Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres

Sécurité et Défense : des secteurs essentiels pour l’industrie française

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°769 Novembre 2021
Par Marc DARMON (83)

Marc Dar­mon (83), pré­sident du GICAT, le Grou­pe­ment des indus­tries fran­çaises de défense et de sécu­ri­té ter­restres et aéro­ter­restres, répond à nos ques­tions et revient notam­ment sur le sec­teur de la défense et de la sécu­ri­té, ain­si que sur le contrat de filière qui donne un nou­vel élan au sec­teur de la sécu­ri­té de manière géné­rale. Rencontre.

Ces dernières années ont marqué un tournant dans les industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres. Qu’avez-vous pu observer et quelles sont les tendances qui se dessinent actuellement ? 

La défense est une indus­trie très tech­no­lo­gique où l’enjeu est de com­bi­ner les nom­breux besoins opé­ra­tion­nels com­plexes aux der­nières évo­lu­tions tech­no­lo­giques du monde civil moderne : puis­sance de cal­cul, com­mu­ni­ca­tion très haut débit, intel­li­gence arti­fi­cielle, numé­rique, robotique … 

L’intégration de ces tech­no­lo­gies nou­velles et inno­vantes dans les solu­tions indus­trielles de défense impacte for­te­ment ce sec­teur à dif­fé­rents niveaux : 

  • Le déve­lop­pe­ment des guerres de l’information, de la dés­in­for­ma­tion, de la désta­bi­li­sa­tion, des fake news ; 
  • L’explosion des cybe­rat­taques : les sys­tèmes de plus en plus com­plexes et numé­ri­sés sont beau­coup plus expo­sés au risque cyber sous toutes ses formes (vol/fuite de don­nées, blo­cage de sys­tèmes, perte d’intégrité des don­nées, ransomwares…) ; 
  • Le déve­lop­pe­ment du com­bat col­la­bo­ra­tif qui néces­site des com­mu­ni­ca­tions haut débit et sécu­ri­sées et la trans­mis­sion de don­nées en temps réel repré­sente une véri­table révo­lu­tion qui concerne les com­bats ter­restres, aériens et navals ; 
  • Le déve­lop­pe­ment de la robo­tique, notam­ment dans le com­bat ter­restre, en capi­ta­li­sant sur la puis­sance de l’intelligence arti­fi­cielle et l’automatisation. À hori­zon 20 à 30 ans, on ima­gine déjà la trans­for­ma­tion radi­cale des com­bats impli­quant des robots.

“Au-delà de l’engagement réciproque de l’État et des industriels induit par ce contrat, ce dernier s’articule autour de cinq sujets structurants en termes de compétitivité et de souveraineté.”

En paral­lèle, nous assis­tons aus­si au retour du com­bat de haute inten­si­té. Pen­dant plu­sieurs décen­nies, nous avons trans­for­mé les équi­pe­ments des forces armées conçus pour répondre aux contraintes et impé­ra­tifs de la guerre froide et des com­bats ter­restres en Europe de l’Est vers des mis­sions de main­tien de la paix, de la lutte contre le ter­ro­risme ou encore des inter­ven­tions courtes et des com­bats asy­mé­triques (gué­rilla…). Si ces com­bats vont se pour­suivre notam­ment dans le cadre de la lutte contre le ter­ro­risme, nous assis­tons au retour des com­bats dits symé­triques et de haute inten­si­té. Ce phé­no­mène s’explique par la volon­té de plu­sieurs nations, comme la Chine, la Rus­sie ou encore la Tur­quie, de mon­trer leur puis­sance au tra­vers d’actions ter­ri­to­riales. Aujourd’hui, l’industrie de défense doit donc être en mesure de se posi­tion­ner et de cou­vrir toutes ces dimen­sions du com­bat qui vont coha­bi­ter dans les années à venir. Enfin, il ne faut pas oublier que l’industrie de défense a de nom­breuses carac­té­ris­tiques. En France, sur tout le ter­ri­toire natio­nal, elle emploie plus de 200 000 per­sonnes sur des emplois très qua­li­fiés qui ne peuvent pas être délo­ca­li­sés. C’est une indus­trie qui fait sens et qui contri­bue à un cer­tain équi­libre dans nos régions et ter­ri­toires au tra­vers d’une pré­sence dans de nom­breuses villes moyennes et petites. Elle assure véri­ta­ble­ment une ossa­ture indus­trielle et éco­no­mique à l’échelle du pays. Le sec­teur de défense réa­lise, par ailleurs, 50 % de son chiffre d’affaires à l’export.

La signature du contrat filière de sécurité 2020–2022 a joué un rôle important dans la structuration de la filière. Qu’en retenez-vous et à un an de son échéance ? Quels sont les axes qui vous mobilisent ? 

La signa­ture de ce contrat est struc­tu­rant pour les indus­triels de ce sec­teur. D’ailleurs, il est impor­tant de rap­pe­ler que dans l’industrie de la sécu­ri­té, nous avons en France des groupes lea­ders d’une enver­gure inter­na­tio­nale comme Thales, Ide­mia, Atos, Orange auquel s’ajoute un tis­su de PME et d’ETI très dynamique. 

Au-delà de l’engagement réci­proque de l’État et des indus­triels induit par ce contrat, ce der­nier s’articule autour de cinq sujets struc­tu­rants en termes de com­pé­ti­ti­vi­té et de souveraineté : 

  • la sécu­ri­sa­tion des grands évé­ne­ments à venir en France et notam­ment la coupe du monde de Rug­by en 2023 et les Jeux Olym­piques et Parao­lym­piques en 2024 ; 
  • les ter­ri­toires de confiance (« Safe and smart cities ») ;
  • la cyber­sé­cu­ri­té dont le fer de lance sera le Cam­pus Cyber qui va regrou­per les indus­triels, les uni­ver­si­tés et l’administration. Le plan France relance pré­voit, par ailleurs, un volet cyber­sé­cu­ri­té important ;
  • l’identité numé­rique, un axe por­té notam­ment par Ide­mia et Thales qui sont les lea­ders mondiaux ;
  • le numé­rique de confiance.

Dans le cadre de ce contrat, nous tra­vaillons sur des solu­tions tech­no­lo­giques com­munes. Pour les JO, en par­te­na­riat avec le minis­tère de l’Intérieur, Paris 2024, le minis­tère de l’Économie, nous sommes mobi­li­sés sur la struc­tu­ra­tion d’une filière fran­çaise de la sécu­ri­té des grands évé­ne­ments qui pour­ra ensuite être expor­tée. Pour les ter­ri­toires de confiance, en par­te­na­riat avec plu­sieurs métro­poles dont Rennes, Nice, Lille, Mar­seille, mais aus­si le minis­tère de l’Économie, nous tra­vaillons sur la créa­tion d’un éco­sys­tème tech­no­lo­gique fran­çais et euro­péen pour construire une sou­ve­rai­ne­té fran­co-euro­péenne sur ces sujets. 

Enfin, au tra­vers de la signa­ture de ce contrat, notre filière a pu être enten­due par le minis­tère de l’Économie et des Finances lors de la pré­pa­ra­tion du Plan de Relance post-Covid et par le minis­tère de l’Intérieur lors de l’élaboration de son « livre blanc ».


Le groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres

Le GICAT (grou­pe­ment des indus­tries fran­çaises de défense et de sécu­ri­té ter­restres et aéro­ter­restres) fédère depuis 1978 les indus­triels de la défense ter­restres et aéro­ter­restres et depuis 12 ans ceux de la sécu­ri­té. Le grou­pe­ment compte 70 % de PME. Ces indus­triels pro­duisent 45 000 mplois directs et indi­rects dans l’hexagone, avec des bas­sins d’emploi répar­tis sur tout le ter­ri­toire. En 2018, le sec­teur a géné­ré un chiffre d’affaires glo­bal de 7,7 Mds€ (+2,4 %).


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