Un cri sous-marin

Un cri sous-marin, le Conquérant dans la tourmente des années 40

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°760 Décembre 2020Par : Annick D’HontRédacteur : François Xavier Martin (63)Editeur : Livre édité à compte d’auteur, mai 2018

Un cri sous-marinJean Lefèvre (X 1925) com­man­dait en novembre 1942 le sous-marin Le Conqué­rant qui dis­pa­rut au large de l’Afrique avec tout son équi­page. Dans le livre Un cri sous-marin, paru en 2018, sa fille Annick s’adresse à lui de façon très émou­vante après avoir patiem­ment recons­ti­tué l’histoire de ce père dis­pa­ru alors qu’elle avait dix ans. Elle avait gar­dé le sou­ve­nir d’un homme intel­li­gent, char­meur et d’une grande droi­ture. Mais son point de vue d’adulte, plu­sieurs décen­nies plus tard, laisse appa­raître les contra­dic­tions des choix pater­nels : jeune marié, épris de sa femme qui le lui rend bien, il se porte néan­moins volon­taire pour une mis­sion en Extrême-Orient qui va l’éloigner de sa famille pen­dant deux ans. Ses convic­tions reli­gieuses lui font un devoir « d’accueillir tous les enfants que le ciel lui envoie » : cela ne l’empêche pas de s’orienter, à la suite d’une visite qui lui a plu, vers une dan­ge­reuse car­rière de sous-mari­nier, dont la fin tra­gique lais­se­ra à une veuve de trente ans la charge de sept jeunes enfants.

En 1940, il accueille favo­ra­ble­ment l’arrivée de Pétain au pou­voir. En 1942, il n’admet pas, mal­gré l’avis oppo­sé de sa femme beau­coup plus consciente que lui des rigueurs et des hor­reurs de l’occupation, les cri­tiques contre Pétain, dont il reste un par­ti­san incon­di­tion­nel. Il ne com­prend pas que pour la France le salut vien­dra fina­le­ment de ces Bri­tan­niques qu’il déteste, sur­tout depuis Mers el-Kébir, car ceux-ci béné­fi­cient main­te­nant de l’entrée en guerre à leurs côtés de l’URSS et des États-Unis. Cela amè­ne­ra Jean Lefèvre à s’opposer au débar­que­ment amé­ri­cain en Afrique du Nord et à accep­ter d’entreprendre une fuite inutile et absurde vers Dakar avec un sous-marin endom­ma­gé qui sera fina­le­ment cou­lé par l’aviation amé­ri­caine. Offi­ciel­le­ment, Jean Lefèvre est « Mort pour la France ».

Un très inté­res­sant témoi­gnage sur la Marine natio­nale des années trente et des trois pre­mières années de guerre.

Poster un commentaire