Méthanisation territoires biogaz

La méthanisation, un pari gagnant pour les territoires !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Philippe SPANNAGEL

Éner­gie renou­ve­lable non-inter­mit­tente, auto­no­mie éner­gé­tique des ter­ri­toires, valo­ri­sa­tion locale des res­sources bio­dé­chets et déchets agri­coles, accom­pa­gne­ment de la tran­si­tion éner­gé­tique et agro­no­mique, mobi­li­té verte (Bio­GNV), lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, par­ti­ci­pa­tion citoyenne ou encore dyna­mi­sa­tion éco­no­mique… sont autant de réponses que la métha­ni­sa­tion apporte aux enjeux d’avenir des ter­ri­toires, sim­ple­ment en trans­for­mant les déchets en éner­gies renou­ve­lables sous forme de gaz vert et en fer­ti­li­sants. Convain­cus de la per­ti­nence et du carac­tère ver­tueux du déploie­ment de la métha­ni­sa­tion pour une éco­no­mie plus cir­cu­laire, Ter’green, filiale du groupe KEON, accom­pagne les mul­tiples par­te­naires d’un pro­jet (col­lec­ti­vi­tés, agri­cul­teurs, indus­triels, SEM…) grâce à sa par­faite maî­trise de la chaîne de valeur. Le point avec Phi­lippe Span­na­gel, direc­teur géné­ral de KEON.

Comment Ter’green peut-il accompagner les territoires dans leurs projets de méthanisation ?

Grâce à l’expertise du groupe KEON, acteur indé­pen­dant et inté­gré de la pro­duc­tion décen­tra­li­sée de gaz vert en France et à l’international depuis 17 ans, Ter’green en par­te­na­riat avec les acteurs du ter­ri­toire accé­lère l’émergence des pro­jets de métha­ni­sa­tion, sécu­rise l’investissement par apports de fonds propres et opti­mise la per­for­mance durant toute la durée de vie de l’unité, ceci autour de 4 pôles d’expertise nour­rie par le retour d’expérience de l’exploitation :

  • Le déve­lop­pe­ment et ges­tion de projet ;
  • Le finan­ce­ment (apport de Fonds propres, struc­tu­ra­tion financière) ;
  • Le bureau d’ingénierie pour appuyer les prises de déci­sion, la consul­ta­tion pour la construc­tion d’unités de métha­ni­sa­tion (70 réa­li­sa­tions à ce jour) ;
  • L’exploitation et la main­te­nance dans la durée d’unités de métha­ni­sa­tion ter­ri­to­riale pour une meilleure optimisation.

Ter’green se posi­tionne ain­si comme un inves­tis­seur métier dans une pers­pec­tive long terme qui peut par­ta­ger, selon les besoins, avec les par­te­naires locaux publics et pri­vés du ter­ri­toire concer­né son expé­rience et son savoir-faire dans le déve­lop­pe­ment de pro­jet com­plexe et mul­ti­par­te­na­rial. La dimen­sion humaine d’un pro­jet est sou­vent la clé du suc­cès, aus­si nous pre­nons un soin par­ti­cu­lier pour ali­gner les enjeux spé­ci­fiques locaux de cha­cun, à l’acceptabilité des citoyens et à la com­mu­ni­ca­tion associée.

Aujourd’hui Ter’green compte dans son por­te­feuille déjà 13 sites avec une acti­vi­té qui a débu­té fin 2019. Dans le cadre de notre feuille de route, nous visons une cin­quan­taine de sites à hori­zon 2025 pour une enve­loppe d’investissement de 40 mil­lions d’euros.

Concrètement, à quels besoins et problématiques des territoires répondez-vous ?

Les col­lec­ti­vi­tés locales font face à de nom­breux enjeux. On peut notam­ment citer l’obligation de mettre en place un tri à la source des bio­dé­chets des par­ti­cu­liers qui favo­rise un retour au sol à par­tir du 31 décembre 2023 dans le cadre de la Loi rela­tive à la Tran­si­tion Éner­gé­tique pour la crois­sance verte, ren­for­cée par la loi de la lutte contre le gas­pillage et à l’économie cir­cu­laire. La métha­ni­sa­tion s’impose donc comme une solu­tion capable répondre par­fai­te­ment à cette obli­ga­tion légale et cet enjeu tout en contri­buant à la mise en place d’une filière de valo­ri­sa­tion de ces bio­dé­chets qui, in fine, aura de nom­breuses exter­na­li­tés posi­tives. Les avan­tages d’une telle démarche sont, en effet, nom­breux. La métha­ni­sa­tion per­met de valo­ri­ser la matière orga­nique et de réduire, voire évi­ter leur enfouis­se­ment et inci­né­ra­tion. Elle est un vec­teur du ver­dis­se­ment du gaz, de l’amélioration de la qua­li­té de l’air et de la réduc­tion de l’impact car­bone. En paral­lèle, elle par­ti­cipe à la tran­si­tion agro­no­mique en offrant aux agri­cul­teurs une solu­tion de trai­te­ment des déchets, mais aus­si un fer­ti­li­sant natu­rel issue de cette métha­ni­sa­tion. Ce fer­ti­li­sant repré­sente, d’ailleurs, un excellent sub­sti­tut à l’engrais de syn­thèse et contri­bue aus­si à l’amélioration de la qua­li­té des sols. Sur un plan plus socié­tal, la métha­ni­sa­tion per­met aux agri­cul­teurs de géné­rer un com­plé­ment de reve­nus, de réduire cer­tains inves­tis­se­ments de mise aux normes sur leurs ins­tal­la­tions, de sécu­ri­ser le chiffre d’affaires de cer­taines de leur pro­duc­tion, de réduire le coût d’achat des fer­ti­li­sants, ou encore de faire évo­luer leurs pra­tiques agri­coles. Elle per­met éga­le­ment de créer de l’emploi local, non délo­ca­li­sable. Elle insuffle un véri­table dyna­misme éco­no­mique et per­met aux ter­ri­toires d’atteindre leurs objec­tifs d’autonomie éner­gé­tique au tra­vers de la pro­duc­tion d’une éner­gie renou­ve­lable pro­duite est non-inter­mit­tente. Enfin, elle peut éga­le­ment contri­buer au déve­lop­pe­ment et à la pro­mo­tion d’une mobi­li­té verte au tra­vers du Bio­GNV ou du Bio­GNL, ou encore être une nou­velle source d’approvisionnement de bio­mé­thane pérenne et locale pour des indus­triels du ter­ri­toire confron­tés à l’envolée des prix sur l’énergie comme nous pou­vons le consta­ter mal­heu­reu­se­ment depuis ces der­niers temps.

En quoi votre accompagnement est-il pertinent dans cette démarche ? 

Lors de nos échanges avec les acteurs sur le ter­ri­toire nous pou­vons consta­ter de manière assez géné­rale deux cas de figure : soit un manque de connais­sances suf­fi­santes de ce qu’est la métha­ni­sa­tion, soit il existe un inté­rêt mais ils ne savent pas tou­jours quelle méthode uti­li­ser pour ini­tier de manière effi­cace cette démarche néces­si­tant de mul­tiples com­pé­tences et faire émer­ger un pro­jet de métha­ni­sa­tion qui réponde à leurs obli­ga­tions ou besoins. Dans le pre­mier cas de figure il nous appar­tient en pre­mier lieu d’apporter de l’information qua­li­fiée, de faire visi­ter nos sites, d’être pro­mo­teur d’une solu­tion, d’impulser une dyna­mique de tran­si­tion éner­gé­tique. Dans le deuxième cas, Ter’green, avec ses com­pé­tences et sa méthode dif­fé­ren­ciante, a la volon­té d’associer plei­ne­ment les col­lec­ti­vi­tés locales, les acteurs publics et pri­vés à ses pro­jets de déve­lop­pe­ment ter­ri­to­riaux dès les pre­mières étapes afin de bien inté­grer tous les besoins, toutes les com­pé­tences et expli­ci­ter le rôle de cha­cun. Dans un sou­ci de col­la­bo­ra­tion, ils peuvent prendre part au comi­té de pilo­tage des pro­jets tout au long de leur déve­lop­pe­ment, et entrer si elles le sou­haitent au capi­tal de la socié­té de pro­jet. En effet depuis l’adoption des lois NOTRe (nou­velle orga­ni­sa­tion ter­ri­to­riale de la répu­blique fran­çaise) et TECV (tran­si­tion ener­gé­tique pour la crois­sance verte) en 2015 par le Par­le­ment fran­çais, les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales dis­posent de nou­velles com­pé­tences, en par­ti­cu­lier la réa­li­sa­tion obli­ga­toire de plans cli­mat air ener­gie ter­ri­to­riaux, et sur­tout la pos­si­bi­li­té pour elles de deve­nir action­naires de socié­tés pri­vées pro­duc­trices d’énergies renou­ve­lables sur leur ter­ri­toire, et avoir un rôle dans la gou­ver­nance. L’agriculture reste au cœur des pro­jets de métha­ni­sa­tion ter­ri­to­riale (déchets agri­coles, ges­tion du diges­tat). Aus­si à tra­vers notre expé­rience du sec­teur agri­cole et savoir-faire de ges­tion de pro­jets mul­ti­par­te­naires comme la métha­ni­sa­tion, nous nous pro­po­sons d’interconnecter autre­ment le monde agri­cole et les col­lec­ti­vi­tés, les citoyens, les indus­triels, les SEM, les par­te­naires finan­ciers… pour boos­ter la crois­sance « endo­gène » dans les ter­ri­toires en s’appuyant sur les res­sources locales et en fai­sant émer­ger des métha­ni­seurs aux portes des villes. Nous pou­vons prendre en charge tout ou par­tie des frais de déve­lop­pe­ment, l’apport de l’ingénierie finan­cière et tech­nique, l’apport de fonds propres, la pos­si­bi­li­té de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif, et réduire ain­si l’investissement des acteurs publics dans une solu­tion de trai­te­ment de déchets inno­vante, pérenne, trans­pa­rente dans son fonc­tion­ne­ment et finan­cée. C’est un pro­ces­sus éprou­vé que nous avons déployé par exemple à Dole dans le Jura où nous avons mis en place une uni­té pro­dui­sant 260 Nm3/h de bio­mé­thane. Cette der­nière a vu le jour suite à la volon­té de dix-neuf agri­cul­teurs de se fédé­rer. Ils ont ain­si opté pour une uni­té cen­tra­li­sée ados­sée à la com­mu­nau­té d’agglomération du Grand Dole. Cela leur a éga­le­ment per­mit de réduire les coûts d’investissement de mises aux normes régle­men­taires. Au sein de la struc­ture capi­ta­lis­tique mise en place, les agri­cul­teurs sont majo­ri­taires et la com­mu­nau­té d’agglomération repré­sente 10 % du capi­tal de cette uni­té qui per­met­tra de trai­ter les bio­dé­chets des par­ti­cu­liers, mais aus­si d’accélérer la tran­si­tion du ter­ri­toire impo­sée par la règle­men­ta­tion. Nous sommes vrai­ment au cœur de cette ini­tia­tive mul­ti-par­te­na­riale (agri­cul­teurs, élus, citoyens) et appor­tons aux dif­fé­rentes par­ties pre­nantes les moyens de réus­sir un tel pro­jet. La métha­ni­sa­tion est, à mon sens, la seule filière qui per­met d’agréger l’ensemble de ces acteurs et de répondre à des enjeux socié­taux forts aux­quels la popu­la­tion est sen­sible tout en met­tant en place des pro­jets concrets axés sur le déve­lop­pe­ment durable et circulaire. 

D’ailleurs, comment votre activité contribue-t-elle à la transition énergétique et aux objectifs de neutralité carbone ?

Elle per­met d’agir direc­te­ment à la source par la pro­duc­tion d’une éner­gie verte, le gaz vert, de sub­sti­tuer des engrais de syn­thèse par un fer­ti­li­sant natu­rel, valo­ri­ser loca­le­ment les déchets orga­niques autre­ment que par l’enfouissement, l’incinération… autant de leviers de la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. En effet, une uni­té de métha­ni­sa­tion comme Dole Bio­gaz per­met d’économiser 3 200 tonnes de car­bone par an. Cette part de gaz vert répond, d’ailleurs, aux objec­tifs de ver­dis­se­ment des réseaux à hau­teur de 10 % que la France s’est fixée à hori­zon 2030. Plus récem­ment, l’actualité avec la guerre en Ukraine et la ten­sion crois­sante sur l’approvisionnement en gaz ren­force l’importance de cette filière en matière d’autonomie énergétique.

Selon vous, quels sont les enjeux qui persistent ? 

Il s’agit notam­ment de pou­voir lever les mesures qui pour­raient impac­ter le déve­lop­pe­ment de la pro­duc­tion du bio­gaz. Actuel­le­ment, la loi sur la pro­gram­ma­tion plu­ri­an­nuelle de l’énergie limite d’une cer­taine manière cette pro­duc­tion, alors que l’Europe s’est fixée comme objec­tif de la dou­bler au vu de l’actualité. Il faut, en effet, veiller à ce que le ren­for­ce­ment de la régle­men­ta­tion n’entrave cette typo­lo­gie d’initiatives et de pro­jets alors que la filière tra­vaille déjà à réduire le coût de pro­duc­tion. D’autre part il convien­drait d’accélérer l’émergence de nou­veaux méca­nismes tari­faires per­met­tant de mieux valo­ri­ser la molé­cule de bio­mé­thane aux pro­duc­teurs compte tenu de sa com­po­sante bio­gé­nique et des nom­breuses exter­na­li­tés posi­tives décrites au début de notre échange. 

Et pour conclure, quels sont vos axes de développement ? 

Ter’green se posi­tionne comme un par­te­naire codé­ve­lop­peur et co-inves­tis­seur dont l’ambition est d’accompagner de plus en plus de ter­ri­toires afin de faire émer­ger un parc de pro­jets ver­tueux d’énergie renou­ve­lable non-inter­mit­tente. Aujourd’hui, nous pour­sui­vons donc notre déve­lop­pe­ment en France et expor­tons aus­si cette exper­tise et ce savoir-faire dans le monde, notam­ment en Europe et au Cana­da, dans des géo­gra­phies qui sont moins matures sur ce sujet afin de les aider à mettre en place des solu­tions effi­caces de valo­ri­sa­tion de leurs déchets. Nous avons déve­lop­pé éga­le­ment une exper­tise pour amé­lio­rer la per­for­mance et appor­ter un appui finan­cier et indus­triel au côté de par­te­naires ayant une uni­té de métha­ni­sa­tion déjà en fonc­tion­ne­ment. En amont de nos pro­cess actuels nous déve­lop­pons des outils de pré­trai­te­ment de déchets pour mieux les valo­ri­ser, et en aval nous déve­lop­pons éga­le­ment sur nos sites des pro­jets de valo­ri­sa­tion du CO2 issus de l’épuration du biométhane. 

Notre filière dis­pose encore d’un beau poten­tiel d’innovations !

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