efficacité de leurs opé­ra­tions. 

Alors que l’IA décisionnelle va être amenée à jouer un rôle toujours plus important, comment vous projetez-vous sur ce marché ?

Nous sommes per­sua­dés que nous ne sommes qu’aux pré­mices de l’avènement de l’IA déci­sion­nelle. En effet, nous sommes face à une explo­sion expo­nen­tielle de la don­née dans le monde réel que les entre­prises doivent exploi­ter et valo­ri­ser pour opti­mi­ser leur per­for­mance et leur effi­ca­ci­té, pen­ser les pro­duits de demain, mais aus­si opti­mi­ser leurs coûts. Ce phé­no­mène s’accompagne éga­le­ment d’une explo­sion des moyens de cal­cul et de simu­la­tion qui sont de plus en plus sophis­ti­qués. Cette réa­li­té ouvre de nou­velles pers­pec­tives pour des entre­prises comme la nôtre qui déploient l’IA à grande échelle sur des envi­ron­ne­ments com­plexes, tels qu’un réseau de trans­port ou une simu­la­tion macro­mo­lé­cu­laire en bio­lo­gie. Nous sommes à un moment char­nière où l’IA com­mence à être vrai­ment utile sur ces pro­blé­ma­tiques et notre ambi­tion est de pou­voir contri­buer à cette révo­lu­tion en équi­pant les entre­prises avec des sys­tèmes et solu­tions qui leur per­met­tront de rele­ver des défis inédits. 

Quels sont néanmoins les enjeux qui persistent ?

L’IA est une tech­no­lo­gie très puis­sante. De nom­breuses études confirment même que son impact éco­no­mique et social va lar­ge­ment dépas­ser celui de l’internet ! Tou­te­fois, aujourd’hui se posent de nom­breuses ques­tions sur le contrôle de cette tech­no­lo­gie, mais aus­si sur la dimen­sion éthique et sur ce qu’on appelle le biais de l’IA. Chez Ins­ta­Deep, nous avons pris le par­ti de n’utiliser l’IA que dans des situa­tions où elle peut clai­re­ment béné­fi­cier au plus grand nombre.

Vous avez réalisé récemment un levée de fonds de 100 millions de dollars. Quelles sont vos ambitions dans cette continuité ?

Nous sommes ravis de cette levée fonds qui a ras­sem­blé des inves­tis­seurs de qua­li­té, dont Alpha Intel­li­gence Capi­tal, le fonds deep tech spé­cia­li­sé en IA, plu­sieurs de nos par­te­naires his­to­riques : Google, BioN­Tech, Deutsche Bahn, ain­si que de nou­velles ins­ti­tu­tions qui nous font confiance. 

L’objectif est de pour­suivre le déve­lop­pe­ment de nos pro­duits afin de les déployer à grande échelle et avoir un impact dif­fé­ren­ciant. Cela implique notam­ment de conti­nuer nos tra­vaux de recherche, de nouer de nou­veaux par­te­na­riats indus­triels et de ren­for­cer les exis­tants, de déve­lop­per notre puis­sance de cal­cul en interne et de recru­ter des talents et des com­pé­tences qui vont venir ren­for­cer nos équipes. 

Dans le domaine de l’IA, les compétences et les talents sont clés. Quels sont vos besoins à ce niveau ? Quelles opportunités de carrière pourraient intéresser nos lecteurs ?

Durant mes années sur le cam­pus à l’X, j’ai été frap­pé par la diver­si­té du pro­gramme. L’École forme, en effet, des géné­ra­listes, un pro­fil d’ingénieur par­ti­cu­liè­re­ment adap­té à l’IA qui est une tech­no­lo­gie qui peut être appli­quée à un large panel de domaines et de sec­teurs. Pour les talents curieux, dési­reux d’apprendre et qui savent faire preuve d’une forte adap­ta­bi­li­té, le monde de l’IA peut leur offrir de très belles pers­pec­tives de car­rière. Et en tant qu’ancien de l’École, je suis ravi d’accueillir des jeunes diplô­més au sein d’InstaDeep, qui est une entre­prise inno­vante qui opère dans divers sec­teurs (mobi­li­té, trans­port, logis­tique, bio­tech­no­lo­gies…). Nous sommes ani­més par une véri­table pas­sion pour la science et la recherche au ser­vice d’un monde meilleur. 

Et pour conclure ? 

Ins­ta­Deep a déve­lop­pé au cours des années une vraie exper­tise en matière d’accompagnement des grandes entre­prises dans leur trans­for­ma­tion tech­no­lo­gique. Nous les aidons à lever les ver­rous et à accé­lé­rer leur stra­té­gie IA en pri­vi­lé­giant une approche col­la­bo­ra­tive posi­tive et « gagnant-gagnant ». Après avoir tra­vaillé avec de grands acteurs indus­triels alle­mands et des géants tech­no­lo­giques amé­ri­cains, comme Google et NVIDIA, nous sou­hai­tons aujourd’hui déve­lop­per des par­te­na­riats avec les grandes entre­prises fran­çaises. La France, grâce à ses grandes écoles et ses opé­ra­teurs indus­triels, est bien posi­tion­née pour béné­fi­cier des avan­cées expo­nen­tielles de l’IA et notre but est d’aider à concré­ti­ser ce potentiel. 

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