concerts de la Saint-Sylvestre

20 concerts de la Saint-Sylvestre de l’Orchestre Philharmonique de Berlin

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°775 Mai 2022
Par Marc DARMON (83)

Moins connu que le tra­di­tion­nel Concert du Nou­vel An à Vienne, le concert de la Saint-Syl­vestre à la Phil­har­mo­nie de Ber­lin, douze heures avant, juste avant de rejoindre le réveillon, est éga­le­ment une ins­ti­tu­tion. Les pro­grammes sont géné­ra­le­ment très popu­laires et faciles d’accès, et sou­vent autour d’un thème. Par­fois avec une grande cohé­rence, par­fois des pro­grammes qui sont de com­plets pots-pour­ris de mor­ceaux célèbres. Géné­ra­le­ment diri­gé par le chef atti­tré (Kara­jan, puis Abba­do, puis Rat­tle et désor­mais Petren­ko) ou un chef invi­té (récem­ment Baren­boïm, Duda­mel…), ce concert est un temps fort de la sai­son et il est à chaque fois enre­gis­tré et fil­mé. Natu­rel­le­ment, un concert de tubes du réper­toire par le meilleur orchestre du monde, diri­gé par un des tout meilleurs chefs, est une aubaine. Mais ce cof­fret qui réunit une ving­taine des der­niers concerts (1977−2019) est bien plus, une véri­table caverne d’Ali Baba. Et évi­dem­ment la meilleure intro­duc­tion qui soit à la musique en image et aux concerts filmés.

On ne peut pas citer tous les concerts de ce cof­fret. En par­ti­cu­lier je ne dirai rien de plus sur les concerts diri­gés par Abba­do en 1996, 1997 (Tzi­gane), 1998, 1999, 2000 (Ver­di) com­men­tés ici en mai 2017, ni du concert Broad­way (Bern­stein, Ger­sh­win) en 2019 de Kirill Petren­ko, com­men­té ici en avril 2021.

Com­men­çons par le concert diri­gé par Daniel Baren­boïm en 2001, au pro-gramme incroyable. Au-delà de Bach (avec cla­ve­cin !) et Mozart, le pro­gramme nous fait faire un voyage de trois cents ans. Avec pour le ving­tième siècle d’abord la célèbre Valse triste de Jean Sibe­lius, issue d’une musique de scène d’une pièce où le héros se rend compte qu’il danse en fait avec la mort. Puis les Danses de Galán­ta de Zoltán Kodá­ly (1933), où les bois de Ber­lin font mer­veille, bois que Baren­boïm lui-même applau­dit chaleureusement.

L’année sui­vante, concert 2002 excep­tion­nel consa­cré à la comé­die musi­cale Won­der­ful Town de Leo­nard Bern­stein, diri­gé par Sir Simon Rat­tle. C’est une œuvre bien moins connue que West Side Sto­ry ou Can­dide, œuvre que Rat­tle adore et qu’il a enre­gis­trée plu­sieurs fois. Comme chaque fois que Ber­lin joue le réper­toire de Broad­way, nous avons le meilleur des deux mondes, une atmo­sphère jaz­zy au swing et au déhan­ché com­mu­ni­ca­tifs, mais avec une qua­li­té et une cha­leur orches­trales excep­tion­nelles. Les musi­ciens sont visi­ble­ment ravis de jouer cette musique, les cuivres natu­rel­le­ment, mais regar­dez les vio­lons et même les contre­basses ! L’œuvre se ter­mine dans l’euphorie géné­rale d’une conga fes­tive où Sir Simon danse lui aussi.

Musique fran­çaise en 2015, diri­gée par Rat­tle à nou­veau. Le bal­let Les Biches de Pou­lenc, puis Mas­se­net, Cha­brier, Ravel, Saint-Saëns, for­mi­dable. France à l’honneur éga­le­ment en 2010 sous la direc­tion de Gus­ta­vo Duda­mel, le nou­veau chef de l’Opéra de Paris. Bizet, Saint-Saëns, Ber­lioz avec notam­ment des airs envoû­tants par la magni­fique mez­zo Elī­na Garanča.

Rach­ma­ni­nov en 2009 et 2016 avec les Concer­tos n° 2 par Lang Lang et n° 3 par Tri­fo­nov, excu­sez du peu. Lang Lang est tout sim­ple­ment incroyable, à la fois vir­tuose, manié­ré et cabot, comme l’était Rach­ma­ni­nov lui-même, mais aus­si maî­tri­sé et extrê­me­ment musi­cal. Une syn­thèse par­faite, la meilleure ver­sion que je connaisse en image, avec un final dif­fi­ci­le­ment surpassable. 

Impos­sible de citer tous les tré­sors que ren­ferme ce cof­fret, dont l’écoute et la réécoute vont m’occuper plu­sieurs nuits et même pro­ba­ble­ment plu­sieurs vies.


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