Entreprises brésiliennes, émergence sur le marché mondial

Dossier : Le BrésilMagazine N°626 Juin/Juillet 2007Par Georges CHAIX (59)

EMBRAER : 4e constructeur mondial d’avions commerciaux

EMBRAER – Faits marquants
1969  Créa­tion à l’i­ni­tia­tive de l’É­tat brésilien 
1972 

EMBRAER : 4e constructeur mondial d’avions commerciaux

EMBRAER – Faits marquants
1969  Créa­tion à l’i­ni­tia­tive de l’É­tat brésilien 
1972  Pre­mier Ban­dei­rante, 1518 places  500 livrés 
1985  Pre­mier Bra­si­lia, 30 places  350 livrés 
1996  Pre­mier jet régio­nal, 50 places  900 livrés 
2000  Cota­tion en Bourse de la société 
2004  Jets régio­naux 170195, 70 à 108 places 

100 livrés 

400 commandés 


Pen­dant les pre­mières décen­nies, Embraer a pro­gres­si­ve­ment acquis les com­pé­tences tech­no­lo­giques indis­pen­sables au déve­lop­pe­ment de ses fabri­ca­tions. Si pour la mise au point du Ban­dei­rante, Embraer a fait appel au spé­cia­liste fran­çais Max Hol­ste, ulté­rieu­re­ment la concep­tion et la pro­duc­tion des appa­reils ont été assu­rées par les équipes bré­si­liennes. Le rythme de pro­gres­sion rela­ti­ve­ment faible (treize années se sont écou­lées entre la livrai­son du Ban­dei­rante et du Bra­si­lia) s’ex­plique en par­tie par la fai­blesse des dota­tions bud­gé­taires publiques dont dépen­dait Embraer. 

Don­nées finan­cières en mil­liard de USD (fin 2006)
Chiffre d’af­faires : 3,5
Expor­ta­tions : 3,0
Résul­tat net : 0,27
Fond propres : 2,1
Capi­ta­li­sa­tion bour­sière : 7,5
Nombres employés : 12 600
Filiales : USA – France – Por­tu­gal – Argen­tine – Chine 

L’ac­cueil favo­rable réser­vé au Bra­si­lia par les com­pa­gnies régio­nales étran­gères confirme la qua­li­té de l’ap­pa­reil qui, bien qu’ar­ri­vé tar­di­ve­ment sur le mar­ché, a été livré en 350 exem­plaires dont 200 aux USA. De même, l’é­tude du jet régio­nal de 50 places, suc­ces­seur du Bra­si­lia, lan­cée dans les années de pleine crise éco­no­mique du Bré­sil, n’a­bou­tis­sait pas faute de ressources. 

La pri­va­ti­sa­tion, en 1994, a réso­lu les pro­blèmes des moyens et a appor­té une plus grande dyna­mique com­mer­ciale : les nou­veaux modèles du jet régio­nal de 50 places ont été rapi­de­ment livrés. Leur suc­cès a été sui­vi d’une forte amé­lio­ra­tion des per­for­mances finan­cières, ren­dant pos­sible une intro­duc­tion à la bourse de São Pau­lo et une cota­tion à New York en 2000. Les nou­velles res­sources ain­si géné­rées, ont per­mis le lan­ce­ment de la série des EMR 170195 dont l’in­ves­tis­se­ment glo­bal s’est éle­vé à envi­ron un mil­liard de dol­lars. Ces équi­pe­ments sont opti­mi­sés pour les liai­sons régio­nales et offrent des sièges par kilo­mètre à des prix très com­pé­ti­tifs : le pari semble gagné vu le suc­cès rem­por­té à ce jour (plus de 400 exem­plaires com­man­dés fin 2006). 


Glo­ba­le­ment, la flotte d’Em­braer fin 2005 était la qua­trième du monde, avec 1 382 appa­reils, après Bom­bar­dier (2 307), Air­bus (4 092) et Boeing (10 715). Il est pro­bable qu’en 2007, Embraer occu­pe­ra la troi­sième posi­tion, par le nombre d’ap­pa­reils livrés. 

D’un construc­teur mar­gi­nal, Embraer est incon­tes­ta­ble­ment deve­nu un acteur signi­fi­ca­tif sur le mar­ché des avions régio­naux. Son suc­cès a été pos­sible grâce à la pri­va­ti­sa­tion qui a four­ni les moyens de valo­ri­ser le poten­tiel tech­nique et com­mer­cial accu­mu­lé au préa­lable par l’entreprise. 

COMPAGNIE VALE DO RIO DOCE (CVRD) : 2e groupe minier du monde, leader mondial pour le minerai de fer

Fon­dée en 1942 pour exploi­ter le gise­ment de mine­rai de fer de Ita­bi­ra dans l’É­tat du Minas Gerais, la CVRD est main­te­nant le deuxième groupe minier du monde par la capi­ta­li­sa­tion bour­sière. Lea­der dans la pro­duc­tion et l’ex­por­ta­tion de mine­rai de fer et de pel­lets, la CVRD est aus­si un grand pro­duc­teur de bauxite, alu­mine, alu­mi­nium, potasse, kao­lin, man­ga­nèse et de concen­tré de cuivre. 

Elle est deve­nue en 2006, le lea­der mon­dial de la pro­duc­tion de nickel après l’ac­qui­si­tion du groupe cana­dien INCO, pour plus de 18 mil­liards de USD.
Elle est éga­le­ment le plus impor­tant opé­ra­teur bré­si­lien de ser­vices de logis­tique, admi­nis­trant ses réseaux fer­ro­viaires, ses ports et ter­mi­naux por­tuaires, pour l’é­va­cua­tion de ses pro­duits ou ceux de tiers. 

CVRD – Faits marquants
1942 

Créa­tion à l’initiative de l’État brésilien 

1974 

CVRD four­nit envi­ron 10% du mine­rai expor­té dans le monde 

1986 

Pre­mier embar­que­ment de mine­rai de Carajas-Amazonie 

1980–1995

Diver­si­fi­ca­tion de l’activité dans les pro­duits non ferreux 

1997 

Pri­va­ti­sa­tion de la Compagnie 

1997–2005

Nom­breuses acqui­si­tions au Bré­sil et à l’étranger

2006 

• Pro­duc­tion de mine­rai de fer/pellets/272 mil­lions de T 

• Acqui­si­tion de la socié­té cana­dienne INCO 

Sur la période de 2001 à 2006, le résul­tat net a été mul­ti­plié plus de quatre fois (1,3 à 5,7 mil­liards de dol­lars) et la capi­ta­li­sa­tion bour­sière, par huit (de 10 à 79 mil­liards de dollars). 

Bien que la pro­duc­tion de mine­rai de fer ait pra­ti­que­ment tri­plé depuis la pri­va­ti­sa­tion en 1996 (pas­sant de 99 à 272 mil­lions de tonnes), la crois­sance encore plus rapide des pro­duits non fer­reux – sur­tout depuis l’ac­qui­si­tion de la Socié­té INCO, a per­mis de diver­si­fier les résul­tats et les actifs qui seront à l’a­ve­nir moins dépen­dants du Brésil. 

Don­nées finan­cières en mil­liard de USD (fin 2006)
Chiffre d’af­faires : 19,3
Expor­ta­tions : 9,7
Résul­tat net : 5,7
Fond propres : 19,2
Capi­ta­li­sa­tion bour­sière : 79,0
Nombres employés : 40 000
Filiales dans 26 pays répar­ties dans les cinq continents. 

Les rai­sons de ces per­for­mances doivent être recher­chées dans des fac­teurs struc­tu­rels et conjonc­tu­rels de la socié­té et de ses marchés : 

les richesses natu­relles du pays : en 2005, avant l’ac­qui­si­tion du Groupe INCO, 90 % des actifs de la CVRD étaient basés au Bré­sil : dans ce pays, la mise en valeur des res­sources minières est incon­tes­ta­ble­ment encore dans la phase ini­tiale et les gise­ments de qua­li­té per­mettent des per­for­mances supé­rieures à la moyenne mondiale ;
 dès son ori­gine, la CVRD a su réa­li­ser des pro­jets com­plexes cou­vrant à la fois les aspects pure­ment miniers mais éga­le­ment la logis­tique et les infra­struc­tures néces­saires à l’é­va­cua­tion de la pro­duc­tion. C’est ain­si que la Com­pa­gnie a pris en main la construc­tion et la ges­tion de ses réseaux fer­ro­viaires, de ses ports ou de ses ins­tal­la­tions por­tuaires car elle seule était en mesure de trai­ter ces ques­tions avec la tech­ni­ci­té et l’ex­pé­rience requises. Le pro­jet le plus spec­ta­cu­laire fut celui de Cara­jas dans le sud-est de l’A­ma­zo­nie, où il a fal­lu construire une ligne de che­min de fer de plus de mille kilo­mètres et un port en eau pro­fonde à côté de São Luis de Maran­hao pour les­quelles la CVRD fut un maître d’œuvre effi­cace. L’op­ti­mi­sa­tion de ses infra­struc­tures dans leur concep­tion et leur exploi­ta­tion contri­bue sen­si­ble­ment à amé­lio­rer la réac­ti­vi­té et la pro­duc­ti­vi­té de la Compagnie ;
 la pri­va­ti­sa­tion a don­né une nou­velle dyna­mique à l’en­tre­prise en lui appor­tant un accès aux mar­chés finan­ciers inter­na­tio­naux. Pre­nant en compte que les recettes de la CVRD pro­viennent d’ex­por­ta­tion et sont lar­ge­ment indé­pen­dantes de la sol­va­bi­li­té du pays, les banques et les agences d’é­va­lua­tion ont octroyé à la CVRD un « rating » supé­rieur à celui du Bré­sil. Ceci a contri­bué à dimi­nuer le coût des finan­ce­ments des nom­breuses acqui­si­tions réa­li­sées au Bré­sil et à l’ex­té­rieur (INCO et autres) ;
 la conjonc­ture favo­rable de la demande de matières pre­mières a pro­vo­qué la hausse des prix des mine­rais, l’aug­men­ta­tion des volumes et en consé­quence l’a­mé­lio­ra­tion sen­sible des marges et des résultats ;
 la réac­ti­vi­té de la CVRD pour répondre à cette demande et négo­cier les condi­tions de ses ventes a eu un impact impor­tant sur les per­for­mances glo­bales du Groupe. 


En fai­sant l’ac­qui­si­tion du Groupe INCO, la CVRD est incon­tes­ta­ble­ment deve­nue la pre­mière mul­ti­na­tio­nale d’o­ri­gine brésilienne.

GERDAU SA : 14e groupe sidérurgique du monde

GERDAU – Faits marquants
1901 

Acqui­si­tion de la fabrique de clous « Pon­tas de Paris » par Jao Kas­per Gerdau 

1948 

Acqui­si­tion d’une sidé­rur­gie dans le Rio Grande do Sul 

1989 

Acqui­si­tion d’une usine sidé­rur­gique au Canada 

2006 

Pro­duc­tion de 14,8 milions de tonnes d’acier :

• 32 usines sidé­rur­giques dont 21 en dehors du Brésil 

• 52 ate­liers de fabri­ca­tion dont 44 en dehors du Brésil 

• 2e pro­duc­teur d’acier en Amé­rique du Nor­der pro­duc­teur de clous au monde 

• 41% des ventes du Groupe sont effec­tuées dans cette région 

• la socié­té « Pon­tas de Paris » est le 1 

• André Ger­dau, petit-fils du fon­da­teur suc­cède à son père Jorge 


Ce groupe sidé­rur­gique s’est spé­cia­li­sé dans la fabri­ca­tion et la dis­tri­bu­tion des pro­duits longs (fer à béton, fils de fer, pou­trelles) pour le mar­ché de la construc­tion et de l’a­gri­cul­ture. Il uti­lise comme matières pre­mières des fer­railles de récu­pé­ra­tion, de la fonte et éga­le­ment du mine­rai de fer. Ses ins­tal­la­tions sidé­rur­giques sont équi­pées de maté­riel très per­for­mant, uti­li­sant pour la plu­part des fours élec­triques à haut rendement. 

Don­nées finan­cières en mil­liard de USD (fin 2006)
Chiffre d’af­faires : 12,9
Expor­ta­tions :6,8
Résul­tat net : 1,6
Fond propres : 4,6
Capi­ta­li­sa­tion bour­sière : 20,0
Nombres employés : 23 000
Filiales dans 10 pays du monde 

L’o­ri­gi­na­li­té du Groupe repose sur l’im­plan­ta­tion de petites sidé­rur­gies de proxi­mi­té très com­pactes s’ap­pro­vi­sion­nant sur le mar­ché régio­nal des fer­railles et sur une forte inté­gra­tion en aval dans la dis­tri­bu­tion de ses produits. 

Le déve­lop­pe­ment à l’in­ter­na­tio­nal a débu­té en 1989 par l’a­chat d’une sidé­rur­gie au Cana­da qui impor­tait du Bré­sil des pro­duits du Groupe. À cette époque, le Bré­sil tra­ver­sait une crise éco­no­mique très sérieuse et l’o­pé­ra­tion n’a été pos­sible que par le sou­tien excep­tion­nel des banques qui ont mis en place un finan­ce­ment sur la socié­té ache­tée, sans avoir la cer­ti­tude que la garan­tie de la mai­son mère bré­si­lienne pour­rait être effec­tive compte tenu du risque de transfert. 

La socié­té est cotée à la Bourse de São Pau­lo depuis plus de vingt ans et plus récem­ment à New York et à Madrid, ou son « rating » est meilleur que celui du Brésil. 

Il existe deux caté­go­ries d’ac­tions : actions ordi­naires à droit de vote et actions pré­fé­ren­tielles sans droit de vote. Ce dis­po­si­tif a per­mis à la famille de conser­ver la majo­ri­té des actions à droits de vote tout en aug­men­tant le capi­tal en actions préférentielles. 

Le nou­veau pré­sident du direc­toire nom­mé le 1er jan­vier 2007 est le petit-fils du fon­da­teur : un exemple réus­si de capi­ta­lisme fami­lial assez fré­quent au Brésil. 

Conclusion

Les trois groupes que nous avons rapi­de­ment pré­sen­tés, sont deve­nus des acteurs inter­na­tio­naux en s’ap­puyant sur l’ex­por­ta­tion de leur pro­duc­tion sui­vie d’im­plan­ta­tions à l’é­tran­ger. Ils ont pu ren­for­cer leur com­pé­ti­ti­vi­té et amé­lio­rer leur per­for­mance et leur crois­sance en uti­li­sant le levier des mar­chés finan­ciers suite à leur pri­va­ti­sa­tion ou leur intro­duc­tion en Bourse. Ces trois affaires ont incon­tes­ta­ble­ment obte­nu des résul­tats excep­tion­nels et leurs suc­cès s’ex­pliquent par des condi­tions spé­ci­fiques que l’on ne retrou­ve­ra pas for­cé­ment chez d’autres socié­tés brésiliennes. 

Tou­te­fois, nous sommes convain­cus que le tis­su indus­triel bré­si­lien est riche en entre­prises qui ont une com­pé­tence tech­no­lo­gique et mer­ca­do­lo­gique leur per­met­tant de se pla­cer sur les mar­chés internationaux. 

Cer­taines d’entre elles sont déjà de grands expor­ta­teurs et il leur sera facile de faire le saut pour s’im­plan­ter à l’é­tran­ger. D’autres trouvent encore au Bré­sil un mar­ché por­teur mais rapi­de­ment elles pour­ront se tour­ner vers l’in­ter­na­tio­nal pour conqué­rir des parts de mar­ché qu’elles ne pour­ront plus trou­ver au Brésil. 

Si la situa­tion éco­no­mique du Bré­sil conti­nue à s’a­mé­lio­rer, les mar­chés finan­ciers seront dis­po­nibles pour finan­cer les inves­tis­se­ments néces­saires et inci­te­ront les socié­tés bré­si­liennes à sor­tir de leur mar­ché domes­tique pour conqué­rir de nou­velles posi­tions en pays étrangers.

Commentaire

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dji­by ndiayerépondre
15 août 2017 à 10 h 56 min

par­te­naire tra­vail
Nous sommes le col­lec­tif natio­nal des mareyeurs pour le déve­lop­pe­ment du sene­gal et nous vou­lons des par­te­naires dans le travail.

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