Pompe CorWave implantée dans le coeur.

CorWave, la medtech qui révolutionne les pompes cardiaques

Dossier : Health techMagazine N°773 Mars 2022
Par Louis de LILLERS

Cor­Wave a voca­tion à dis­rup­ter le domaine de la car­dio­lo­gie avec sa pompe car­diaque implan­table basée sur une mem­brane ondu­lante. Expli­ca­tions de son direc­teur géné­ral, Louis de Lillers.

Comment votre route a‑t-elle croisé celle de CorWave ?

J’ai tou­jours été atti­ré par l’entrepreneuriat. Mes pre­mières aven­tures entre­pre­neu­riales remontent au début des années 2000, aux bal­bu­tie­ments des réseaux sociaux. Puis j’ai vou­lu com­prendre com­ment de bonnes idées pou­vaient se trans­for­mer en socié­tés de crois­sance. J’ai ain­si inté­gré Clip­per­ton Finance, une banque d’affaires qui accom­pagne les start-up dans leurs opé­ra­tions d’acquisition, de ces­sion et de levées de fonds. J’ai ensuite fait un pas­sage chez Sofin­no­va, le doyen des fonds de capi­tal-risque français. 

En 2015, Sofin­no­va et MD Start m’ont sol­li­ci­té pour prendre la direc­tion de Cor­Wave, start-up créée à par­tir d’une tech­no­lo­gie de rup­ture inven­tée par Jean-Bap­tiste Dre­vet, un ingé­nieur des Arts et Métiers. 

Convain­cu que Cor­Wave pou­vait révo­lu­tion­ner l’assistance car­diaque, j’ai rejoint la socié­té qui comp­tait alors cinq employés. 

Concrètement, que propose CorWave ?

Cor­Wave déve­loppe des pompes car­diaques de nou­velle géné­ra­tion. Ces dis­po­si­tifs existent depuis des décen­nies et per­mettent de sau­ver des mil­liers de patients chaque année à tra­vers le monde. 

Tou­te­fois, les pompes car­diaques actuel­le­ment com­mer­cia­li­sées sont asso­ciées à un niveau éle­vé de com­pli­ca­tions graves. Envi­ron 25 % des patients qui ont une pompe car­diaque souffrent d’hémorragies intes­ti­nales et 8 à 10 % vont être frap­pés par un AVC. Selon les der­nières don­nées de registre dis­po­nibles, sept patients sur dix connaî­tront une com­pli­ca­tion grave à un an. 

Cela est en grande par­tie dû au fait que les pompes actuelles ne fonc­tionnent pas comme le cœur natif. Elles uti­lisent une tech­no­lo­gie de rotor : des pales sont lan­cées à haute vitesse et vont, d’une part, endom­ma­ger le sang et, d’autre part, impo­ser un débit conti­nu qui déré­gule tota­le­ment le sys­tème car­dio­vas­cu­laire, ain­si les patients n’ont plus de pouls et leur valve aor­tique ne s’ouvre plus correctement !

Intérieur de la pompe CorWave.
Inté­rieur de la pompe CorWave.

En quoi vos pompes cardiaques représentent-elles une véritable rupture ?

Notre dis­po­si­tif s’appuie sur une tech­no­lo­gie de rup­ture : la pompe à mem­brane ondu­lante qui repro­duit le mou­ve­ment de nage ondu­la­toire des ani­maux marins. Cette tech­no­lo­gie bioins­pi­rée per­met de repro­duire fidè­le­ment l’action du cœur natif dans un volume réduit.

La pompe à mem­brane ondu­lante est une tech­no­lo­gie par­ti­cu­liè­re­ment com­plexe fai­sant appel à un grand nombre de domaines de l’ingénierie et de la science : méca­nique des fluides, élec­tro­ma­gné­tique, hémo­dy­na­mique, héma­to­lo­gie, science des maté­riaux, algo­rith­mique, élec­tro­nique, etc. Bref, c’est un pro­jet polytechnologique !

La socié­té doit beau­coup aux anciens élèves de l’École poly­tech­nique dont Sil­vère Luc­quin (2007) – pre­mier employé de la socié­té, Rémi Pru­vost (2012), Fran­çois Cor­nat (M2013), Antoine Oli­vé (2015), très impli­qués dans la R&D, ou encore Alexan­dra Schmidt (2007) et Char­lotte Ras­ser (2010) qui ont contri­bué à faire le pont entre cette tech­no­lo­gie com­plexe et la clinique.

L’industrie des pompes car­diaques est née aux États-Unis et nous avons donc fait appel à plu­sieurs ingé­nieurs et cadres anglo-saxons, qui nous ont rejoints en France pour prendre part au pro­jet, appor­tant leur expé­rience et savoir-faire unique. Cor­Wave est ain­si un véri­table atte­lage transatlantique. 

Où en êtes-vous aujourd’hui et quelles sont les prochaines étapes ?

Le lea­der actuel du mar­ché des pompes car­diaques a mis plus de seize ans pour déve­lop­per sa pompe avant d’aller en phase cli­nique. Les pompes car­diaques, c’est l’Everest du dis­po­si­tif médi­cal ! Aujourd’hui, nous attei­gnons la fin de la période d’ingénierie et sommes mobi­li­sés dans la cam­pagne des der­niers tests et essais avant le lan­ce­ment de l’essai clinique.

Quelles sont vos perspectives ? 

Notre mis­sion est d’aider les chi­rur­giens car­diaques et car­dio­logues à sau­ver les patients en insuf­fi­sance car­diaque et leur offrir une vie plei­ne­ment active. Notre pre­mier pro­duit devrait révo­lu­tion­ner la thé­ra­pie d’assistance cir­cu­la­toire qui est par ailleurs un mar­ché de près d’un mil­liard de dol­lars. Bien que nous soyons une start-up, nous pou­vons deve­nir lea­der mon­dial de ce mar­ché. Il n’y a que 400 centres dans le monde à convaincre et les rem­bour­se­ments sont déjà exis­tants. De fait, notre pro­duit est atten­du avec impa­tience par les chi­rur­giens car­diaques et car­dio­logues du monde entier. Huit centres euro­péens, qui repré­sentent plus de 25 % du mar­ché euro­péen, nous ont déjà assu­ré vou­loir prendre part à nos essais cli­niques. Au-delà de notre pre­mier pro­duit, notre tech­no­lo­gie a un poten­tiel immense pour une bonne par­tie des 60 mil­lions de patients en insuf­fi­sance cardiaque.

En défi­ni­tive, Cor­Wave a le poten­tiel de deve­nir en quelques années une des plus grosses socié­tés de dis­po­si­tifs médi­caux françaises. 

Pour ce faire, nous pou­vons comp­ter sur le sou­tien d’actionnaires solides cou­plé à d’importants finan­ce­ments publics. Depuis la créa­tion, nous avons levé 80 mil­lions d’euros. Outre Sofin­no­va, nous comp­tons des inves­tis­seurs pri­vés de pre­mier plan : Seven­ture, le danois Novo, l’espagnol Ysios ou encore un fami­ly office sin­ga­pou­rien. Nous avons éga­le­ment la chance d’avoir pour action­naires Bpi­france et EIC Fund, fonds de capi­tal-risque de la Com­mis­sion euro­péenne. Nous avons d’ailleurs été la pre­mière socié­té de l’histoire à accueillir la Com­mis­sion à son capi­tal, c’est avec Cor­Wave, socié­té fran­çaise, qu’est née l’Europe actionnaire ! 

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