Victimes et après

Victimes, et après ?

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°752 Février 2020Par :

Arthur Dénouveaux (2005) et Antoine Garapon

Editeur : Gallimard, collection Tracts n° 10, novembre 2019

Victime et après ? Un ouvrage sur le statut des victimes d'attentatsArthur Dénou­veaux, X 2005, res­ca­pé de l’attentat du Bata­clan, et Antoine Gara­pon, magis­trat et secré­taire géné­ral de l’Institut des hautes études sur la jus­tice, viennent de faire paraître un essai sur la vic­time. Les deux auteurs s’interrogent sur le rôle que l’on attri­bue aux vic­times, leur rela­tion avec la socié­té et les dif­fi­cul­tés qu’elles doivent sur­mon­ter pour réin­té­grer leur vie. Les vic­times, estiment-ils, sont dépo­si­taires des maux de la socié­té et, en tant que telles, immolées. 

Mais, si dans le pas­sé la figure cen­trale était la vic­time, aujourd’hui ce rôle est attri­bué au cri­mi­nel et les sur­vi­vants doivent se retrou­ver au-delà de leur souf­france sur laquelle on se foca­lise. Les vic­times se sentent incom­prises. Elles ne repré­sentent plus qu’une source de légi­ti­mi­té pour le pou­voir poli­tique dans la mesure où l’acte ter­ro­riste cherche à détruire la sécu­ri­té dont il est garant. Et inter­viennent dans le scé­na­rio une foule d’autres acteurs (poli­ciers, juges, avo­cats, psy­cho­logues, jour­na­listes), qui détruisent l’intimité de la vic­time. Or, les vic­times ont besoin de s’approprier l’expérience qu’ils ont vécue.

Venger le mal par le bonheur

Puis vient le pro­cès : des paroles, alors que les vic­times sont à la recherche de « la véri­té » ! La recherche d’une équi­va­lence illu­soire entre pré­ju­dice et répa­ra­tion finan­cière ne fait que com­pli­quer le pro­blème et enferme la vic­time, tan­dis qu’elle fait sur­gir des faus­saires divers… Le sur­vi­vant a droit à l’oubli et à l’anonymat. Son besoin de ces­ser d’être vic­time passe obli­ga­toi­re­ment par le rap­pro­che­ment avec d’autres vic­times qui sont en train de faire le même che­min, un che­min qu’il est dif­fi­cile de faire seul ! Il faut sur­vivre. C’est en « ven­geant le mal par le bon­heur » qu’elles peuvent sor­tir de l’enfermement qu’elles vivent. Pour citer les auteurs : « La socié­té réprime, la vic­time sublime ! » Il y existe donc un espoir après l’horreur…

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