Décider en des temps incertains

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°770 Décembre 2021
Par Adrien TENNE (07)

L’ensemble des déci­deurs ont ren­con­tré leur lot de dif­fi­cul­tés depuis le début de la pan­dé­mie de Covid-19. En ces temps de grandes incer­ti­tudes et face à une com­plexi­té gran­dis­sante, les chefs d’entreprise ont été contraints d’évaluer la via­bi­li­té de leurs acti­vi­tés et de prendre des mesures immé­diates pour répondre à des prio­ri­tés inat­ten­dues allant de la sécu­ri­té des employés aux pro­blèmes de tré­so­re­rie en pas­sant par la conti­nui­té des opé­ra­tions. Afin d’anticiper au mieux les scé­na­rios pos­sibles à moyen terme et d’y adap­ter leur gou­ver­nance, de plus en plus d’entreprises se ques­tionnent à rai­son sur cinq enjeux stratégiques.

Quel rebond économique ?

Si la plu­part des éco­no­mies avan­cées semblent sor­ties du pic de la pan­dé­mie, que se pas­se­ra-t-il si des variants du Covid-19 conti­nuent d’apparaître et remettent en ques­tion les stra­té­gies exis­tantes ? Une ana­lyse menée par notre think tank basé à Washing­ton, le Glo­bal Busi­ness Poli­cy Coun­cil (GBCP), sug­gère que les coûts pour­raient dépas­ser 9 500 Mds USD en pro­duc­tion cumu­lée entre 2022 et 2024 par rap­port aux pro­jec­tions de base. Le FMI a d’ailleurs aler­té sur les risques liés à la fai­blesse poten­tielle de la reprise éco­no­mique dans ses der­nières pro­jec­tions d’octobre.

Quelle inflation ?

Si l’inflation actuelle était atten­due en rai­son du redé­mar­rage rapide de l’économie et résulte éga­le­ment de per­tur­ba­tions tem­po­raires de l’offre et de la demande, que se pas­se­ra-t-il si les per­tur­ba­tions sous-jacentes (des matières pre­mières aux semi-conduc­teurs en pas­sant par les tra­vailleurs qua­li­fiés) entraînent une infla­tion durable ? Sur la base de nos modèles éco­no­mé­triques, le GBCP estime que la per­sis­tance d’une infla­tion éle­vée pour­rait coû­ter à l’économie mon­diale jusqu’à 6 000 Mds USD d’ici 2024.

Quels risques numériques ?

Alors que les cybe­rat­taques se mul­ti­plient, que se pas­se­ra-t-il si le déve­lop­pe­ment conti­nu des capa­ci­tés de cal­cul (y com­pris quan­tiques) et d’autres déve­lop­pe­ments tech­no­lo­giques exposent de larges seg­ments de la socié­té à ces risques ? Qu’adviendra-t-il si ces attaques déjà sérieuses se trans­forment en menaces à grande échelle, voire en véri­tables conflits ?

Quelle démographie ?

Alors que les évo­lu­tions démo­gra­phiques inter­ro­geaient déjà sur le vieillis­se­ment de la popu­la­tion dans plu­sieurs éco­no­mies avan­cées, la pan­dé­mie est venue sou­le­ver de nou­velles inter­ro­ga­tions : quelles accé­lé­ra­tions des ten­dances déjà à l’œuvre ? Quels risques liés aux évo­lu­tions de la popu­la­tion dans les pro­chaines années ? Quels impacts sur les mar­chés et la sta­bi­li­té économico-financière ?

Quel commerce international ?

Alors que l’ouverture au com­merce et aux échanges inter­na­tio­naux consti­tuaient un point de rela­tif consen­sus entre les éco­no­mies avan­cées, que se pas­se­ra-t-il si les mou­ve­ments poli­tiques et sociaux qui ont fait sur­face pen­dant la pan­dé­mie conti­nuent à défendre l’idée de relo­ca­li­sa­tion mas­sive et de for­ti­fi­ca­tion des bar­rières à l’entrée ? Quels en seraient les impacts sur la crois­sance éco­no­mique mon­diale ? Dans un scé­na­rio de pro­tec­tion­nisme extrême, l’économie mon­diale pour­rait perdre 10 500 Mds USD en pro­duc­tion cumu­lée d’ici à 2024.

Dans un récent rap­port Kear­ney réa­li­sé en col­la­bo­ra­tion avec le World Eco­no­mic Forum, il appa­raît que seules 12 % des entre­prises sont aujourd’hui réel­le­ment pré­pa­rées aux futures dis­rup­tions des chaînes de valeur. Il est donc capi­tal qu’elles se mobi­lisent dans leur ensemble et sans attendre pour flui­di­fier leur capa­ci­té à trai­ter l’ensemble des don­nées et signaux faibles à leur dis­po­si­tion comme ren­for­cer leur agi­li­té glo­bale, afin de créer les condi­tions d’une rési­lience pro­fonde désor­mais condi­tion sine qua non de leur péren­ni­té. C’est le rôle quo­ti­dien des équipes de Kear­ney à leurs côtés.

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