ImprO2 des comédiens professionnels au secours des managers

Dossier : TrajectoiresMagazine N°748 Octobre 2019
Par Hervé KABLA (84)

En 2012, David Dia­no (97) et son épouse Aude ont créé ImprO2, orga­nisme de for­ma­tion qui uti­lise l’improvisation théâ­trale pour déve­lop­per l’agilité com­por­te­men­tale des cadres.

Quel est le métier d’ImprO2 ?

ImprO2 pro­pose une for­ma­tion aux com­pé­tences com­por­te­men­tales, qui uti­lise l’improvisation théâ­trale comme outil pour aider diri­geants, mana­gers et col­la­bo­ra­teurs à déve­lop­per leur agi­li­té com­por­te­men­tale pour qu’ils atteignent plus vite, mieux et plus serei­ne­ment leurs objec­tifs. La socié­té compte 25 comé­diens-consul­tants diplô­més de grandes écoles de com­merce ou d’ingénieurs et ayant occu­pé des postes à res­pon­sa­bi­li­tés en entre­prise avant de deve­nir comé­diens professionnels.

Comment t’est venue l’idée ?

Dans nos vies pro­fes­sion­nelles anté­rieures, mon épouse et moi nous sommes ren­du compte des bien­faits que la pra­tique de l’impro nous appor­tait en termes de per­for­mance et de séré­ni­té. Nous nous sommes dit que si l’impro nous était si utile pro­fes­sion­nel­le­ment, ça pou­vait aus­si être utile à d’autres !

L’impro est un théâtre sans texte où il s’agit de réa­li­ser sur l’instant des say­nètes, col­lec­ti­ve­ment et sans concer­ta­tion préa­lable. Pour réa­li­ser en ins­tan­ta­né de belles his­toires, les impro­vi­sa­teurs uti­lisent des clés de per­for­mance (écoute de l’autre, accep­ta­tion de ses idées, impli­ca­tion, etc.) qui sont les com­pé­tences com­por­te­men­tales per­met­tant d’être agile, de bien com­mu­ni­quer, convaincre, motiver.

Quel est le parcours des fondateurs ?

Aude est agré­gée d’espagnol et doc­teur de l’université Paris-IV – Sor­bonne. Elle a ensei­gné à l’université tout en fai­sant par­tie, comme moi, d’une troupe d’impro. Pour ma part, X‑Ponts, je me suis tour­né vers la finance (direc­tion du Tré­sor à Ber­cy), le déve­lop­pe­ment (Banque afri­caine de déve­lop­pe­ment, AFD) et vers l’entrepreneuriat (j’ai rejoint une start-up dans le pho­to­vol­taïque avant de mon­ter ImprO2).

ImprO2 est une aven­ture entre­pre­neu­riale et amou­reuse : Aude et moi nous sommes ren­con­trés à 15 et 17 ans au club théâtre de notre lycée.

Qui sont les concurrents ?

Les 40 000 orga­nismes de for­ma­tion exis­tant en France ! Beau­coup sont deve­nus nos par­te­naires : grâce à notre offre dif­fé­ren­ciante par l’impro, nous inter­ve­nons au sein d’universités d’entreprise, de grandes écoles ou de cabi­nets de conseil et for­ma­tion sou­hai­tant se doter de notre méthode innovante.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?

ImprO2, créée en mars 2012, a obte­nu, en 2014, la Cer­ti­fi­ca­tion 4 Colors®, un outil de décryp­tage des per­son­na­li­tés, puis en 2015, la cer­ti­fi­ca­tion OPQF, label qua­li­té de réfé­rence pour les orga­nismes de for­ma­tion. En 2018, nous nous asso­cions avec le théâtre Impro­vi­dence et des for­ma­tions ImprO2 deviennent éli­gibles au compte per­son­nel de for­ma­tion. Enfin, en jan­vier der­nier, Aude et moi avons publié un livre : Explo­rez vos talents. Révé­lez la meilleure ver­sion de vous-même grâce à l’impro ! (cf. J&R d’avril 2019).

En sept ans, nous avons for­mé plus de 24 000 sta­giaires, pro­ve­nant de plus de 400 entre­prises dif­fé­rentes, prin­ci­pa­le­ment des grands groupes. Nous inter­ve­nons en outre au sein de 8 grandes écoles dont HEC Exe­cu­tive Education.

Quelles sont les limites de l’impro théâtrale ?

Pra­ti­quer l’impro per­met de déve­lop­per ses com­pé­tences com­por­te­men­tales, mais n’est pas utile pour savoir faire un point de croix. Si on entend « limites » au sens de « contours », celles de l’impro sont très impor­tantes : ce sont les règles qui font qu’une impro marche. L’impro, c’est tout sauf le flou artis­tique : les impro­vi­sa­teurs doivent être pré­cis dans leurs pro­po­si­tions de jeu, s’écouter, accep­ter les idées des autres, rebon­dir des­sus. Pra­ti­quer l’impro, c’est s’entraîner à déve­lop­per des com­pé­tences pré­cises grâce au res­pect des règles de la discipline.

Quels sont ses atouts par rapport à d’autres modes de formation ?

Ce mode de for­ma­tion se dif­fé­ren­cie d’approches clas­siques où les appre­nants reçoivent le savoir de manière « des­cen­dante », théo­rique et glo­bale. Une for­ma­tion par l’impro est fon­dée sur la puis­sance péda­go­gique du jeu, voie royale pour apprendre vite et bien, grâce au plai­sir res­sen­ti. Elle est cen­trée sur l’apprenant qui expé­ri­mente par lui-même, fon­dée sur l’expérientiel,
la théo­rie venant après la pra­tique. Elle est aus­si kines­thé­sique, le corps et les émo­tions per­met­tant une meilleure mémo­ri­sa­tion, basée sur la dédra­ma­ti­sa­tion de l’erreur pour une pro­gres­sion en confiance.

Ce qui nous dif­fé­ren­cie, c’est avant tout une approche décul­pa­bi­li­sante (il est nor­mal de ne pas savoir a prio­ri com­ment lâcher prise, faire confiance, convaincre, etc., et il est pos­sible d’apprendre en s’entraînant), joyeuse, entraî­nante, et bien­veillante, source d’énergie pour tes­ter de nou­veaux com­por­te­ments, et qui fait la part belle aux forces des par­ti­ci­pants : nous fai­sons émer­ger leurs talents pour les faire pro­gres­ser en confiance.

Que constates-tu de différent chez les managers passés par ton organisme de formation ?

Ils nous disent repar­tir avec une éner­gie décu­plée. Ils ont expé­ri­men­té leurs forces, ont pro­gres­sé dans la joie et dans un esprit de codé­ve­lop­pe­ment. Un retour fré­quent : « Je ne pen­sais pas que j’allais être capable d’écoute, de lâcher-prise, d’audace. Je me suis révélé(e). Je repars avec une meilleure connais­sance de moi-même et beau­coup de confiance. »

Y a‑t-il des secteurs / métiers pour lesquels cela marche mieux que pour d’autres ?

L’impro marche par­tout puisqu’elle per­met de déve­lop­per l’agilité des êtres humains. Nous inter­ve­nons dans les sec­teurs les plus divers et répon­dons aux besoins essen­tiels de nos clients : moti­ver mes équipes, amé­lio­rer mon mana­ge­ment, boos­ter mes ventes en ren­dant excep­tion­nelle l’expérience client, cap­ti­ver et convaincre mon audi­toire, être femme et oser. ImprO2 est le pre­mier à avoir déve­lop­pé des for­ma­tions par l’impro à des­ti­na­tion des femmes diri­geantes et managers.

Certaines personnes décident-elles de se réorienter après ?

Dans le théâtre ? Non, car notre objec­tif n’est pas de faire des par­ti­ci­pants des comé­diens, mais d’utiliser l’impro comme un outil pour les aider à gagner en agi­li­té comportementale.

Il y a « réorien­ta­tion » au sens où, après la for­ma­tion, les par­ti­ci­pants repartent avec des clés per­son­na­li­sées pour encore mieux mana­ger, faire preuve de lea­der­ship, vendre, négo­cier, prendre la parole, convaincre. En explo­rant leurs talents, ils ont appris à révé­ler « la meilleure ver­sion d’eux-mêmes » au ser­vice de leurs objectifs.

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10 ques­tions à un X entre­pre­neur # 46 – David Dianorépondre
12 novembre 2019 à 16 h 14 min

[…] S’adressant à un public de cadres en entre­prise, ImprO2 a for­mé près de 24 000 per­sonnes depuis ses débuts il y a 7 ans, en pro­ve­nance de 400 socié­tés dif­fé­rentes. Quels sont les sec­teurs les plus pro­pices à ce type d’approche, com­ment en res­sortent les per­sonnes pas­sées par ces stages, arrive-t-il que cer­tains sta­giaires changent de par­cours par la suite, voi­ci cer­taines des ques­tions aux­quelles David répond dans cet article, comme tou­jours dis­po­nible sur le site de La Jaune et la Rouge. […]

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