Alexis Hernot (91) mentor pour le programme X-Up du Drahi X-Novation Center

Alexis Hernot (91) mentor pour le programme X‑Up du Drahi X‑Novation Center

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°771 Janvier 2022Par Célia DE FREITAS

Dans le cadre de son pro­gramme X‑Up, l’incubateur et accé­lé­ra­teur de start-up de l’École poly­tech­nique pro­pose à chaque start-up de se faire accom­pa­gner par un ou plu­sieurs men­tors. Alexis Her­not (91), co-orga­ni­sa­teur du groupe X‑Santé Bio­tech, est men­tor auprès de la start-up Epi­LAB, spé­cia­li­sée dans le dépis­tage de la tuberculose.

Quelles ont été les étapes clés de ton parcours et quelles sont tes expertises ?

Mon père était méde­cin, dès mes études à l’École poly­tech­nique j’ai vou­lu tra­vailler dans la san­té et la tech­no­lo­gie. J’ai fait une for­ma­tion com­plé­men­taire en san­té humaine et j’ai fait tous mes stages chez Sano­fi en recherche puis en usine. J’ai été le pre­mier élève poly­tech­ni­cien appren­ti de France. Cela m’a mon­tré que je ne vou­lais pas tra­vailler en usine, l’innovation étant trop lente chez les grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques. Je suis par­ti dans le conseil pen­dant quelques années et j’ai pré­pa­ré mon entrée en MBA à l’Insead. Pen­dant que j’étais en école d’application, j’ai créé un logi­ciel pour Sano­fi puis je leur ai ven­du, ce qui m’a finan­cé mes études.

À l’époque, créer une socié­té n’était pas du tout dans l’air du temps et créer une socié­té à l’X était vu comme un qua­si-échec. Je suis allé dans la tech­no­lo­gie parce que je suis pas­sion­né de tech­no­lo­gie, d’abord dans les sys­tèmes de paie­ment puis dans les sys­tèmes de trans­port aérien. Je me suis vite aper­çu que je man­quais de connais­sances sur les logi­ciels. J’ai donc réap­pris à coder sur mes soirs et week-ends et il me fal­lait un pro­jet donc j’ai créé un car­net de vac­ci­na­tion en ligne par­ta­gé que j’ai bre­ve­té, notre socié­té pos­sède ce bre­vet maintenant.

J’ai d’abord rejoint une start-up, pour voir com­ment fonc­tion­nait une start-up. J’y suis res­té un an et un bout d’un an il était temps pour moi de créer une socié­té, de com­prendre le mar­ché. Je me suis asso­cié avec un méde­cin et en 2013, nous avons créé Cal­me­di­ca. Nous avons essayé de com­mer­cia­li­ser le car­net de vac­ci­na­tion mais cela n’a pas fonc­tion­né : tout le monde était inté­res­sé mais per­sonne n’était prêt à payer. Nous avons pivo­té en gar­dant une fonc­tion­na­li­té qui était la capa­ci­té à dia­lo­guer par SMS pour créer le car­net et ajou­ter des vac­ci­na­tions. C’est cette fonc­tion­na­li­té que nous avons extraite pour en faire un pro­duit, qui est aujourd’hui Memoquest.

J’ai une expé­rience dans les grands groupes, j’ai créé une socié­té, je suis entre­pre­neur en rési­dence à l’Insead. Je voyais les ques­tions que se posaient les étu­diants et je voyais ce par quoi moi j’étais pas­sé, de la rédac­tion d’un contrat d’exclusivité, le recru­te­ment d’un col­la­bo­ra­teur ou la déci­sion de lever des fonds. L’intérêt, c’est d’en faire pro­fi­ter les autres : pas de leur dire quoi faire, mais de leur pré­sen­ter dans la mesure où ils sont confron­tés à une situa­tion, essayer de les rap­pro­cher d’une situa­tion simi­laire que j’ai vécu et avoir un feed­back sur com­ment se com­por­ter. Je peux par­ta­ger ce que j’ai déjà expé­ri­men­té, sur des sujets très impor­tants comme sur des détails car on est très peu guidés.

L’entrepreneuriat pour toi, ça représente quoi ?

Je viens d’un milieu agri­cole et mon père était méde­cin. Dans ces deux pro­fes­sions, les per­sonnes assument leurs risques et leurs béné­fices. J’avais déjà cette capa­ci­té à me dire qu’on pou­vait déci­der pour soi et que c’était inté­res­sant, que cette prise de risque com­por­tait des béné­fices et de l’intérêt, c’est une forme de liber­té. La prin­ci­pale dif­fé­rence entre tra­vailler en entre­prise et être entre­pre­neur, c’est la pos­si­bi­li­té de tra­vailler sur des pro­jets à plus long terme, en ayant une vision de l’avenir un peu plus longue puisque c’est votre pro­jet. Dans un cas, on a l’impression d’investir et dans l’autre uni­que­ment de dépen­ser. Quand on est entre­pre­neur, on est prêt à mettre beau­coup plus d’énergie sur des choses qu’on ne ferait pas dans un grand groupe. Le deuxième point, c’est que lorsqu’on est entre­pre­neur, on déter­mine les valeurs de la socié­té et on ne les subit pas, ce n’est pas impo­sé. Chez Cal­me­di­ca, la valeur prin­ci­pale est la res­pon­sa­bi­li­té : cha­cun est res­pon­sable de ses actes et de la façon dont il orga­nise son tra­vail. Ce n’est pas un ensemble de valeurs dés­in­car­nées que l’on aurait dans un grand groupe. On peut déter­mi­ner l’ADN de la socié­té lorsque l’on est entre­pre­neur. On peut choi­sir ses batailles et déci­der de ce qui est bien ou pas. On peut faire des choix, même s’ils sont dis­cu­tables, puisqu’on est les seuls à assu­mer la res­pon­sa­bi­li­té. On ne sera jamais for­cé de prendre une déci­sion que l’on pense ne pas être la bonne.

Quel conseil donnerais-tu aux porteurs de projets ou start-up qui se lancent ?

Tout le monde se foca­lise sur les vani­ty metrics : je vais essayer de lever un maxi­mum d’argent et de recru­ter un maxi­mum de per­sonnes. Cela ne veut rien dire parce que beau­coup ont levé des fonds mais lorsqu’ils ont épui­sé ces fonds, la start-up ne fonc­tionne plus. Quand on lève des fonds, la pre­mière foca­li­sa­tion c’est com­ment bien dépen­ser l’argent, de manière effi­cace. Quand on ne lève pas de fonds, on se demande com­ment gagner de l’argent, trou­ver des clients, faire quelque chose que des clients vont ache­ter. Avant de pen­ser à lever des fonds, il faut faire un MVP (Mini­mum Valuable Pro­duct) et voir s’il y a un usage : est ce qu’on est capable d’intéresser quelqu’un et de lui vendre quelque chose ? Se lan­cer, ce n’est pas lever de l’argent pour créer le pro­duit. Se lan­cer, c’est com­prendre le mar­ché et abor­der des clients pour voir s’il y a de l’attraction.

Qu’est ce qui t’a poussé à devenir mentor dans le cadre de X‑Up ?

J’ai été entre­pre­neur en rési­dence à l’Insead et j’ai trou­vé ça très enri­chis­sant parce que ça me per­met­tait de réflé­chir moi-même sur ce que j’avais appris. Je retire quelque chose du fait d’être men­tor. C’est une sorte d’ego, de fier­té et de plai­sir d’aider les autres, de trans­mettre. On me l’avait pro­po­sé à l’Insead donc je l’ai fait et je ne savais pas le plai­sir que j’allais en reti­rer. C’est vrai­ment une dis­cus­sion où je devais réflé­chir aux réponses aux ques­tions en fonc­tion de mon expé­rience, c’est une sorte de syn­thèse de mon expé­rience. Comme ça m’avait plu à l’Insead, j’ai déci­dé de le faire à l’X. Dans le cadre de mon rôle d’entrepreneur en rési­dence, il y a une diver­si­té de ques­tions car une diver­si­té de demandes alors que dans le cas du men­to­rat, on a une diver­si­té de ques­tions car on suit l’équipe dans le temps.

Que penses-tu de l’innovation en France ?

Les start-up ont beau­coup d’aides mais sont obli­gées de prendre des cabi­nets pour détec­ter et rédi­ger les dos­siers d’aides. Les démarches sont trop com­pli­quées et trop nom­breuses. L’innovation regroupe beau­coup d’idées en France et c’est très bien, les Fran­çais innovent. En revanche, la règle­men­ta­tion est trop com­pli­quée au niveau social et res­sources humaines.


Por­teur de pro­jets ou start-up en amor­çage à enjeux tech, rejoins le Dra­hi X‑Novation Cen­ter, l’incubateur de l’École poly­tech­nique et suis le pro­gramme d’accompagnement per­son­na­li­sé X‑Up pen­dant 9 mois avec une dota­tion à l’en­trée de 15 K€.

Tu as jusqu’au 30.01.2022 pour can­di­da­ter.

Infor­ma­tions et can­di­da­tures : bit.ly/3dYVJJs

Domaines cou­verts : tous, s’ils contiennent des com­po­santes tech­no­lo­giques innovantes.
Des thèmes de pré­di­lec­tion ? Green­tech, heal­th­tech️, défense️, NewS­pace, indus­trie 4.0


Liens web

Epi­LAB https://www.epilab.io/

Insead https://www.insead.edu/

Cal­me­di­ca https://www.calmedica.com/

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