Emmerich Kálmán

Soirée du Nouvel An 2013 à Dresde : Extraits d’opérettes d’Emmerich Kálmán

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°771 Janvier 2022
Par Marc DARMON (83)

Emmerich KálmánLe Hon­grois Emme­rich Kálmán (1882−1953) a été un grand com­po­si­teur d’opérette alle­mande pen­dant la pre­mière moi­tié du xxe siècle, dans la lignée de Franz von Sup­pé, Johann Strauss (II) et Franz Lehár. Oublié en France, il est encore énor­mé­ment joué en Alle­magne et en Autriche.

Kálmán, comme Mah­ler une géné­ra­tion aupa­ra­vant, vient à Vienne en étant ori­gi­naire de la péri­phé­rie de l’Empire aus­tro-hon­grois (Mah­ler vient de Bohême, Kálmán de Hon­grie), et juif comme Mah­ler il doit subir l’antisémitisme qui sévis­sait à Vienne. Il émigre à Paris en 1938, puis aux États-Unis en 1940. Sa musique réus­sit la fusion du style vien­nois avec les thèmes plus légers hon­grois et tziganes.

On ne connaît guère de lui en France que les deux opé­rettes « pari­siennes » Prin­cesse Czar­das et Vio­lette de Mont­martre. Elles sont évi­dem­ment lar­ge­ment au pro­gramme de cette soi­rée de gala du Nou­vel An à Dresde diri­gée par Thie­le­mann, avec d’autres tubes de Kálmán.

Thie­le­mann, direc­teur musi­cal de l’orchestre de la Staats­ka­pelle de Dresde, le plus ancien orchestre de l’histoire (1548) et un des tout meilleurs du monde, a ins­tau­ré en 2010, dans la magni­fique salle de l’Opéra de Dresde, la tra­di­tion de ces concerts du Nou­vel An télé­vi­sés consa­crés à l’opérette. Les deux pre­miers étaient natu­rel­le­ment consa­crés à Franz Lehár mais, en ces soi­rées de fin décembre 2012, Thie­le­mann choi­sit Kálmán, pour sa pre­mière année for­mel­le­ment à la tête de l’orchestre. La salle est très bien mise en valeur, avec notam­ment des éclai­rages dif­fé­rents pour chaque opé­rette, la réa­li­sa­tion montre de très belles images.

Thie­le­mann, chef d’habitude tel­le­ment tra­di­tion­nel (au sens posi­tif du terme), est dans ce réper­toire léger très à l’aise, très mobile (sou­vent en dehors de son estrade), et avec des déhan­chés dont on ne le croyait pas capable.

On aurait aimé entendre la grande Dia­na Dam­rau dans ce réper­toire. Souf­frante, elle est rem­pla­cée avec assu­rance au pied levé par une cham­pionne du réper­toire, Inge­borg Schöpf, qui est par­faite, même si elle ne peut chan­ter par cœur compte tenu du très faible pré­avis. Le magni­fique ténor polo­nais Pio­tr Bec­zała est aus­si un spé­cia­liste de ce réper­toire. Les deux solistes sont irré­sis­tibles dans leurs airs et duos.

Une soi­rée « cham­pagne », pro­lon­gée par des bis en cas­cade, et en cin­quième bis la valse Sur les bords de l’Elbe de Johann Strauss fils, sa der­nière œuvre édi­tée, en hom­mage à Dresde. 


Orchestre de la Staats­ka­pelle de Dresde, ténor Pio­tr Bec­zała, sopra­no Inge­borg Schöpf, dir. Chris­tian Thielemann

1 DVD ou 1 Blu-ray Deutsche Grammophon

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