IP Paris, l'École polytechnique sur le plateau de Saclay

IP Paris : coopérer pour faire gagner le plateau de Saclay

Dossier : OIN Paris-SaclayMagazine N°774 Avril 2022
Par Éric LABAYE (80)
Par Pierre-René SÉGUIN (X73)
Par Alix VERDET

Pré­sident de l’X et d’IP Paris, Éric Labaye (80) pré­sente sa vision stra­té­gique d’une École poly­tech­nique pla­cée au sein de l’ensemble du pla­teau de Saclay. Par­tie pre­nante du 8e clus­ter mon­dial de recherche scien­ti­fique, IP Paris contri­bue à l’excellence et à la recon­nais­sance inter­na­tio­nale du pla­teau de Saclay, en syner­gie avec ses par­te­naires publics et privés.

Quand vous êtes revenu à l’X après des années, qu’est-ce qui vous a frappé sur le plateau tel qu’il est aujourd’hui ?

Des grues par­tout ! Cela tra­duit que le pla­teau est en forte expan­sion ces der­nières années, deve­nant un véri­table clus­ter de déve­lop­pe­ment éco­no­mique qui inclut des écoles, des labos publics et pri­vés, des incu­ba­teurs, des loge­ments étu­diants et main­te­nant quelques com­merces. Cette effer­ves­cence, cette vie de cam­pus n’existaient pas ou à moindre échelle dans les années 80, ce qui est un signe très posi­tif. Dans le quar­tier de l’École poly­tech­nique, incluant l’École elle-même mais éga­le­ment les autres écoles d’IP Paris, nous avons conser­vé la ver­dure, ce qui est très impor­tant pour la qua­li­té de vie, et il faut la conser­ver sur l’ensemble du plateau. 

L’écosystème du plateau de Saclay a évolué, l’École est maintenant dans IP Paris ; comment IP Paris participe à la dynamique du pôle académique Paris-Saclay avec l’Université Paris-Saclay ? Et plus largement quels liens sont tissés au sein du pôle d’innovation « cluster scientifique et technologique » de rang mondial Paris-Saclay ? 

IP Paris est l’un des deux grands pôles aca­dé­miques du pla­teau, avec l’Université Paris-Saclay. Tout d’abord, à tra­vers le déve­lop­pe­ment de cet ins­ti­tut de science et tech­no­lo­gie de rang mon­dial, le pla­teau gran­dit : nous allons croître de 8 000 à 11 000 étu­diants, dou­bler la taille des labos de recherche, accé­lé­rer sur l’innovation… Deuxiè­me­ment, nous déve­lop­pons de forts par­te­na­riats avec les autres acteurs : une offre de pro­gramme doc­to­ral avec la Fon­da­tion mathé­ma­tique Jacques-Hada­mard, la créa­tion de Quan­tum, un centre dans le domaine quan­tique aux côtés de l’Université Paris-Saclay, le CNRS, Inria et le CEA (cf. inter­view de Pas­cale Sen­ne­lart et Jean-Fran­çois Roch p. 37), l’offre de plu­sieurs mas­ters en com­mun avec d’autres ins­ti­tu­tions. Nous ren­for­çons par ailleurs notre par­te­na­riat avec HEC Paris : créa­tion de Hi ! Paa­ris (cf. inter­view d’Éric Mou­lines p. 44), diplômes X‑HEC (Mas­ter of Science & Tech­no­lo­gy), entrée d’HEC dans le centre E4C (Ener­gy for Climate). 

Nous coopé­rons avec les orga­nismes natio­naux de recherche (accords-cadres avec le CNRS, centre dédié IP Paris de l’Inria, par­te­na­riat ren­for­cé avec le CEA…) et entre­te­nons des coopé­ra­tions fruc­tueuses avec les labo­ra­toires d’entreprises pri­vées pré­sents sur le pla­teau. Récem­ment par exemple, nous avons créé un labo com­mun avec Thales sur les lasers et des labos d’entreprises contri­buent acti­ve­ment à nos ini­tia­tives, comme les labos d’EDF et Total qui sont par­ties pre­nantes d’E4C. Un axe stra­té­gique pour nous est de déve­lop­per notre parc d’innovation dans les années qui viennent par des coopé­ra­tions avec des centres de R & D pri­vés. Enfin, nous coopé­rons avec les orga­nismes publics locaux : le sché­ma direc­teur du déve­lop­pe­ment du cam­pus d’IP Paris a été construit en coopé­ra­tion avec l’Epaps (cf. inter­view de Julie Tis­sot p. 29) et avec la mai­rie de Palaiseau. 


Repères

Le Plan cli­mat de l’École poly­tech­nique pré­sente sa contri­bu­tion pour par­ti­ci­per à l’avènement d’une pros­pé­ri­té durable. Il s’inscrit dans le pro­lon­ge­ment des enga­ge­ments en faveur du cli­mat pris par l’École lors du col­loque inter­na­tio­nal « RéfleXions : cher­cher, for­mer et agir pour le déve­lop­pe­ment durable », orga­ni­sé en juin 2019, dans le cadre de son 225e anni­ver­saire. Ce Plan cli­mat détaille les actions et réa­li­sa­tions concrètes déjà mises en œuvre. Il enté­rine l’intégration de la tran­si­tion éco­lo­gique dans l’ensemble des mis­sions de l’École et dans le fonc­tion­ne­ment de son cam­pus. Il pré­sente les indi­ca­teurs clés de sui­vi des pro­grès réa­li­sés. L’engagement de l’École en faveur d’un déve­lop­pe­ment sou­te­nable est en réso­nance avec sa mis­sion ori­gi­nelle de pro­mo­tion de la science dans la for­ma­tion, la recherche et l’innovation au plus haut niveau au ser­vice du bien commun. 


Qu’avez-vous envie de partager sur les projets de développement du campus à ce stade ? Comment l’X et IP Paris s’inscrivent dans la vie du « campus urbain Paris-Saclay » à grande échelle ? Concrètement, comment travaillez-vous avec l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay en ce qui concerne les terrains dont le foncier lui a été transféré avec la responsabilité d’aménagement dans le cadre de l’Opération d’intérêt national ? 

En 2011, l’X a en effet été « expro­priée » de 80 hec­tares sur les 160 dont elle dis­po­sait. Nous sommes asso­ciés au deve­nir de ces super­fi­cies, dans le cadre de la coopé­ra­tion fruc­tueuse avec l’Epaps dont je par­lais à l’instant, qui sont pen­sées dans l’intérêt des déve­lop­pe­ments de l’X et d’IP Paris. Pour le parc d’innovation qui se fait au nord-est de l’École, l’X a un droit de regard sur les implan­ta­tions ; la déci­sion est com­mune pour les dix pro­chaines années. 

“Il faut avant tout faire gagner le plateau de Saclay !”

Comment les défis de transition écologique sont pris en compte dans ces développements pour en faire un campus modèle en termes d’enseignement, de modes de vie et de fonctionnement, et de sujets traités ? 

L’École s’est dotée d’un Plan cli­mat, qui com­porte trois axes et dix actions. Au moment de fêter les 225 ans de déve­lop­pe­ment de l’École, j’ai évo­qué la pers­pec­tive de 225 années à venir de déve­lop­pe­ment durable. Deux ans plus tard, le Plan cli­mat met ce déve­lop­pe­ment durable au cœur de la for­ma­tion, de la recherche et de l’innovation, et du mode opé­ra­toire du cam­pus. Tout sujet trai­té à l’École a doré­na­vant sys­té­ma­ti­que­ment une com­po­sante de déve­lop­pe­ment durable. Pour les labo­ra­toires, on peut citer le livre blanc d’E4C qui donne nos pers­pec­tives sur 6 à 8 thé­ma­tiques (éner­gies renou­ve­lables, effi­ca­ci­té éner­gé­tique, cap­ture du CO2…). Sur le cam­pus, nous avons défi­ni un objec­tif de trans­for­ma­tion éner­gé­tique (en cinq ans – 20 % de consom­ma­tion d’énergie par per­sonne). Les mobi­li­tés douces sont une mesure éga­le­ment impor­tante pour amé­lio­rer l’empreinte car­bone et le cadre de vie de notre campus.

Comment parvenez-vous à maintenir un équilibre entre des traditions polytechniciennes fortes qui se transmettent de promotion en promotion, et une attractivité et une visibilité internationales au sein de ce pôle d’innovation Paris-Saclay ? 

Je crois beau­coup aux valeurs de l’X ! On peut citer par­mi elles la recherche de l’excellence, le ser­vice de la Nation et de l’intérêt géné­ral, la volon­té d’apporter des solu­tions, d’être actif, au-delà d’apprendre, le sens de l’initiative et de l’action, l’esprit de corps, la for­ma­tion humaine dont l’expérience mili­taire… On retrouve ces valeurs plus géné­ra­le­ment chez IP Paris. L’X est connue inter­na­tio­na­le­ment, mais n’est pas encore assez recon­nue : on a le 8e clus­ter mon­dial d’innovation autour de Saclay, ce qui par­ti­cipe à la visi­bi­li­té de toutes ses com­po­santes, dont celle de l’X – c’est ain­si notre inté­rêt com­mun de le faire rayon­ner. Le fait de nous ins­crire au sein du pôle Paris-Saclay ne nous dilue pas, c’est au contraire une chance pour accé­lé­rer la mon­tée de notre visi­bi­li­té inter­na­tio­nale. Il faut pen­ser col­lec­tif, comme cha­cun l’apprend à l’X, et ain­si, avant tout, faire gagner le pla­teau de Saclay !


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