L'an 1 de la vie d'après

L’an I de la vie d’après

Dossier : Le mot du présidentMagazine N°761 Janvier 2021
Par Marwan LAHOUD (X83)

Quelle année 2020 venons-nous de vivre ! En reli­sant mes notes de la fin 2019, j’ai l’impression de relire les car­nets d’un parent éloi­gné vivant sur une terre étran­gère, ou plu­tôt sur une autre pla­nète. Avant 2020, à force de se dire en crise, nous avions per­du de vue ce que les temps de crise entraî­naient comme changements.

La pan­dé­mie a chan­gé notre pers­pec­tive ; bien des choses qui sem­blaient éta­blies de longue date sont tom­bées en désué­tude, et nos habi­tudes et cou­tumes ont chan­gé en un temps record. Notre socié­té, il y a si peu si tac­tile, avec force ser­re­ments de mains et embras­sades, s’est vite accou­tu­mée à une « dis­tan­cia­tion sociale » dont l’anglicisme n’a été rec­ti­fié en « dis­tan­cia­tion phy­sique » qu’au bout de quelques mois.

Bien des méca­nismes éco­no­miques qui fon­daient notre poli­tique et dic­taient notre com­por­te­ment ont été balayés d’un revers de main avant que les « experts » en tout genre ne se fassent un devoir de jus­ti­fier, d’expliquer voire de démon­trer que ces méca­nismes étaient, de toute manière, infon­dés. Il suf­fit de lire ce que pro­duisent les éco­no­mistes, y com­pris les plus his­to­ri­que­ment libé­raux, au sujet de la dette publique, pour se rendre compte du chan­ge­ment de paradigme.

Mais il y a des constantes dans les crises, des inté­grales pre­mières dirions-nous. La pre­mière est l’accroissement des inéga­li­tés par­fois dans des direc­tions inat­ten­dues ; de même qu’il y a des sec­teurs sinis­trés, des per­sonnes tou­chées dans leur san­té, leur vie et leur bien-être, il y a ceux qui s’en sortent mieux, sans aller jusqu’à évo­quer les « pro­fi­teurs de guerre ». La soli­da­ri­té qui est une de nos valeurs prend encore plus d’importance que dans les temps ordinaires.

Je ne sais pas si nous connaî­trons rapi­de­ment un retour à la nor­male. Mais la flèche du temps nous indique que l’on ne sau­rait par­ler de retour à la vie d’avant. L’histoire est pleine de ces situa­tions qui marquent et déter­minent un avant et un après et c’est par leur créa­ti­vi­té et leur capa­ci­té d’adaptation que se défi­nissent ceux qui retrouvent le bien-être et le pro­grès. Dans notre his­toire, la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne a par­ti­cu­liè­re­ment contri­bué à ces « après » qui ne sont pas un « retour à la nor­male » ni « à la vie d’avant ». Je suis sûr que nous relè­ve­rons encore ce défi.

Une constante que je vou­drais conser­ver pour ma part est de vous sou­hai­ter une excel­lente année 2021, pleine d’espoirs et de bon­heurs, qu’elle soit en somme l’an I de la vie d’après.

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