Jean Bailly - © Collections École polytechnique / Éditions Paul Darby

Jean Bailly (42), un grand dirigeant riche de dimensions humaines

Dossier : TrajectoiresMagazine N°760 Décembre 2020
Par Jean-Paul BAILLY (65)

Décé­dé le 5 août 2020, Jean Bailly fit car­rière dans le sec­teur minier puis aux ciments Lafarge dont il assu­ra la pré­si­dence avant de prendre sa retraite. Il laisse à tous ceux qui l’ont connu le sou­ve­nir d’un huma­niste dont les actes étaient en accord avec les principes.

Né à Orléans le 5 juin 1921, il vit dans cette ville jusqu’à son bac. Il pré­pare ensuite les grandes écoles au pry­ta­née mili­taire de La Flèche. Il est reçu à l’École poly­tech­nique (42). Après la libé­ra­tion de Paris, il accom­pagne, à l’automne 1944, la 2e DB du maré­chal Leclerc, en route vers la libé­ra­tion de Stras­bourg. Il sera rap­pe­lé par l’École avant d’arriver dans cette ville. Élu cais­sier de sa pro­mo­tion, il res­te­ra, toute sa vie, très atta­ché à l’École et à ses anciens cama­rades, orga­ni­sant des groupes de bridge et de voyage. En 1965, il est élu pré­sident des Y, le groupe réunis­sant les anciens cais­siers. De 1967 à 1974, il est vice-pré­sident du conseil de l’AX.

Du Nord au Maroc

À la sor­tie de l’École, en 1946, Il rejoint les houillères du Nord et du Pas-de-Calais. Ingé­nieur au ser­vice du fond, il tra­vaille­ra plu­sieurs mois comme mineur de fond, appre­nant ain­si à connaître les hommes et le métier. De 1954 à 1961, il est direc­teur à la direc­tion géné­rale de la socié­té des mines de Zel­lid­ja à Bou­be­ker, dans le Maroc orien­tal. Ces mines de plomb, zinc et argent comptent alors par­mi les plus impor­tantes du monde. Pen­dant ces sept années, il a appris à com­prendre et aimer ce pays, ses hommes et sa culture. Très atta­ché au Maroc, il joue­ra d’ailleurs un grand rôle dans la rela­tion entre le Maroc et la socié­té des ciments Lafarge qu’il rejoint en octobre 1961 pour occu­per le poste de direc­teur géné­ral, fai­sant par­tie de l’équipe de direc­tion qui assiste Mar­cel Demonque de 1971 à 1974.

La création de Lafarge holding

En 1974 est créée Lafarge hol­ding avec une direc­tion col­lé­giale com­po­sée d’Olivier Lecerf, de Jean Fran­çois et de Jean Bailly et où cha­cun avait son rôle. 

Il a notam­ment en charge la direc­tion géné­rale de ciments Lafarge France ain­si que la res­pon­sa­bi­li­té des filiales cimen­tières de France et d’outre-mer. Tra­vaillant en équipe il par­ti­cipe à l’élaboration, la dif­fu­sion et la mise en œuvre des Prin­cipes d’action de la socié­té, dans les­quels la place et le rôle des col­la­bo­ra­teurs jouaient un rôle essen­tiel. « Les col­la­bo­ra­teurs consti­tuent la richesse vivante du groupe. Les rela­tions humaines doivent repo­ser sur la confiance et le res­pect des per­sonnes » pou­vait-on y lire, fai­sant alors de Lafarge une socié­té en avance sur son temps notam­ment avec la prise en compte de toutes ses par­ties prenantes. 

En 1983, il est nom­mé pré­sident du groupe jusqu’à sa retraite (1984). Après sa retraite, il dirige pen­dant plu­sieurs années le Syn­di­cat fran­çais de l’in­dus­trie cimen­tière. Là aus­si, il res­te­ra fidèle au groupe et à ses ami­tiés regar­dant par­fois avec tris­tesse et nos­tal­gie les dif­fi­cul­tés récentes du groupe.

« Occupez-vous des vivants »

Très croyant, Jean Bailly était avec son épouse Hélène, décé­dée en 2008, un membre très enga­gé et actif de la paroisse Saint-Roch. Très alerte intel­lec­tuel­le­ment, altruiste et curieux d’esprit, il por­tait la même consi­dé­ra­tion et le même res­pect à cha­cun quels que soit son âge, son ori­gine, sa reli­gion ou sa condi­tion sociale. Ami des grands comme des plus modestes, il était aus­si à l’aise dans un conseil d’administration qu’auprès des mineurs de fond ou des ouvriers d’usine. Il avait, en par­ti­cu­lier, su éta­blir avec ses 16 arrière-petits-enfants et ses cinq petits-enfants d’authentiques rela­tions, sachant par­ler avec ces der­niers, mal­gré le déca­lage des géné­ra­tions, de la vie, de poli­tique, d’amour et de religion.

Avant de par­tir, il nous avait dit, repre­nant une phrase d’Alain Rémond : « Pen­sez aux morts, mais occu­pez-vous des vivants. »

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