Retournement des entreprises : la prévention avant tout !

Dossier : SupplémentMagazine N°748 Octobre 2019
Par Olivier MARION

Oli­vier Marion, pré­sident de l’ARE, revient pour nous sur la rai­son d’être de cette asso­cia­tion qui s’est don­né pour mis­sion d’aider les entre­prises à mieux anti­ci­per leurs dif­fi­cul­tés et à les trai­ter le plus en amont pos­sible afin de maxi­mi­ser les options pour sor­tir d’une situa­tion de crise. Explications.

L’ARE a vu le jour en 2002. Pou­vez-vous nous rap­pe­ler le contexte autour de sa créa­tion et les évo­lu­tions connues par l’association ?

L’Association pour le Retour­ne­ment de l’Entreprise a été créée en 2002 par Nico­las de Ger­may, notre pré­sident fon­da­teur. À sa créa­tion, l’ARE avait l’ambition de ras­sem­bler l’ensemble des pro­fes­sion­nels autour de cette thé­ma­tique de la pré­ven­tion des dif­fi­cul­tés, quels que soient leurs champs d’expertise. C’est une sin­gu­la­ri­té forte de notre asso­cia­tion : dès sa créa­tion, les membres fon­da­teurs repré­sen­taient déjà les dif­fé­rents métiers qui accom­pagnent les entre­prises durant la phase d’anticipation des dif­fi­cul­tés, de ges­tion de crise et de retour­ne­ment. Par­mi les membres, on compte ain­si des avo­cats, des audi­teurs finan­ciers, des banques, des inves­tis­seurs, des conseils finan­ciers ou encore des admi­nis­tra­teurs judi­ciaires ras­sem­blés autour d’un objec­tif prin­ci­pal et com­mun : pro­mou­voir les solu­tions per­met­tant de pré­ve­nir les difficultés.
Si à l’époque, il y avait déjà des pro­fes­sion­nels et des métiers qui accom­pa­gnaient des entre­prises en dif­fi­cul­té, ces solu­tions de pré­ven­tion étaient mécon­nues. En effet, ces phases de crises, dou­lou­reuses, ne sont pas ce que les entre­prises sou­haitent mettre en avant une fois gué­rie. Au-delà de la pro­mo­tion des solu­tions de pré­ven­tion des dif­fi­cul­tés, l’association a aus­si pour objec­tif de cas­ser les idées reçues en expli­quant qu’une crise ou des dif­fi­cul­tés pour une entre­prise font par­tie des cycles de la vie de l’entreprise, mais que sur­tout il existe des solu­tions pour y remé­dier. Notre tra­vail de pré­ven­tion s’appuie sur la prise directe qu’ont nos membres avec les situa­tions de crise, en évo­lu­tion per­ma­nente, et la capa­ci­té que cela nous donne pour pro­po­ser des évo­lu­tions per­ti­nentes à notre ‘‘boîte à outils’’ de trai­te­ment des dif­fi­cul­tés. Nous dif­fu­sons les bonnes pra­tiques en matière de pré­ven­tion à tra­vers l’ensemble du tis­su éco­no­mique et social fran­çais, y com­pris auprès des jeunes géné­ra­tions qui seront les acteurs de l’économie de demain.
En 2002, l’ARE comp­tait 15 membres fon­da­teurs, aujourd’hui, elle regroupe 250 membres issus de l’ensemble des régions fran­çaises et repré­sen­tant une quin­zaine de pro­fes­sions autour de ces situa­tions de crise.

L’association est un véri­table éco­sys­tème dyna­mique ouvert sur son envi­ron­ne­ment, qui cumule une expé­rience et des connais­sances mul­ti­dis­ci­pli­naires sans équivalent.

Aujourd’hui, com­ment résu­me­riez-vous ses mis­sions et ambi­tions ?

La notion de pré­ven­tion est réel­le­ment au cœur de notre rai­son d’être et de notre ADN. Dans ce cadre, nous menons de nom­breux tra­vaux qui sont coor­don­nés par nos comi­tés qui tra­vaillent sur les lois, les tech­niques, les pra­tiques… L’idée est de res­ter en veille per­ma­nente pour contri­buer et par­ti­ci­per à la défi­ni­tion des nou­veaux cadres et solu­tions, notam­ment sur le plan légis­la­tif. Récem­ment, nous nous sommes ain­si pen­chés sur l’évolution du droit des sûre­tés ou encore la trans­po­si­tion de la direc­tive euro­péenne sur l’insolvabilité en droit fran­çais, et nos tra­vaux sur le sujet ont été, et seront, com­mu­ni­qués aux pou­voirs publics, notam­ment le minis­tère de la jus­tice, pour qu’ils puissent uti­li­ser nos recom­man­da­tions selon leur per­ti­nence. Nous avons mené un tra­vail simi­laire dans le cadre de la genèse de la Loi PACTE. Au prin­temps 2017, dans le cadre des élec­tions pré­si­den­tielles, l’ARE avait émis 10 recom­man­da­tions pour favo­ri­ser les entre­prises, l’emploi et l’investissement en France. Nous avons aus­si un comi­té des par­te­na­riats uni­ver­si­taires au tra­vers duquel nous inter­ve­nons dans les écoles et uni­ver­si­tés. C’est un moteur impor­tant de l’association, car il nous per­met de dif­fu­ser notre expé­rience cumu­lée et de pro­mou­voir ces solu­tions de pré­ven­tion. Via un autre comi­té, nous pro­po­sons des for­ma­tions qui sont ouvertes aux membres et à leurs col­la­bo­ra­teurs. Elles sont éga­le­ment dis­pen­sées auprès d’institutions finan­cières et de groupes qui trouvent utile que leurs équipes soient sen­si­bi­li­sées à ces situa­tions. Nous réa­li­sons éga­le­ment des for­ma­tions en par­te­na­riat avec d’autres asso­cia­tions. Cette année, nous avons orga­ni­sé une for­ma­tion en par­te­na­riat avec CCEF, un grou­pe­ment de conseils et d’experts finan­ciers, par exemple. Nous avons aus­si un comi­té inter­na­tio­nal qui tra­vaille sur la pro­mo­tion des oppor­tu­ni­tés que peuvent repré­sen­ter ces entre­prises en dif­fi­cul­té pour des inves­tis­seurs qui sou­hai­te­raient venir inves­tir en France. Nous tra­vaillons aus­si sur la conver­gence des dif­fé­rents cadres dans les­quels ces entre­prises en crise évo­luent. L’idée, en lien avec la direc­tive euro­péenne sur l’insolvabilité, est de pou­voir faire émer­ger une réflexion com­mune avec une dimen­sion inter­na­tio­nale ain­si que de bonnes pra­tiques où les dif­fé­rences d’un pays à un autre ne repré­sen­te­raient plus un frein pour aider les entre­prises à sor­tir de la crise.


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