Piotr Ilitch Tchaïkovski : Manfred Felix Mendelssohn : Songe d’une nuit d’été

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°747 Septembre 2019
Par Marc DARMON (83)

Direc­tion : Ric­car­do Chailly, Fes­ti­val de Lucerne

Un DVD ou Blu-ray Accen­tus ACC10438

Depuis que Ric­car­do Chailly est en charge de l’Orchestre du Fes­ti­val de Lucerne, orchestre recréé par Abba­do sur une idée de Tos­ca­ni­ni au début des années 2000 avec ses musi­ciens favo­ris venant des plus grands orchestres mais aus­si solistes et spé­cia­listes de musique de chambre, l’orchestre s’est enri­chi d’artistes du Gewand­haus de Leip­zig, l’Orchestre prin­ci­pal diri­gé par Chailly depuis 2005. On y trouve tou­jours les musi­ciens qui font le socle du legs d’Abbado à Lucerne (ses sym­pho­nies de Mah­ler fil­mées ici sont la publi­ca­tion en DVD la plus impor­tante depuis vingt ans dans le domaine de la musique clas­sique en image), dont tou­jours Wol­fram Christ (l’altiste de Kara­jan !) et son fils, et Cle­mens Hagen (les quatre membres du Qua­tuor Hagen étaient déjà pré­sents sur les pre­miers films d’Abbado à Lucerne), et bien d’autres.

Par­mi tous ces musi­ciens magni­fiques, don­nons une men­tion spé­ciale pour les bois magni­fiques, cla­ri­nettes, cla­ri­nette basse, flûtes en bois, cor anglais. Et nous voyons, comme pour la seconde sym­pho­nie de Mah­ler, les grandes orgues de Lucerne sor­ties, sou­te­nant la fin du der­nier mouvement.

Mahler par Chailly

Ric­car­do Chailly est un des chefs les plus appré­ciés actuel­le­ment. Nous le sui­vons depuis long­temps, avant qu’il soit nom­mé très jeune (à trente-cinq ans !) à la tête du magni­fique Orchestre du Concert­ge­bouw d’Amsterdam. Avoir diri­gé deux des quatre plus beaux orchestres d’Europe (avec Ber­lin et Vienne), Amster­dam puis Leip­zig, lors de ses trente der­nières années de car­rière, montre assez l’exceptionnelle qua­li­té de ce chef. Chez le même édi­teur, il a publié toutes les sym­pho­nies de Mah­ler en DVD (et Blu-ray, pré­fé­rable). Dans cette somme Mah­ler, Chailly prend le par­ti de ne pas rajou­ter de sen­ti­men­ta­li­té dans son inter­pré­ta­tion, consi­dé­rant que la lettre des par­ti­tions de Mah­ler sont suf­fi­sam­ment riches en effets sen­ti­men­taux. C’est une approche défen­dable, et par­fai­te­ment réa­li­sée, mais j’ai la fai­blesse de pré­fé­rer la ver­sion d’Abbado citée plus haut (et com­men­tée ici en 2008 et 2011).

Tchaïkovski et Mendelssohn

Pro­gramme lit­té­raire avec des œuvres de deux grands roman­tiques d’après Sha­kes­peare et Lord Byron. La Sym­pho­nie Man­fred de Tchaï­kovs­ki est en quelque sorte une sep­tième sym­pho­nie du com­po­si­teur, com­po­sée entre la qua­trième et la cin­quième. Ses six autres sont natu­rel­le­ment très ima­gées sous-titrées Pathé­tique, Rêve d’hiver, Polo­naise, Petite Rus­sie et emplies d’un pathos et d’un sens du tra­gique assez recon­nais­sable. Tchaï­kovs­ki a éga­le­ment com­po­sé de nom­breuses œuvres à pro­gramme, Roméo et Juliette, Fran­ces­ca da Rimi­ni… Mais Man­fred est sa seule sym­pho­nie à pro­gramme, ter­mi­née en 1886. Elle est dédiée à Bala­ki­rev, qui avait pro­po­sé le pro­jet de com­po­ser d’après le poème de Byron à Ber­lioz vingt ans aupa­ra­vant, et qui a fina­le­ment réus­si à convaincre Tchaïkovski.

L’interprétation de Chailly est comme on s’y atten­dait majes­tueuse et brillante à la fois, si bien que l’on pro­fite d’un grand moment de qua­li­té musi­cale et ins­tru­men­tale pure, tout en sui­vant une musique à pro­gramme dont les musi­ciens font res­sor­tir la varié­té des situa­tions et des sen­ti­ments des per­son­nages de Lord Byron.

En com­plé­ment de pro­gramme, la musique de scène que Felix Men­dels­sohn com­po­sa pour Le Songe d’une nuit d’été de Sha­kes­peare, dont l’ouverture que Men­dels­sohn com­po­sa à seize ans. Cinq mor­ceaux joués avec la légè­re­té néces­saire mal­gré la richesse des timbres de cet orchestre magnifique.

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