Quel projet pour l'Union européenne ? Statue de Cérès

Europe : quel projet ?

Dossier : Croire en l'EuropeMagazine N°759 Novembre 2020
Par Olivier VOIRIN (69)

Après le Brexit la ques­tion se pose de redé­fi­nir le pro­jet des pays membres de l’Union euro­péenne dans un monde où l’émergence de la Chine comme la prin­ci­pale puis­sance éco­no­mique face aux États-Unis se tra­duit par des chan­ge­ments dans l’organisation poli­tique, dont on com­mence à voir des signes avant-cou­reurs : l’ambiguïté des USA vis-à-vis de l’Otan, le cava­lier seul du Royaume-Uni, les ini­tia­tives russes au Moyen-Orient et les ini­tia­tives chi­noises connues sous le nom « nou­velles routes de la soie », une pré­sence crois­sante de la Chine en Afrique et en Europe dans le domaine éco­no­mique. Dans ce contexte quel rôle peut jouer l’Union européenne ?

Dès l’origine l’Union euro­péenne a été conçue pour créer une zone de paix favo­rable au déve­lop­pe­ment éco­no­mique, qui a per­mis le boom des trente glo­rieuses, et a été un pôle d’attraction puis­sant pour les autres États euro­péens. Dans les années 70–80 elle a trou­vé une vraie légi­ti­mi­té en créant le Mar­ché inté­rieur, en orga­ni­sant cer­tains pans de l’activité éco­no­mique, la poli­tique agri­cole com­mune en har­mo­ni­sant cer­tains, en lan­çant des pro­grammes de recherche et en accé­lé­rant le déploie­ment des infra­struc­tures au tra­vers des pro­grammes de déve­lop­pe­ment régio­naux. Dans les années 90, après la réuni­fi­ca­tion alle­mande, la mise en place de la zone euro a per­mis de géné­rer une nou­velle accé­lé­ra­tion, mais cette zone euro, cha­hu­tée par la crise de 2008, n’a pas béné­fi­cié de manière équi­va­lente à tous ses membres, faute de coor­di­na­tion de leurs poli­tiques bud­gé­taires et économiques.

« La zone euro n’a pas bénéficié de manière équivalente
à tous ses membres. »

Des cra­que­ments sont appa­rus dans le fonc­tion­ne­ment poli­tique de l’Union, d’abord avec les réfé­ren­dums ratés, au Dane­mark pour la rati­fi­ca­tion du trai­té de Maas­tricht, puis en France et aux Pays-Bas pour la rati­fi­ca­tion du trai­té de Lis­bonne (la Consti­tu­tion euro­péenne) en 2005. La sor­tie du Royaume-Uni à la suite d’un réfé­ren­dum, per­du en 2016 par le gou­ver­ne­ment de l’époque, a plon­gé l’Union dans un grand désordre. La crise sani­taire du début de cette année a com­men­cé par mettre en évi­dence un grand désar­roi de l’Union. La san­té n’est pas dans les attri­bu­tions de l’Union, mais cela a confir­mé l’absence de vision com­mune. Dans un deuxième temps la Com­mis­sion a pris conscience des risques et, à l’initiative d’Angela Mer­kel et d’Emmanuel Macron, le lan­ce­ment du plan de relance et d’un emprunt com­mun tra­duit une étape impor­tante vers une Union plus politique.

La Jaune et la Rouge avait réa­li­sé un dos­sier sur l’Europe peu de temps après la crise grecque et au moment où la sta­bi­li­té de l’euro était en ques­tion. Au moment où le Royaume-Uni quitte l’Union, il a sem­blé judi­cieux de reprendre le sujet dans une nou­velle pers­pec­tive. Ce dos­sier, compte tenu de sa richesse, est orga­ni­sé en deux par­ties qui seront publiées dans deux numé­ros séparés.


Consul­ter le dos­sier sur le pro­jet de l’U­nion Euro­péenne : Europe, par­tie 1

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