Thassalia, première centrale française de géothermie marine, devrait permettre à ENGIE de se rapprocher de l’objectif de neutralité carbone

Ensemble, vers la neutralité carbone !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Cécile PREVIEU (96)

Acteur mon­dial incon­tour­nable du monde de l’énergie, le groupe ENGIE pour­suit sa décar­bo­na­tion et accom­pagne ses clients pour atteindre ensemble le net zero. Cécile Pré­vieu (96), direc­trice géné­rale adjointe d’ENGIE en charge des acti­vi­tés Ener­gy solu­tions, nous en dit plus sur ce positionnement.

La question de la décarbonation et de la neutralité carbone est un enjeu majeur pour les acteurs du monde de l’énergie. Comment ENGIE appréhende ce sujet ? 

Le groupe ENGIE s’est enga­gé depuis déjà plu­sieurs années en faveur de la décar­bo­na­tion et il se mobi­lise aujourd’hui pour la neu­tra­li­té car­bone. ENGIE a pris l’engagement très ambi­tieux et volon­ta­riste d’atteindre le « net zero car­bon » sur les trois scopes à hori­zon 2045.

Dans cette démarche ver­tueuse, nous accom­pa­gnons éga­le­ment nos clients en met­tant à leur dis­po­si­tion des solu­tions qui leur per­mettent de décar­bo­ner leur propres acti­vi­tés et usages. À l’horizon 2030 nos solu­tions pour­ront contri­buer à évi­ter plus de 45 mil­lions de tonnes de CO2 émises chez nos clients en accé­lé­rant leur décarbonation.

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, nous nous concen­trons sur deux piliers :

  • L’accélération du déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables (solaire, éolien off­shore et onshore notam­ment) pour atteindre 80 giga­watts de puis­sance ins­tal­lée d’ici 2030 afin d’injecter mas­si­ve­ment de l’énergie verte dans les réseaux élec­triques ; 
  • Le déve­lop­pe­ment des infra­struc­tures éner­gé­tiques décen­tra­li­sées avec un objec­tif de 8 giga­watts sup­plé­men­taires ins­tal­lés en 2025.

À cela s’ajoutent des enga­ge­ments pris en faveur de la sor­tie du char­bon d’ici 2025 en Europe et 2027 dans le reste du monde. Nous nous sommes fixés éga­le­ment des ambi­tions très fortes pour le déve­lop­pe­ment des gaz verts, notam­ment le bio­mé­thane (4 TWh en 2030 en France) et l’hydrogène vert (4 GW de pro­duc­tion d’hydrogène vert en 2030 dans le monde).

Pour nos clients, pour la pla­nète, mais éga­le­ment pour le groupe, nous essayons de nous fixer des objec­tifs à la hau­teur des enjeux posées par l’urgence climatique.

Comment cette démarche se traduit-elle pour le périmètre Energy Solutions, dont vous êtes responsable au sein du groupe ? 

Les acti­vi­tés Ener­gy Solu­tions pro­posent aux clients les solu­tions les plus adap­tées à leurs besoins pour décar­bo­ner leurs infra­struc­tures locales. Nous ser­vons essen­tiel­le­ment trois types de clients, les acteurs publics dont les col­lec­ti­vi­tés locales, les indus­triels et le sec­teur ter­tiaire, au tra­vers de trois volets complémentaires :

  • Une acti­vi­té de conseil afin de défi­nir avec nos clients leur tra­jec­toire de décar­bo­na­tion (road­map), de les aider à atteindre les objec­tifs fixés et, in fine, la neu­tra­li­té carbone ;
  • Des pres­ta­tions d’efficacité éner­gé­tique pour réduire leur consommation ;
  • Le ver­dis­se­ment de l’énergie consom­mée grâce à des infra­struc­tures locales comme des réseaux de cha­leur ou de froid décar­bo­nés, de la pro­duc­tion d’énergie solaire décen­tra­li­sée, mais aus­si des chauf­fe­ries bio­masse ou valo­ri­sant les déchets pour per­mettre aux indus­triels de sor­tir du fioul, du char­bon, voire du gaz.

Nous étu­dions toutes les éner­gies, et nous nous inté­res­sons aus­si à des solu­tions comme le sto­ckage d’énergies. En effet, nous esti­mons qu’il n’y a pas une solu­tion unique qui per­met­tra à ENGIE d’aller vers la neu­tra­li­té car­bone, l’atteinte de cet objec­tif résul­te­ra de la com­bi­nai­son de plu­sieurs leviers de décarbonation.

Comment cela se traduit-il concrètement ? Pouvez-vous nous donner des exemples ? 

Aujourd’hui, la mobi­li­té et l’industrie repré­sentent les sec­teurs les plus com­plexes et les plus dif­fi­ciles à décar­bo­ner. Pour la mobi­li­té, nous pro­po­sons un panel d’offres bas car­bone qui couvre l’hydrogène vert, le bio­GNV ou encore l’électrique, qui connaît par ailleurs une très forte crois­sance en Europe. Pour l’Eurométropole de Stras­bourg, nous déployons actuel­le­ment, en concer­ta­tion avec les élus locaux, un réseau com­po­sé de près de 250 bornes de recharge (soit 500 points de charge)lentes et rapides selon leur loca­li­sa­tion, avec une option pour 250 bornes com­plé­men­taires. En paral­lèle, nous équi­pons aus­si les auto­routes. Pour le réseau Sanef, d’ici le pre­mier jan­vier 2023, nous allons déployer 18 aires dotées de 186 points de recharge ultra-rapides.

Dans le sec­teur du ter­tiaire, nous accom­pa­gnons nos clients sur des pro­blé­ma­tiques d’efficacité éner­gé­tique pour leur per­mettre d’atteindre les objec­tifs fixés par le décret ter­tiaire (-40 % d’émissions de CO2 d’ici 2030). Fin 2021, nous avons ain­si signé le plus impor­tant contrat de per­for­mance éner­gé­tique en France avec le camp mili­taire de Mour­me­lon dans l’est de la France. C’est un contrat de 85 mil­lions d’euros de chiffre d’affaires sur 20 ans, qui pré­voit des objec­tifs de réduc­tion de la consom­ma­tion éner­gé­tique (-44 %) et d’émission de CO2 (-94 %) très ambi­tieux avec la sor­tie du char­bon, le pas­sage à la bio­masse, d’importantes réno­va­tions des bâti­ments. Un ensemble d’actions et de solu­tions qui vont accé­lé­rer la décar­bo­na­tion du site et réduire ses émis­sions, mais qui s’inscrivent aus­si dans la durée.

Et nous accom­pa­gnons sur ces enjeux des acteurs fran­çais, euro­péens, mais éga­le­ment internationaux.

Quels sont les principaux enjeux qui persistent et comment y faites-vous face ? 

Un contexte légal favo­rable à l’essor de ces solu­tions est néces­saire pour garan­tir leur com­pé­ti­ti­vi­té. Le plan de relance et le plan de rési­lience enga­gés par l’État sont très posi­tifs et vont dans ce sens. Le contexte actuel, avec la guerre en Ukraine, la hausse du prix des éner­gies fos­siles, les dif­fi­cul­tés d’approvisionnement, va contri­buer à ren­for­cer l’attractivité et la com­pé­ti­ti­vi­té de ces solu­tions locales et vertueuses.

Pour accé­lé­rer la tran­si­tion, l’innovation est essen­tielle. En effet, nous devons encore réflé­chir et inven­ter les solu­tions de demain. C’est notam­ment le cas avec l’hydrogène vert qui va jouer un rôle cen­tral dans la décar­bo­na­tion ou encore les pro­ces­sus de cap­ta­tion du CO2 et sa réuti­li­sa­tion qui est cri­tique pour la décar­bo­na­tion de l’industrie. Pour ENGIE, il s’agit d’être tou­jours à la pointe sur ces sujets pour lan­cer des solu­tions dis­rup­tives qui feront la différence.

Un autre enjeu fort est la proxi­mi­té avec nos clients. Notre pré­sence au cœur des ter­ri­toires et notre fine connais­sance de leurs besoins nous per­mettent de les accom­pa­gner dans la durée. L’idée n’est pas seule­ment de leur four­nir des solu­tions tech­no­lo­giques, mais de nous posi­tion­ner comme un par­te­naire qui va les assis­ter sur l’exploitation, mais aus­si le finan­ce­ment. En effet, tous nos clients ne dis­posent pas for­cé­ment des fonds néces­saires à la réa­li­sa­tion de ces inves­tis­se­ments. Nous finan­çons ain­si leurs infra­struc­tures que nous ins­tal­lons et que nous opé­rons et main­te­nons par la suite. Dans ce cas, nous devons sou­vent rele­ver un défi de conduite du chan­ge­ment : il faut convaincre nos clients de la per­ti­nence d’une démarche glo­bale et de l’externalisation du volet éner­gé­tique, qui per­met d’avoir des résul­tats plus rapides et plus pro­bants sur la per­for­mance de leur système.

Comment vous projetez-vous sur le moyen et long termes alors que le paysage énergétique est fortement perturbé et disrupté entre crises et innovations technologiques ? 

Les dif­fé­rentes crises nous invitent à repen­ser notre modèle éner­gé­tique et à accé­lé­rer la mise en œuvre de la tran­si­tion éner­gé­tique, ce qui consti­tue le cœur même de la stra­té­gie d’ENGIE. Nous sen­tons d’ailleurs une véri­table volon­té des dif­fé­rentes par­ties pre­nantes de s’emparer du sujet à nos côtés.

C’est ain­si qu’ENGIE pour­suit sa stra­té­gie dans la diver­si­fi­ca­tion éner­gé­tique et accé­lère le déve­lop­pe­ment dans les renou­ve­lables. Un de nos objec­tifs majeurs : aug­men­ter de près de 160 % la part des éner­gies vertes dans notre por­te­feuille en 10 ans.

Cepen­dant, si le contexte actuel est clai­re­ment favo­rable à notre acti­vi­té, nous devons être en capa­ci­té de nous adap­ter et de faire preuve de rési­lience pour faire face aux enjeux struc­tu­rels et conjonc­tu­rels de la tran­si­tion énergétique.

De par ses exper­tises, la diver­si­té de ses métiers et ses com­pé­tences uniques, mais aus­si son implan­ta­tion dans de nom­breuses géo­gra­phies du monde, le groupe est en pre­mière ligne pour accom­pa­gner de manière concrète ses clients et ain­si appor­ter des solu­tions pour une tran­si­tion abor­dable, fiable et durable.

Poster un commentaire