Total Afrique

Total : engagés au cœur du continent africain

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°759 Novembre 2020
Par Henri-Max NDONG NZUE (85)

Hen­ri-Max Ndong Nzue (85), secré­taire géné­ral et direc­teur Amé­riques de la branche Mar­ke­ting & Ser­vices du groupe Total nous rap­pelle le posi­tion­ne­ment du groupe, ses pro­jets emblé­ma­tiques et ses prin­ci­paux défis dans les pays d’Afrique.

Total est présent en Afrique depuis près de 90 ans. Pouvez-vous nous rappeler le positionnement de Total sur les marchés africains ?

En effet, Total et l’Afrique c’est une longue his­toire qui remonte aux années 1920 avec l’installation dans la dis­tri­bu­tion de pro­duits pétro­liers au Maroc (1926) et les pre­mières recherches pétro­lières au Gabon (1928). Aujourd’hui, nous occu­pons une posi­tion de major lea­der de l’énergie en Afrique avec une pré­sence dans plus de 40 pays.

Dans l’amont, en 2019, l’Afrique repré­sente 28 % de la pro­duc­tion d’hydrocarbures du Groupe avec 0,7 à 0,8 Mbep/jour et 28 % du bud­get d’exploration. Nous sommes lea­ders en Afrique sub­sa­ha­rienne dans le gaz natu­rel liqué­fié (GNL) avec nos posi­tions dans Nige­ria LNG (22 Mt/an en 100 %), Ango­la LNG (5 Mt/an en 100 %).

Dans l’aval dis­tri­bu­tion, tou­jours en 2019, nous avons accueilli près de 4 mil­lions de clients par jour dans le pre­mier réseau d’Afrique avec plus de 4 700 sta­tions-ser­vice qui sont de véri­tables « lieux de vie » au sein des­quels nous pro­po­sons une large gamme de pro­duits et services.

« Nous élargissons notre offre notamment sur les énergies bas carbone. »

Au-delà, nous élar­gis­sons notre offre notam­ment sur les éner­gies bas car­bone pour prendre en compte les enjeux liés au chan­ge­ment cli­ma­tique. Nous dis­po­sons actuel­le­ment de cinq fermes solaires en exploi­ta­tion en Égypte (Ben­ban, deux fermes de 63 MWc), au Bur­ki­na Faso (Essa­kane, 15 MWc), en Ougan­da (Soro­ti, 10 MWc) et en Afrique du Sud (Pries­ka, 86 MWc). 

Enfin, Total, acteur res­pon­sable est réso­lu­ment enga­gé dans un déve­lop­pe­ment durable en Afrique. 

À fin 2019, nous avions plus de 10 000 col­la­bo­ra­teurs sur le conti­nent, soit près de 10 % des effec­tifs du Groupe. Nous tra­vaillons à la pro­mo­tion de la diver­si­té : nous avons 12 femmes direc­trices géné­rales de filiales, près de 60 % des direc­teurs géné­raux sont non-Fran­çais et enfin, 70 % de locaux et 25 % de femmes sont repré­sen­tés dans les comi­tés direc­teurs. Nous avons lan­cé plu­sieurs ini­tia­tives pour pro­mou­voir le déve­lop­pe­ment local : « Jeunes gérants », « Young Gra­duate », « High Flyers » et « Chal­lenge Star­tup­per de l’année par Total ». Et enfin, avec l’aide de la Fon­da­tion Total, nous nous enga­geons en matière RSE, notam­ment sur les thèmes de l’éducation et de l’insertion des jeunes, de la sécu­ri­té rou­tière, de la pré­ser­va­tion des forêts et de la pro­tec­tion de la biodiversité.

Quels sont les projets emblématiques que Total a menés en Afrique ?

Dans l’amont, les réa­li­sa­tions du Groupe sont nom­breuses avec une suc­ces­sion de décou­vertes et mises en pro­duc­tion, à terre et en mer conven­tion­nelle, entre 1950 et 1980 au Gabon, au Congo, en Ango­la et au Nige­ria. Puis le début des années 1990 a vu les pre­miers déve­lop­pe­ments en mer pro­fonde et très pro­fonde avec notam­ment les champs de Moho (2008) au Congo, de Giras­sol (2001) et Dalia (2006) en Ango­la, et enfin d’Akpo (2009) au Nige­ria. Ces pro­jets ont valu à Total un cer­tain nombre de distinctions. 

On pour­rait citer : OTC Award en 2003 pour la pre­mière barge flot­tante de pro­duc­tion et sto­ckage (FPSO) sur Giras­sol, celle concer­nant Akpo en 2009 pour le pre­mier FPSO tout élec­trique, l’IPTC Award en 2015 sur CLOV en Ango­la pour l’utilisation de pompes mul­ti­pha­siques sous-marines et plus récem­ment, le prix décer­né au pro­jet Egi­na (2018) pour le déve­lop­pe­ment d’un concept per­met­tant de pré­ve­nir la for­ma­tion de bou­chons à la base des tuyaux de remon­tée des fluides en surface.

« Dans la transition énergétique, le gaz va jouer un rôle majeur. »

On peut éga­le­ment rap­pe­ler la construc­tion d’usines de liqué­fac­tion de gaz au Nige­ria et en Ango­la. Dans la tran­si­tion éner­gé­tique, le gaz va jouer un rôle majeur. Les ventes de gaz natu­rel liqué­fié du Groupe attein­dront 50 Mt/an d’ici 2025 et dou­ble­ront entre 2020 et 2030. 

L’Afrique contri­bue­ra à cette ambi­tion avec le train 7 de Nige­ria LNG (7,6 Mt/an en 100 %) et le déve­lop­pe­ment de Mozam­bique LNG (12,9 Mt/an en 100 %). 

Au niveau de l’aval dis­tri­bu­tion, on peut rap­pe­ler une forte contri­bu­tion au déve­lop­pe­ment des popu­la­tions (120 000 emplois indi­rects), le pro­gramme « Jeunes gérants » qui a per­mis depuis la fin des années 1960 à des dizaines de mil­liers de jeunes Afri­caines et Afri­cains recru­tés comme pom­pistes de deve­nir gérants de sta­tions-ser­vice, le « Chal­lenge star­tup­per de l’année par Total » pour sti­mu­ler l’entreprenariat auprès des moins de 35 ans et qui a vu la par­ti­ci­pa­tion de plus de 29 000 jeunes lors de la 2e édi­tion lan­cée en 2018, la dis­tri­bu­tion de lampes solaires (12 mil­lions de per­sonnes impac­tées à ce jour) et enfin, le relè­ve­ment des stan­dards de sécu­ri­té en matière de trans­port de pro­duits pétro­liers, sans oublier la sola­ri­sa­tion de nos sta­tions-ser­vice, le tout contri­buant à notre fort ancrage local par­tout où nous sommes présents.

Aujourd’hui, quelles sont les perspectives pour le continent africain ? Quel rôle peut-il jouer dans la transition environnementale et énergétique ?

La pro­blé­ma­tique de la tran­si­tion éner­gé­tique en Afrique est dif­fé­rente de celle des pays déve­lop­pés. En effet, axée sur la réduc­tion des émis­sions de CO2 dans les pays déve­lop­pés (en Europe par exemple), elle se tra­duit en revanche avant tout par le défi de l’accès à l’énergie en Afrique. 

Aujourd’hui, l’Afrique repré­sente tout juste 3 % de la demande mon­diale en élec­tri­ci­té, pour 17 % de la popu­la­tion. Les éner­gies fos­siles et la bio­masse tra­di­tion­nelle sont les éner­gies domi­nantes et repré­sen­taient res­pec­ti­ve­ment 51 % et 46 % de la demande totale sur le conti­nent en 2018. 

Selon le scé­na­rio « Momen­tum » de Total, la demande d’électricité en Afrique devrait croître de près de 4 % par an d’ici 2050, soit qua­si­ment deux fois plus rapi­de­ment que la crois­sance mondiale.

“La problématique de la transition énergétique en Afrique est différente de celle des pays développés.”

Le gaz et les éner­gies renou­ve­lables sont les prin­ci­paux contri­bu­teurs à cette crois­sance et seront les prin­ci­pales sources de géné­ra­tion d’électricité dans le futur :

le gaz natu­rel se main­tien­dra autour de 40 % de la géné­ra­tion élec­trique d’ici 2050 ;

la part des éner­gies renou­ve­lables en revanche aug­men­te­ra très signi­fi­ca­ti­ve­ment, de 20 % envi­ron aujourd’hui, à près de 50 % de la géné­ra­tion élec­trique en 2050.

Grâce aux contri­bu­tions des éner­gies bas-car­bone à la crois­sance de l’approvisionnement éner­gé­tique en Afrique, les émis­sions de CO2 par habi­tant (liées à la com­bus­tion d’énergies fos­siles) res­tent conte­nues à hori­zon 2050, autour de 1 tCO2 par per­sonne dans le scé­na­rio Momen­tum (contre envi­ron 6 tCO2 par habi­tant en Europe aujourd’hui).

Le groupe Total a d’ailleurs réaffirmé ces engagements en faveur de la Transition Énergétique. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En mai der­nier, Mon­sieur Patrick Pouyan­né, pré­sident direc­teur géné­ral de Total, a annon­cé notre ambi­tion d’atteindre la neu­tra­li­té car­bone (Net Zero) à hori­zon 2050, en phase avec la socié­té, pour l’ensemble de nos acti­vi­tés mon­diales, depuis la pro­duc­tion jusqu’à l’utilisation par nos clients des pro­duits vendus. 

Cette ambi­tion est sou­te­nue par la stra­té­gie de Total de deve­nir un groupe mul­ti-éner­gies, avec du pétrole et du gaz, des solu­tions de neu­tra­li­té car­bone, et de l’électricité bas-car­bone. À par­tir de 2021, cela passe par un effort d’investissement de plus de 2 mil­liards de dol­lars chaque année dans l’électricité bas-car­bone, ce qui repré­sente plus de 15 % de nos inves­tis­se­ments. Nous visons une capa­ci­té brute de géné­ra­tion élec­trique bas-car­bone de 35 GW en 2025. 

Depuis 2015, nous déployons cette stra­té­gie et avons déjà obte­nu des résul­tats concrets. Total est ain­si le lea­der par­mi les majors pétro­lières en matière de réduc­tion de l’intensité car­bone moyenne des pro­duits éner­gé­tiques ven­dus (scope 3) avec une baisse de 6 % réa­li­sée entre 2015 et 2019.

Quels sont néanmoins les enjeux qui persistent ?

En 2040, nous serons 9 mil­liards d’habitants. Aujourd’hui encore, 1,3 mil­liard de per­sonnes sont en situa­tion de pré­ca­ri­té éner­gé­tique. L’enjeu pour notre groupe est de four­nir une éner­gie au meilleur coût, dis­po­nible à tous, et dans le res­pect des meilleurs stan­dards de sécu­ri­té et d’environnement. La mobi­li­sa­tion de la socié­té civile et des jeunes géné­ra­tions dans le com­bat contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est néces­saire, mais la tran­si­tion éner­gé­tique, pour qu’elle s’opère dans le res­pect des popu­la­tions, pren­dra du temps. 

L’un des plus grands défis de la tran­si­tion éner­gé­tique sera de décar­bo­ner les éco­no­mies tout en pro­po­sant au consom­ma­teur une éner­gie accessible. 

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