Le monde du luxe : entre tradition et digital

Dossier : 225e anniversaire de l'École polytechniqueMagazine N°749 Novembre 2019
Par Arnaud CAPDEVILLE (91)

La mai­son Louis Vuit­ton est taillée pour per­mettre aux jeunes poly­tech­ni­ciens de décou­vrir des métiers indus­triels et tra­di­tion­nels dans un envi­ron­ne­ment pas­sion­nant. Le point avec Arnaud Cap­de­ville (91) Direc­teur Qua­li­té de Louis Vuitton.

La maison Louis Vuitton fête cette année ses 165 ans. Comment a‑t-elle réussi à combiner tradition et modernité ?

Nous avons réus­si à main­te­nir notre savoir-faire arti­sa­nal au fil des décen­nies. Nos pro­duits sont réa­li­sés dans nos ate­liers ( essen­tiel­le­ment en France, mais aus­si en Ita­lie, Espagne et États-Unis) en nous appuyant sur une école interne de for­ma­tion qui forme nos arti­sans et per­met de main­te­nir nos traditions.
Cepen­dant, Louis Vuit­ton a éga­le­ment tou­jours inno­vé. Cela se tra­duit par le déploie­ment des nou­velles tech­no­lo­gies comme la blo­ck­chain pour assu­rer la tra­ça­bi­li­té de nos matières, le big data pour mieux com­prendre ce que disent sur les réseaux sociaux nos clients sur la qua­li­té de nos pro­duits ou bien encore le lean manu­fac­tu­ring qui nous per­met d’adapter en per­ma­nence la fabri­ca­tion de nos ate­liers aux attentes de nos clients. C’est d’ailleurs cette capa­ci­té à inno­ver et à se remettre en ques­tion en per­ma­nence qui m’ont atti­ré chez Louis Vuit­ton après une car­rière dans l’industrie agroalimentaire.

L’innovation technologique est un axe stratégique pour Louis Vuitton. Quels sont les sujets qui vous mobilisent dans ce cadre ?

Bien que nous soyons his­to­ri­que­ment un mal­le­tier et un maro­qui­nier, nous n’avons pas hési­té à nous lan­cer dans de nou­veaux métiers très tech­no­lo­giques avec la concep­tion, la fabri­ca­tion et la com­mer­cia­li­sa­tion de montres ou d’écouteurs connec­tés. Pour marier har­mo­nieu­se­ment le luxe et le digi­tal, nous avons noué des par­te­na­riats avec des socié­tés tech­no­lo­giques de la Sili­con Val­ley. Il s’agit d’allier nos savoir-faire arti­sa­naux ances­traux avec l’utilisation des nou­velles tech­no­lo­gies. C’est pour­quoi nous avons éga­le­ment fait le choix de nous lan­cer dans le par­fum. C’est tout un nou­vel uni­vers pour Louis Vuit­ton qui sup­pose l’acquisition de nou­veaux savoir-faire. Cet aspect illustre par­fai­te­ment notre capa­ci­té à nous réin­ven­ter en per­ma­nence et conso­lide notre posi­tion­ne­ment dans l’univers du luxe.

Sur un plan plus personnel, quel est votre périmètre d’action et quels sont les principaux enjeux propres à vos fonctions ?

Nous sommes une entre­prise très inté­grée puisque nous avons nos propres tan­ne­ries, nous fabri­quons dans nos ate­liers et com­mer­cia­li­sons nos pro­duits dans nos réseaux de maga­sins en propre. Ain­si, mon péri­mètre d’action est très vaste, allant des matières pre­mières jusqu’au client final en pas­sant par nos ate­liers de fabri­ca­tion ; un jour tra­vaillant sur nos malles à Asnières, le len­de­main dans notre manu­fac­ture d’horlogerie à Genève !

J’évolue aus­si dans un uni­vers très inter­na­tio­nal. J ’ai besoin d’aller régu­liè­re­ment au contact de nos clients et de nos ven­deurs pour bien com­prendre leurs attentes et leurs besoins. Nous sommes ame­nés à nous adap­ter à leurs attentes en pri­vi­lé­giant une véri­table démarche de proximité.

Ingénieur de formation, quels sont les atouts de votre formation pour un poste tel que le vôtre ? Qu’est-ce que des profils scientifiques peuvent apporter à des acteurs comme Louis Vuitton ?

Être diplô­mé de l’X, c’est béné­fi­cier d’une véri­table ouver­ture d’esprit pour pou­voir se réin­ven­ter tout au long de sa car­rière. Je capi­ta­lise au quo­ti­dien sur ma for­ma­tion à Poly­tech­nique puisqu’elle m’a don­né une cer­taine rigueur intel­lec­tuelle ain­si que de solides com­pé­tences en com­mu­ni­ca­tion me per­met­tant d’échanger avec des inter­lo­cu­teurs divers et variés, du desi­gner à l’artisan dans la même jour­née ! Nos besoins en recru­te­ment s’élèvent à 6000 per­sonnes pour les 3 pro­chaines années. Nous sommes à la recherche de talents dans les métiers de l’industriel et de la sup­ply-chain notam­ment des chefs d’équipes pour enca­drer nos arti­sans, des ingé­nieurs méthodes, des busi­ness ana­lysts, des sales pla­ners… Nous leur offrons des pers­pec­tives de car­rière pro­met­teuses et une mobi­li­té pro­fes­sion­nelle et géo­gra­phique enrichissante.

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