Gérard Franck

Gérard Franck (51) pilier de la Caisse de solidarité de l’AX

Dossier : TrajectoiresMagazine N°774 Avril 2022
Par Hubert JACQUET (64)

Décé­dé le 30 août 2021, Gérard Franck a effec­tué une brillante car­rière dans le corps des Ponts et Chaus­sées, dans le domaine des ports et aéro­ports. Il a aus­si été, pen­dant les qua­rante der­nières années de sa vie, un exem­plaire rap­por­teur de la Caisse de soli­da­ri­té, se dévouant sans comp­ter pour les familles poly­tech­ni­ciennes en détresse.

Né le 15 mars 1931, Gérard Franck est issu d’une famille pari­sienne de négo­ciants et d’universitaires. À sa sor­tie de l’X, il choi­sit le corps des Ponts et Chaus­sées et sort major de sa pro­mo­tion de l’ENPC. Il se marie à la fin de ses études et, inté­res­sé par les ports, il demande une affec­ta­tion au port du Havre. Pour s’y pré­pa­rer, il part pour quelques semaines à Rot­ter­dam pour étu­dier le phé­no­mène flu­vial et son inter­ac­tion avec le port. Sa femme qui parle hol­lan­dais lui sert alors d’interprète. Le poste qu’il vise n’étant pas libre, il est nom­mé pour trois ans au ser­vice de l’Équipement de Saint-Quen­tin et, en 1959, il rejoint enfin le port du Havre comme direc­teur adjoint, poste qu’il occu­pe­ra pen­dant treize ans et où il sera un ges­tion­naire par­ti­cu­liè­re­ment rigou­reux et efficace. 

Des ports aux aéroports

En 1972, il est nom­mé direc­teur géné­ral adjoint à Aéro­ports de Paris (ADP). Il aura comme patrons Gil­bert Drey­fus (37) jusqu’en 1981, puis Jean Cos­tet (47). En 1985, il est nom­mé au Conseil géné­ral des ponts et chaus­sées et char­gé de l’inspection des grands ports de l’Ouest. Il ter­mine sa car­rière comme pré­sident-direc­teur géné­ral de la Caisse de retraite des dockers et prend fina­le­ment sa retraite en 1998 à l’âge de 67 ans.

Fon­ciè­re­ment altruiste, Gérard Franck n’attend pas l’âge de la retraite pour don­ner de son temps et de son éner­gie aux autres. Dès le début de 1981, il devient rap­por­teur de la Caisse de soli­da­ri­té de l’AX (à l’époque appe­lée Caisse de secours), rôle qu’il conti­nue­ra de tenir jusque quelques mois avant son décès. 

Le rôle de rap­por­teur est de faire un point com­plet et détaillé sur les cama­rades en dif­fi­cul­té ou sur leur famille et, à par­tir de là, de pro­po­ser à la Caisse de soli­da­ri­té un plan d’action qui com­porte le plus sou­vent un volet finan­cier mais aus­si d’autres formes de sou­tien : aide à des démarches admi­nis­tra­tives voire juri­diques ; conseils pra­tiques dans les domaines les plus divers ; sou­tien moral, etc. Ce plan, qui peut par­fois s’étaler sur des années, fait l’objet d’un sui­vi régu­lier per­met­tant d’adapter les dis­po­si­tions prises à l’évolution de la situa­tion du cama­rade et de sa famille.

Un rapporteur exemplaire

Ce rôle de rap­por­teur, Gérard l’a rem­pli avec tant de dévoue­ment, de fidé­li­té et de géné­ro­si­té que tous ceux qui l’ont côtoyé à la Caisse de soli­da­ri­té – et en qua­rante ans ils furent nom­breux – le consi­dèrent comme un exemple à suivre. Il se mon­trait par­ti­cu­liè­re­ment atten­tif à com­prendre toutes les dimen­sions d’une situa­tion, à ne négli­ger aucun détail ni aucun aspect. Et, sur­tout, il s’attachait à accom­pa­gner ses pro­té­gés aus­si long­temps que cela lui parais­sait utile.

Ce fut le cas de cette com­pagne d’un cama­rade décé­dé qui se retrou­va avec deux enfants confron­tée à des pro­blèmes maté­riels lourds. Gérard s’occupa de cette famille jusqu’au jour où les enfants, avec qui il avait noué des liens qua­si pater­nels, purent deve­nir autonomes.

C’est aus­si celui de cette fille de cama­rade qui eut à éle­ver seule trois enfants après son divorce. Ou encore celui de cette autre fille de cama­rade dont les res­sources étaient insuf­fi­santes pour payer une mai­son de retraite : non seule­ment il lui a trou­vé une mai­son d’accueil, a mis sur pied le finan­ce­ment de sa pen­sion, mais aus­si il la voyait régu­liè­re­ment pour s’assurer que sa situa­tion maté­rielle était satis­fai­sante et lui assu­rer un sou­tien moral.

À tous ceux qui l’ont connu et bien sûr à son épouse et ses quatre enfants, il laisse le sou­ve­nir d’un homme brillant, modeste, et sur­tout d’un modèle d’altruisme. 

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