François Gayet en Grand Uniforme de l'Ecole polytechnique

François Gayet (64), une vie au service de la Défense nationale et de l’industrie

Dossier : TrajectoiresMagazine N°749 Novembre 2019
Par Denis RANQUE (70)

Décé­dé le 12 sep­tembre der­nier, Fran­çois Gayet a été, tout au long de sa car­rière, d’une très grande fidé­li­té ; fidé­li­té à une entre­prise, Thom­son-CSF deve­nue Thales, à un sec­teur, l’industrie aéro­nau­tique et de Défense, et à une mis­sion : la Défense de notre pays et de notre Europe.

À sa sor­tie de l’X, il choi­sit le corps des ingé­nieurs de l’Armement et SupAé­ro à Tou­louse. Il se per­fec­tionne aus­si aux États-Unis, à Stan­ford, créant avec ce pays des liens qu’il main­tien­dra toute sa vie.

Après quelques années au ser­vice direct de l’État, à la DGA, il décide de pour­suivre la même mis­sion, mais dans le cadre de l’industrie, en pas­sant chez Thom­son-CSF, où il res­te­ra jusqu’à sa retraite. Il y a occu­pé des fonc­tions très variées, cou­vrant beau­coup des acti­vi­tés du Groupe, l’avionique, l’optronique, les sys­tèmes de radio tac­tiques, les sys­tèmes aériens. Dans ces deux der­niers sec­teurs, il par­vient aux fonc­tions de direc­tion les plus élevées.

Au début des années 2000, Fran­çois retrou­ve­ra les États-Unis en étant res­pon­sable de Thales en Amé­rique du Nord, redres­sant nos acti­vi­tés amé­ri­caines, alors mal en point, et sur­tout renouant une rela­tion de confiance du Groupe avec les auto­ri­tés amé­ri­caines. Tout cela à un moment très dif­fi­cile, celui de la seconde guerre du Golfe, à laquelle la France avait ten­té de s’opposer, et donc où il ne fai­sait pas bon être fran­çais à Washington.

À son retour à Paris, je lui ai confié la coor­di­na­tion de toutes nos affaires en France, où il a pu amé­lio­rer signi­fi­ca­ti­ve­ment nos rela­tions avec notre pre­mier client, la DGA, notam­ment en réus­sis­sant à faire tra­vailler ensemble toutes nos divi­sions, ce qui deman­dait téna­ci­té et diplomatie !

Un promoteur de l’industrie française

Par­ve­nu à l’âge de la retraite, Fran­çois Gayet décide de ne pas déte­ler et passe à l’étage euro­péen en étant choi­si comme direc­teur de l’ASD, l’Association des indus­tries aéro­spa­tiales et de défense de l’Europe. Il y fera un tra­vail consi­dé­rable d’organisation interne, et de pro­mo­tion de cette indus­trie, sachant éta­blir un consen­sus et des ini­tia­tives coor­don­nées dans cet ensemble pour­tant si divers et si complexe.

Quand il revient à Paris en 2012, ayant moi-même quit­té Thales, je le convaincs de faire encore un peu de route à mes côtés en deve­nant le délé­gué géné­ral du Cercle de l’industrie, que je pré­side alors, asso­cia­tion dédiée à la pro­mo­tion de l’industrie fran­çaise. Tâche dont il s’acquittera à mer­veille, à la satis­fac­tion géné­rale, alors même qu’il sur­monte une pre­mière attaque de la mala­die qui vient de l’emporter.

J’ai tou­jours été frap­pé au cours de notre long par­cours com­mun, par les qua­li­tés humaines de Fran­çois. Par sa bien­veillance, son sou­ci de com­prendre et d’aider, par son apti­tude à créer de la cohé­sion et du consen­sus. Aus­si n’ai-je pas été sur­pris, au cours de ces der­niers jours, de rece­voir de ses anciens col­lègues une série de témoi­gnages spon­ta­nés, una­nimes et tel­le­ment convergents.

Une fidélité sans faille

Je ne peux pas les citer tous mais tous sou­lignent les valeurs qui ani­maient Fran­çois Gayet : la fidé­li­té d’abord, à l’entreprise, à ses amis, à son pays. La loyau­té et la droi­ture ; la rigueur et l’engagement. Mais aus­si l’attention por­tée aux autres, la ser­via­bi­li­té, l’esprit d’équipe et le sens de l’intérêt général.

Ses valeurs étaient soli­de­ment ancrées en lui, enra­ci­nées dans sa foi chré­tienne. Et cer­tai­ne­ment nour­ries et sou­te­nues par sa vie fami­liale et ses enga­ge­ments béné­voles. Ces valeurs, il n’en par­lait pas, il ne les affi­chait pas, mais il les vivait, en toute authenticité.

Pour nous tous, Fran­çois res­te­ra une vivante démons­tra­tion que l’on peut conci­lier des pro­fondes valeurs humaines et des solides convic­tions chré­tiennes, avec une vie pro­fes­sion­nelle réus­sie, au ser­vice de l’entreprise, de notre pays, et de la Défense nationale. 

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