Claude Abadie

Claude Abadie (38) Le jazz, la passion d’une vie (1920−2020)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°755 Mai 2020
Par Albert GLOWINSKI (58)
Par Jean SALMONA (56)

Décé­dé en mars der­nier, Claude Aba­die était un per­son­nage aux mul­tiples facettes. Il a consa­cré une grande par­tie de sa vie au jazz. Il don­nait en jan­vier 2020, à cent ans pas­sés, son der­nier concert à la tête de son tentette.

« Claude Aba­die venait d’un autre temps dont il était le der­nier témoin direct (…). Un temps où Paris était encore une fête (…). Claude Aba­die appar­te­nait à cet autre temps, autour de la Seconde Guerre, où se croi­sèrent Djan­go Rein­hardt, Duke Elling­ton (…), Charles Delau­nay, Boris Vian entre beau­coup d’autres. Il s’en amu­sait avec une dis­tance tein­tée d’humour (…) et avec une pré­ci­sion impla­cable (l’esprit mathé­ma­tique du polytechnicien).

Racon­ter le siècle de Claude Aba­die, c’est racon­ter une des belles his­toires du jazz, la pas­sion artis­tique, la pas­sion de la vie, avec une exi­gence de tous les ins­tants (…). Mer­ci, Mon­sieur Aba­die pour la belle trace que vous laissez. »

Jazz­Hot, mars 2020

16 jan­vier 2010, Petit-Jour­nal Mont­par­nasse. La soi­rée Jazz X, orga­ni­sée par Claude Aba­die dont on fête les 90 ans, vient de se ter­mi­ner. Deux heures du matin. Dehors, sous la pluie gla­cée, Claude fixe l’étui de sa cla­ri­nette sur son scoo­ter. Nous l’interpellons : est-ce bien rai­son­nable de ren­trer à Sur­esnes sous cette pluie, à cette heure ? Claude répond : « Mon scoo­ter marche aus­si bien sous la pluie qu’au soleil. » Il démarre et dis­pa­raît au loin.

19 jan­vier 2020. À l’âge de 100 ans et trois jours, Claude Aba­die donne, avec son ten­tette, son der­nier concert à Ville d’Avray, dans le cadre du Fes­ti­val annuel « Jazz à Vian ».

Toute une vie dans la musique

Claude était un per­son­nage hors du com­mun. Il était né en 1920. Dès son plus jeune âge, il a bai­gné dans la musique puisque, à 2 ou 3 ans, il ne jouait pas avec des petites autos, raconte-t-il, mais avec un pho­no­graphe sur lequel il pas­sait des disques qu’il recon­nais­sait aux éti­quettes sans savoir encore les lire. C’est vers 18 ans, à Noël 1937, qu’il se met à la cla­ri­nette, en auto­di­dacte, en mon­tant un orchestre avec quelques amis. Pour­quoi la cla­ri­nette ? Parce que « c’était l’instrument le moins encom­brant » disait-il par­fois. Mais avec Claude, grand pra­ti­quant de l’humour à froid der­rière un visage impas­sible voire aus­tère, on ne savait jamais très bien com­ment il fal­lait prendre ce genre de déclaration.


Et se fit à la porte d’entrée le Grand Remue-Ménage de l’orchestre Aba­die (…). L’orchestre au com­plet fit son entrée, applau­di par la foule immense de ses admirateurs.

– On ne peut pas jouer dans le salon avec le pia­no dans la biblio­thèque, remar­qua astu­cieu­se­ment Aba­die qui, déci­dé­ment, n’avait pas per­du son temps à Poly­tech­nique. Allez, les gars, trans­por­tez le pia­no, com­man­da-t-il à quatre zazous dés­œu­vrés qui bayaient aux cor­ne­muses dans un coin (…).

Il par­ve­nait à des­ti­na­tion lorsque Aba­die s’en appro­cha de nouveau.

– Après tout, dit-il, je crois qu’on serait mieux pour jouer dans la biblio­thèque. L’acoustique, comme nous disons à Car­va, est plus adéquate.

Boris Vian, Ver­co­quin et le Plancton


L’instigateur du « Revival »

Il entre à l’X en 1938. Après l’interruption due à la guerre, il effec­tue sa seconde année à par­tir d’octobre 1940 à Vil­leur­banne, où l’École est trans­fé­rée. À l’automne 1941, de retour à Paris, Claude monte un orchestre de jazz avec lequel il rem­porte, dès février 1942, le tour­noi annuel des orchestres ama­teurs orga­ni­sé par le Hot Club de France.

En juin 1942, Alain Vian lui fait ren­con­trer son frère Boris, trom­pet­tiste et cen­tra­lien, né lui aus­si en 1920. Comme Claude l’a confié récem­ment : « Nous nous sommes bien plu. »

En jan­vier 1943, l’orchestre, dont fait main­te­nant par­tie Boris Vian, se pré­sente de nou­veau au tour­noi du Hot Club. C’est l’Occupation et les airs amé­ri­cains sont inter­dits. L’orchestre joue cepen­dant Royal Gar­den Blues, dégui­sé mais recon­nais­sable, il est dis­qua­li­fié. Le gagnant est un cer­tain Paul Ver­non, trom­pet­tiste de son état, qui réci­dive l’année sui­vante, cette fois au saxo­phone ténor. Claude Aba­die le recrute dans son orchestre et tous les trois, avec Boris Vian, vont être des com­pa­gnons de route au long cours. Paul Ver­non sera, dans la seconde époque musi­cale de Claude, à par­tir de la fin des années 1960 et pen­dant 40 ans, un pilier du ten­tette de Claude Abadie.

Orchestre de Claude Aba­die en 1947 (de gauche à droite : Hubert Fol, Ray­mond Janet, Claude Aba­die, Boris Vian, Tey­mour Nawab, Ray­mond Fol, Dod­dy Léon, Zozo d’Halluin).

Après la Libé­ra­tion, l’orchestre déborde d’activité. Il conti­nue de par­ti­ci­per aux tour­nois de jazz. En novembre 1945, il rafle tous les prix au concours inter­na­tio­nal de jazz ama­teur de Bruxelles orga­ni­sé par le Hot Club de Bel­gique. Ce tro­phée va contri­buer gran­de­ment à la renom­mée de Claude Aba­die. Il en gar­de­ra toute sa vie une grande fierté.

« Pr. Dupiton et ses joyeuses mandolines »

L’année sui­vante, en 1946, Claude et ses musi­ciens par­ti­cipent une der­nière fois au tour­noi du Hot Club de France. Sous le nom de « Pr. Dupi­ton et ses joyeuses man­do­lines », affu­blés de fausses barbes et de cas­quettes d’orphéon parce que, pensent-ils, le jury les a trop vus toutes ces années. À cette occa­sion, Claude se montre ami fidèle et inno­vant : son ancien trom­pet­tiste, Jackie Grun­berg (Ver­mont dans la clan­des­ti­ni­té), qui, sous l’Occupation, a rejoint les com­man­dos du Spe­cial Air Ser­vice bri­tan­nique, a été para­chu­té en Hol­lande der­rière les lignes alle­mandes et a eu la main droite empor­tée par la gre­nade qu’il ten­tait de ren­voyer. Claude l’apprend en avril 1945. Le soir même, il demande à Boris Vian, avec qui il joue dans un club amé­ri­cain (Paris a été libé­ré en août 1944), d’essayer de jouer de la main gauche. Le test est pro­bant. Claude écrit à Ver­mont : prends ta trom­pette de la main gauche, ça marche ! Cette année-là, le Pro­fes­seur Dupi­ton a rem­por­té le concours et Jackie Ver­mont le pre­mier prix de trompette.

Raisins aigres et figues moisies

À l’origine, Claude et ses musi­ciens avaient connu le suc­cès avec le Revi­val, qui fai­sait revivre le New Orleans, un jazz oublié depuis les années 1930. Mais en 1946 arrivent en France les pre­miers disques « Be-Bop », une musique née au début des années 1940 dans les clubs new-yor­kais. C’est une révo­lu­tion : sono­ri­tés, struc­tures har­mo­niques, richesse ryth­mique, prouesses tech­niques des musi­ciens, tout est ren­ver­sant. Cer­tains adorent, d’autres détestent. La que­relle entre les « Figues moi­sies », blo­quées sur le vieux style et le Swing, et les « Rai­sins aigres », enthou­sias­més par la nou­velle musique, a tour­né en véri­table guerre de reli­gion qui a enflam­mé le micro­cosme du jazz fran­çais dans les années 1947–1948.

Claude Aba­die est réso­lu­ment un Rai­sin aigre, mais il est tout à la fois « fas­ci­né, dérou­té et décou­ra­gé » comme il le dit dans son inter­view de 2002. Cela ren­force l’impression qu’il avait déjà de tour­ner en rond dans son New Orleans et le pousse, au début des années 1950, à aban­don­ner la musique pour don­ner la prio­ri­té à des obli­ga­tions fami­liales et pro­fes­sion­nelles de plus en plus pre­nantes. En 1952, un der­nier sur­saut le voit mon­ter un nonette avec des futurs grands du jazz fran­çais. Oublié le « Niou-Niou » qui a fait sa gloire, il prend le virage vers la musique d’Ellington, une de ses idoles depuis des années. Mais il arrête com­plè­te­ment en 1953.

Il a 32 ans, cela fait onze ans qu’il est à la Banque de Paris et des Pays-Bas. Il rejoint ensuite la socié­té Prat-Daniel spé­cia­li­sée en dépous­sié­rage indus­triel et en trai­te­ment des eaux. Il devient enfin direc­teur géné­ral du Centre tech­nique des tuiles et briques où il ter­mine sa vie professionnelle.


Les répétitions du lundi

Albert Glo­wins­ki : J’ai rejoint le ten­tette de Claude Aba­die au début des années 1970, à la bat­te­rie, coop­té par l’intermédiaire de Fran­cis Behr (59), trom­pet­tiste dans l’orchestre. Les répé­ti­tions se tenaient un lun­di sur deux, une tra­di­tion qui s’est tou­jours main­te­nue, dans la mai­son du pia­niste Hen­ri Fou­cher à Ville d’Avray. En 1972, j’ai trou­vé une mai­son iso­lée à Cla­mart avec une pièce sus­cep­tible de deve­nir une salle de musique. En 1974, le ten­tette y a pris ses quar­tiers et y est res­té fidèle jusqu’à la der­nière répé­ti­tion avec Claude, le 17 février 2020. J’avais rete­nu une remarque de Mow­gli Jos­pin, le trom­bone des pre­mières années du ten­tette nou­velle for­mule, et tenan­cier du River­bop, un club où se tenaient alors les répé­ti­tions : « Si on veut jouer dans l’équipe, ça peut aider d’être pro­prié­taire du stade. »


Le petit grand orchestre

Claude reste sourd pen­dant quinze ans à l’appel de la musique, mais les ren­contres avec les vieux copains, Jackie Ver­mont, Paul Ver­non et autres, font replon­ger tout ce petit monde. Le nonette s’augmente d’un saxo­phone bary­ton et devient un « ten­tette ». On est au tour­nant de 1970 et la com­po­si­tion de l’orchestre ne chan­ge­ra plus au cours du demi-siècle sui­vant : deux trom­pettes, un trom­bone, trois saxo­phones (alto, ténor, bary­ton), la cla­ri­nette et « les rythmes », comme disait Claude, pia­no, basse, batterie.

Au départ, le réper­toire était très orien­té Duke Ellington/Billy Stray­horn, plus des stan­dards, des airs de comé­dies musi­cales. Adap­ter au for­mat du ten­tette des orches­tra­tions conçues pour des for­ma­tions plus grandes ou plus petites, c’est tout un tra­vail d’arrangeur dont Claude s’est délec­té pen­dant 50 ans. Il insis­tait tou­jours sur le carac­tère ori­gi­nal des arran­ge­ments de l’orchestre, ce qui, dans les concerts, lui fai­sait dire dans ses adresses au public : « Nous sommes ceux qui jouons le mieux cette musique… puisque nous sommes les seuls. »

Dans ses arran­ge­ments, Claude se don­nait des par­ties à la cla­ri­nette, mais sans cher­cher à atti­rer la lumière. Son ins­tru­ment c’était l’orchestre, un « petit grand orchestre » selon son expression.

Pro­gres­si­ve­ment, Claude a fait évo­luer le réper­toire. Alors que, à l’irruption du jazz moderne dans les années 1940, il s’était sen­ti dépas­sé, il pen­sait main­te­nant être de taille à se frot­ter à cette musique. Il a com­men­cé par le style qui avait ses pré­fé­rences, le « jazz cool », un style por­té notam­ment par le trom­pet­tiste Miles Davis et l’arrangeur Gil Evans, et que Claude décrit ain­si : « orches­tra­tions un peu fouillées… recherches d’harmonies et de couleurs… ».

L’ouverture vers le bop et le « Hard Bop » (qui a pris la suite dans les années 1950) va s’accentuer sous l’influence de Paul Ver­non qui rejoint Claude dans le rôle d’arrangeur. À eux deux, ils ont pon­du la qua­si-tota­li­té des quelque 250 arran­ge­ments de l’orchestre, dont près des trois quarts pour Claude.

Aujourd’hui, à côté d’un Elling­ton éter­nel, la plu­part des grandes figures du jazz moderne des années 1940–1960 appa­raissent dans le réper­toire du ten­tette. Des musi­ciens par­ti­cu­liè­re­ment ori­gi­naux voire contro­ver­sés comme Monk ou Min­gus font par­tie des com­po­si­teurs les plus joués. C’est d’ailleurs en réfé­rence à The­lo­nious Monk que Claude a don­né, en novembre 2019 au Temple de Meu­don et en jan­vier 2020 à Jazz à Vian, ses deux der­niers concerts inti­tu­lés « Mon­ky Business ».

Toujours proche de l’X

Au cours de cette seconde époque de son par­cours musi­cal, Claude Aba­die s’est pro­duit un peu par­tout, du Petit-Jour­nal Mont­par­nasse au Jazz à Vian de Ville d’Avray. Le ten­tette est res­té proche de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne : pré­sent pen­dant des années au Bal de l’X (Opé­ra Gar­nier, Opé­ra Bas­tille, Bicen­te­naire de l’École au Châ­teau de Ver­sailles, Grande Halle de la Vil­lette), il a joué au Point Gam­ma et don­né des concerts à la Mai­son des X. L’orchestre a par­ti­ci­pé à Jazz X, la soi­rée des jazz­men poly­tech­ni­ciens dont Claude était l’organisateur, de la pre­mière au New Mor­ning pour le bicen­te­naire de l’X, à sa der­nière par­ti­ci­pa­tion au Petit-Jour­nal en jan­vier 2010, le jour de ses 90 ans.

Un personnage complexe et anticonformiste

Claude Aba­die pos­sé­dait un grand nombre de facettes. Il en révé­lait peu mais il lui arri­vait de lâcher une infor­ma­tion. On appre­nait ain­si que, ancien joueur lui-même, il entraî­nait les jeunes du Racing Club de France au hockey sur gazon. Ou bien com­ment il s’était mis au para­pente à 75 ans et avait aban­don­né à 80 ans parce que, disait-il, « le plus dif­fi­cile, dans le para­pente, c’est l’atterrissage, il faut cou­rir vite ». Il s’était alors remis au tennis.

Dans son bureau de direc­teur géné­ral du CTTB, il sor­tait par­fois des par­ti­tions d’un tiroir pour appor­ter quelques modi­fi­ca­tions avant une répétition.

Il jouait aus­si du clas­sique (musique de chambre, opé­rettes…). Pour être à la hau­teur, lui qui était auto­di­dacte, il avait pris des cours au conser­va­toire de Neuilly. Il racon­tait com­ment, à l’issue de la pre­mière séance, le pro­fes­seur lui avait deman­dé s’il était parent avec le célèbre cla­ri­net­tiste de jazz…

C’était un anti­con­for­miste, un brin pro­vo­ca­teur. Dans les années 1980, il s’était fait faire deux cartes de visite, l’une avec la men­tion « Claude Aba­die Intel­lec­tuel de droite », ce qui avait tout de l’oxymore à l’époque, l’autre qui disait « Claude Aba­die Co-record­man du monde du relais mixte 1000 x 100 m nage libre », record effec­ti­ve­ment éta­bli par le Racing en 1969 et amé­lio­ré en 1982.

Ani­mé d’une pas­sion intacte pour le jazz, Claude parais­sait indes­truc­tible. Il avait bien un pro­blème de vue qui le gênait pour lire les par­ti­tions, mais il s’en tirait parce qu’il les connais­sait par cœur ! Il avait dû néan­moins renon­cer au scoo­ter, son véhi­cule de tou­jours. Il avait 95 ans.

Claude Abadie au festival Jazz à Vian
Fes­ti­val Jazz à Vian du Cen­te­naire – Ville d’Avray (19÷01÷2020). De gauche à droite : Luc Tri­quet, Jean-Louis Bis­son, Ber­nard Bos­set, Jean-Marc Fari­none, Albert Glo­wins­ki, Jean-Fran­çois Higou­net, Yves Autret, Fer­nand Polier, Jean-Phi­lippe Win­ter, Claude Abadie.

Un centenaire en concert

Ces der­niers mois, il était vrai­ment fati­gué. Il avait accep­té de par­ti­ci­per une fois encore à Jazz à Vian, fes­ti­val dont il était le par­rain. Cette édi­tion 2020 mar­quait leur cen­te­naire com­mun avec Boris Vian. Après le concert, qu’il était heu­reux et sou­la­gé d’avoir pu mener à bien, la muni­ci­pa­li­té de Ville d’Avray avait célé­bré de belle façon son cen­tième anni­ver­saire. À la répé­ti­tion d’après, début février, il a vu qu’il n’avait plus la force de conti­nuer. Il a sen­ti qu’il était arri­vé au bout du che­min et il a atten­du la fin avec une séré­ni­té impres­sion­nante. Il s’est éteint pai­si­ble­ment dans son som­meil le 29 mars.

Un par­cours hors norme, jusqu’au bout.

Commentaire

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Fran­çois de Larrardrépondre
14 mai 2020 à 18 h 27 min

Un grand mer­ci à Jean et Albert pour ce bel article ! C’est avec beau­coup d’é­mo­tion que j’ap­prends la dis­pa­ri­tion de Claude. Dès mon arri­vée à Palai­seau, en 1979, je l’a­vais contac­té comme « grand ancien jazz­man ». Nous nous étions écrit autour de notre pas­sion com­mune, et depuis je l’ai ren­con­tré de loin en loin. Il m’a­vait invi­té une fois en tant que pia­niste à jouer avec son ten­tette, et nous nous sommes revus à cer­tains bals de l’X, et sur­tout lors des Jazz X, ren­contres musi­cales qu’il avait orga­ni­sées quelques années durant à Paris, dans la pre­mière décen­nie des années 2000. J’ai de l’ad­mi­ra­tion pour son par­cours – même si cet article m’ap­prend que son ten­tette s’é­tait inter­rom­pu pen­dant plu­sieurs décen­nies, alors que je croyais qu’il l’a­vait ani­mé sans dis­con­ti­nuer depuis la Guerre jus­qu’à ces der­niers mois ! Cepen­dant, 50 ans de durée de vie pour un ensemble, même si ce n’est que la moi­tié de sa vie, ça force le res­pect ! Son exemple m’a ins­pi­ré dans mon acti­vi­té d’ar­ran­geur : il m’a­vait convain­cu qu’on pou­vait se livrer à cette acti­vi­té musi­cale exi­geante tout en étant ingé­nieur. Et d’ailleurs, il m’a­vait encou­ra­gé dans cette voie. Je par­ta­geais aus­si avec lui un goût égal, et une pra­tique, pour le jazz et la musique clas­sique. Bref, c’est un per­son­nage excep­tion­nel de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne qui nous quitte, le « Par­rain » de tous les X jazz­men, et qui va nous man­quer… Il fau­drait faire à Palai­seau un petit fes­ti­val à sa mémoire… Après le Covid ?

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