10 questions à Solange Arnaud (94), fondatrice de Medoucine

Dossier : TrajectoiresMagazine N°758 Octobre 2020
Par Hervé KABLA (84)
Par Solange ARNAUD (94)

En 2016 Solange Arnaud (94) a fon­dé Medou­cine, qui est une mar­ket­place pour trou­ver des pra­ti­ciens de confiance dans les méde­cines douces. Son acti­vi­té est très dyna­mique, puisqu’elle double d’une année sur l’autre. Sa pro­blé­ma­tique prin­ci­pale est de déve­lop­per paral­lè­le­ment et har­mo­nieu­se­ment son audience chez les thé­ra­peutes et chez les clients.

Quelle est l’activité de Medoucine ? 

Medou­cine a pour objec­tif de per­mettre à cha­cun d’être au meilleur de sa san­té au natu­rel. Sur medoucine.com, on peut prendre ren­dez-vous en ligne avec mille pra­ti­ciens de méde­cine douce sur toute la France, comme sur un Doc­to­lib des méde­cines douces, mais dont les thé­ra­peutes sont sélec­tion­nés sur le fon­de­ment de leur for­ma­tion et de leur éthique. Nous deman­dons à nos uti­li­sa­teurs de don­ner leur avis pour vali­der notre approche, et 98 % d’entre eux recom­mandent leur consultation.

Quel est le parcours des fondateurs-fondatrices ? 

À la sor­tie de l’X, j’ai choi­si l’Agro comme école d’application car je m’intéressais à la bio­lo­gie, pour ses appli­ca­tions au monde de la san­té. J’ai com­men­cé mon par­cours dans l’informatique, puis j’ai cofon­dé une entre­prise durant la pre­mière vague inter­net en tant que CTO (Chief Tech­ni­cal Offi­cer). Je suis ensuite reve­nue vers la bio­lo­gie et la san­té, d’abord dans une socié­té de bio­tech­no­lo­gie puis pen­dant dix ans dans un grand groupe phar­ma­ceu­tique amé­ri­cain où j’ai tenu divers postes stra­té­giques et opé­ra­tion­nels en France et au siège Europe. J’ai ensuite eu envie de reve­nir vers l’entreprenariat et j’ai cofon­dé une socié­té spé­cia­li­sée dans les ins­tru­ments pour la bio­lo­gie, avant de trou­ver l’idée de Medoucine.

Solange Arnaud est la fondatrice de Medoucine
Solange Arnaud, fon­da­trice de Medou­cine, une mar­ket­place pour trou­ver des pra­ti­ciens de confiance dans les méde­cines douces.

Comment t’est venue cette idée, justement ? 

Ayant pas­sé dix ans à tra­vailler sur des médi­ca­ments de spé­cia­li­té pour des mala­dies chro­niques, j’avais com­pris l’intérêt des approches com­plé­men­taires pour beau­coup de sujets qui ne sont pas des mala­dies mais ont un gros impact sur la qua­li­té de vie : le som­meil, le stress, l’alimentation, les dou­leurs, etc. Je savais aus­si com­bien il est dif­fi­cile de trou­ver le bon spé­cia­liste pour sa san­té, en par­ti­cu­lier dans ce domaine peu ou pas régle­men­té que sont les méde­cines douces. J’ai donc pen­sé que ce serait une bonne idée de faci­li­ter l’accès à ces pra­tiques dans un esprit de trans­pa­rence, de pro­fes­sion­na­lisme et de qua­li­té, qui manquent par­fois dans le domaine.

Qui sont les concurrents ? 

Notre prin­ci­pal concur­rent com­mer­cial est Doc­to­lib car, même si nos pra­tiques sont en marge de leur acti­vi­té, ils font feu de tout bois et ont une très grosse force com­mer­ciale. Dans notre domaine spé­ci­fique, per­sonne ne pro­pose le même type de sélec­tion que le nôtre ; nous n’avons donc pas de réelle concur­rence. Comme nous pro­po­sons aux thé­ra­peutes un abon­ne­ment pour rejoindre notre réseau pro­fes­sion­nel, le prin­ci­pal concur­rent est la pro­cras­ti­na­tion, car nombre d’entre eux pré­fèrent espé­rer que leur acti­vi­té se déve­loppe sans rien faire, ou ne sont pas prêts à inves­tir dans leur activité.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ? 

J’ai eu cette idée fin 2015, puis lan­cé le site en juin 2016 avec une tren­taine de thé­ra­peutes sur Paris. Fin 2016 j’ai fait une pre­mière levée de fonds friends and fami­ly de 500 000 euros, qui a per­mis de déve­lop­per l’entreprise et le réseau, de rejoindre le cam­pus de Sta­tion F, de déve­lop­per les pre­miers par­te­na­riats stra­té­giques avec des médias et des com­plé­men­taires san­té, et de mon­trer une belle crois­sance. Fin 2018, avec 400 thé­ra­peutes dans le réseau et un début de déploie­ment en régions, nous avons levé plus d’un mil­lion d’euros, et plus que dou­blé en 2019.

Qu’appelle-t-on médecine douce ? 

C’est un terme mal appro­prié car ce ne sont pas des méde­cines au sens propre et elles ne sont pas for­cé­ment douces… Ce sont des approches sou­vent issues de tra­di­tions mil­lé­naires, qui ont pour point com­mun de s’appuyer sur des méthodes natu­relles pour rendre à l’organisme une forme d’équilibre qui lui per­met d’activer sa capa­ci­té natu­relle à « s’autoguérir », comme dans le pro­ces­sus de cica­tri­sa­tion. Elles peuvent s’appuyer sur des tech­niques diverses : des pra­tiques manuelles comme l’ostéopathie, la chi­ro­praxie, le mas­sage ; des spé­cia­li­tés psy­cho­cor­po­relles qui impliquent le corps et l’esprit comme le yoga, la sophro­lo­gie ; ou même l’hypnose ou la médi­ta­tion. Elles incluent éga­le­ment les grandes méde­cines tra­di­tion­nelles comme la méde­cine chi­noise avec l’acupuncture ou la méde­cine indienne qui est l’ayurveda.

Medoucine permet de trouver des praticiens de confiance dans les médecines douces
Les méde­cines douces incluent la approches natu­relles mais éga­le­ment les grandes méde­cines tra­di­tion­nelles comme la méde­cine chi­noise avec l’acupuncture ou la méde­cine indienne qui est l’ayurveda.

Quels sont les pays où ces pratiques sont les plus répandues ? 

Selon les tra­di­tions de chaque pays, elles peuvent être plus ou moins répan­dues, mais sur­tout ce ne sont pas les mêmes pra­tiques qui dominent selon leur ori­gine. En tant que méde­cines tra­di­tion­nelles, elles sont encore très répan­dues en Chine ou en Inde, qui les ont gar­dées comme base pour pré­ser­ver leur san­té et uti­lisent notre méde­cine occi­den­tale en com­plé­ment pour les urgences ou la chi­rur­gie par exemple. En Europe, elles sont bien implan­tées en par­ti­cu­lier en Alle­magne où le métier de Heil­prak­ti­ker est à mi-che­min entre un natu­ro­pathe (pra­tique issue de la tra­di­tion d’Hippocrate) et un méde­cin géné­ra­liste. Aux États-Unis, c’est plu­tôt l’acupuncture et la chi­ro­praxie qui dominent, alors qu’en France l’ostéopathie et l’acupuncture sont les pra­tiques les plus implan­tées car les mieux recon­nues, régle­men­tées et inté­grées au par­cours de soins.

Quel est le profil type de celles et ceux qui en font le plus grand usage ? 

D’après une enquête récente menée par San­té­clair et Har­ris Inter­ac­tive, 70 % des Fran­çais ont déjà consul­té ; c’est donc un public très large qui s’y inté­resse. Sur Medou­cine les femmes repré­sentent 75 % envi­ron de nos uti­li­sa­teurs. Pour elles mais aus­si pour leurs enfants : elles les découvrent autour de la gros­sesse et de la petite enfance, puis conti­nuent avec les pre­miers sou­cis de san­té quand l’âge avance. Chez les pra­ti­ciens de notre réseau, la tranche d’âge des 35 à 50 ans est la plus repré­sen­tée par­mi les per­sonnes qui les consultent, mais sur medoucine.com près de la moi­tié des uti­li­sa­teurs a moins de 35 ans.

Verra-t-on un jour des pathologies plus lourdes traitées par ces approches ? 

Elles pro­posent une approche plus pré­ven­tive que cura­tive, avec pour objec­tif de gar­der la san­té à long terme grâce à une bonne hygiène de vie et un équi­libre phy­sio­lo­gique qui retarde ou évite l’arrivée de mala­dies graves. Elles sont sou­vent uti­li­sées en accom­pa­gne­ment de cer­taines patho­lo­gies lourdes comme le can­cer, où elles per­mettent de gérer bon nombre de pro­blé­ma­tiques et donc d’augmenter les chances de réus­site des trai­te­ments conven­tion­nels : effets secon­daires des médi­ca­ments, ges­tion du stress lié à la mala­die et au trai­te­ment, dou­leurs, som­meil, etc.

L’engouement pour les médecines douces va-t-il de pair avec une perte de confiance dans le système de santé en général et dans les grands laboratoires ? 

Oui et non : d’après une enquête menée par Odoxa en 2019, 90 % des per­sonnes inter­ro­gées disent en effet avoir confiance dans ces pra­tiques car « natu­relles » donc sem­blant inof­fen­sives, dans la lignée du bio et du retour vers des pra­tiques plus proches de la nature, en cohé­rence avec une sus­pi­cion gran­dis­sante envers les médi­ca­ments à la suite de divers scan­dales. Pour autant, 87 % des per­sonnes inter­ro­gées gardent confiance dans la méde­cine et la science. Au-delà du côté « natu­rel », ces pra­tiques répondent aus­si à la pénu­rie de temps médi­cal, qui fait que les per­sonnes en souf­france ont du mal à trou­ver une écoute atten­tive, sur­tout pour les sujets cités pré­cé­dem­ment, qui ne sont pas des mala­dies mais ont pour­tant un gros impact sur le quotidien.


A lire : Les enjeux pour une start-up du monde digi­tal, dans le dos­sier : Mar­ke­ting digi­tal, La Jaune et la Rouge n° 746, juin-juillet 2019

Solange Arnaud, CEO de Medou­cine au 20h de TF1 : 

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Jacques Gue­rinrépondre
1 mai 2023 à 15 h 50 min

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