Rodolphe Greif

Rodolphe Greif (59) figure emblématique du corps des Mines

Dossier : TrajectoiresMagazine N°755 Mai 2020Par Francis BEHR (59)

Décé­dé en février der­nier, Rodolphe Greif, ingé­nieur géné­ral des Mines, a consa­cré sa vie pro­fes­sion­nelle au Ser­vice public en enchaî­nant les postes à haute res­pon­sa­bi­li­té dans les domaines de l’exploitation minière, de la chi­mie et de la métallurgie.

Né à Stras­bourg en octobre 1940 (sous l’occupation alle­mande), notre cama­rade a reçu le pré­nom « admi­nis­tra­tif » de Rodolphe, accep­té par l’occupant qui avait récu­sé le Jean-Pierre, sou­hai­té par ses parents. Après ses études à Stras­bourg, il entre à l’X en 1959 et en sort major et rejoint le corps des Mines. Il com­mence sa car­rière à Cler­mont-Fer­rand et, rapi­de­ment, est appe­lé à des postes à res­pon­sa­bi­li­té, en pre­mier lieu au minis­tère de l’Industrie dans la direc­tion char­gée des indus­tries minières et des métaux. Il est ensuite char­gé du déve­lop­pe­ment des machines-outils à la Régie Renault.

En 1979, il est nom­mé pré­sident du direc­toire des Mines de potasse d’Alsace à Mul­house, entre­prise publique en pleine évo­lu­tion. Il est ensuite appe­lé en 1982 au poste de pré­sident du direc­toire de l’Entreprise minière et chi­mique, mai­son mère des MDPA, où il offi­cie­ra pen­dant douze ans.

Il sera ensuite direc­teur des construc­tions navales au minis­tère de la Défense de 1997 à 2000. Dans ce poste, il doit faire face à la baisse des cré­dits d’équipement mili­taire ; pour acti­ver la sépa­ra­tion entre la DCN éta­tique et la DCN indus­trielle, il met en place le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal des acti­vi­tés indus­trielles, avec le déve­lop­pe­ment des plates-formes off­shore, et les contrats de construc­tion de navires pour l’exportation. Il doit éga­le­ment gérer au mieux la dimi­nu­tion pro­gram­mée des effectifs.

De l’industrie à la gestion du corps des Mines

En 1997 il devient vice-pré­sident du conseil géné­ral des Mines, chef de corps, c’est-à-dire déte­nant l’autorité hié­rar­chique sur tous les ingé­nieurs géné­raux des Mines, qu’il diri­ge­ra jusqu’à sa retraite en 2006. Pen­dant cette période, il s’est beau­coup impli­qué dans la ges­tion des car­rières des ingé­nieurs des Mines et dans l’évolution des écoles des Mines : orien­ta­tion inter­na­tio­nale grâce l’échange de pro­fes­seurs et d’élèves, rap­pro­che­ment avec d’autres écoles en vue de la consti­tu­tion d’un pôle scien­ti­fique et tech­nique com­pa­rable aux plus célèbres uni­ver­si­tés amé­ri­caines. En 2000, il cumule ses fonc­tions au conseil géné­ral des Mines en étant nom­mé conseiller d’État en ser­vice extra­or­di­naire, poste dans lequel il exer­ce­ra une forte influence sur les dos­siers rela­tifs aux sujets indus­triels et miniers en par­ti­cu­lier. Homme de convic­tion, il savait don­ner confiance et s’engager pour de justes causes.

Priorité à l’humain

C’était un homme de grande culture, mélo­mane et lui-même musi­cien accom­pli, s’exprimant avec aisance dans de mul­tiples langues étran­gères (anglais, alle­mand, espa­gnol), et amou­reux de l’art et de la vie. Il a toute sa vie don­né une prio­ri­té à l’humain, au dia­logue, avec le goût de convaincre plu­tôt que d’imposer. Il a tou­jours ins­pi­ré res­pect et confiance. On connais­sait sa grande géné­ro­si­té, qui le condui­sait à être un dona­teur régu­lier, par exemple à la Fon­da­tion Mines Paris­Tech.

Il avait construit une famille magni­fique ; lui et son épouse vivaient aimés et res­pec­tés au milieu de leurs six enfants d’abord, qu’il ani­mait lui-même comme une joyeuse équipe, et plus tard dix petits-enfants qui l’ont entou­ré affec­tueu­se­ment jusqu’à la fin de sa vie, et même après la dégra­da­tion de son état de santé.

En effet, peu après son départ à la retraite, il a com­men­cé de vivre un long che­min de près de dix ans : il était atteint par la mala­die à corps de Lewy, qui ne lais­sait aucune place à l’espoir de gué­ri­son, et qui l’a pri­vé gra­duel­le­ment de la plu­part de ses facul­tés. Il a été sou­te­nu pen­dant toute cette longue période par son admi­rable épouse qui a tout fait pour qu’il puisse s’éteindre au milieu des siens.

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