Xavier Camillerapp (39)

Xavier CAMILLERAPP (39) : Un aveugle au service de la lumière

Dossier : ExpressionsMagazine N°686 Juin/Juillet 2013Par : Jérôme CAMILLERAPP

Xavier Camil­le­rapp dis­pa­raît le 6 jan­vier 2013. Signe des temps, la presse locale n’en dira pas un mot. En 2003, il avait racon­té sa vie dans un ouvrage publié à titre pri­vé. Son titre ? Sculp­ter sa vie.

Xavier Camil­le­rapp est né le 9 mai 1919 dans une famille d’entrepreneurs. Après des études aux lycées Frank­lin et Jan­son-de-Sailly (Paris), il vou­lait être sculp­teur. Son père lui dit : « Fais Poly­tech­nique, tu ver­ras après », et Xavier entre à l’X en 1939.

La décla­ra­tion de guerre en sep­tembre va tout bou­le­ver­ser. Redi­ri­gé vers l’école d’Artillerie de Fon­tai­ne­bleau puis inté­gré comme sous-lieu­te­nant dans le 322e RATTT (régi­ment d’artillerie trac­tée tout-ter­rain), Xavier sera bles­sé le 19 mai 1940 sur le front. Lais­sé pour mort, il per­dra notam­ment la vue et l’odorat. Il a tout juste vingt et un ans.

Tiers de major

Il n’intègre donc l’École poly­tech­nique qu’en 1941. Sa pro­mo­tion a été divi­sée en trois groupes. Il sort major de son groupe en 1943 et se défi­ni­ra plus tard comme « tiers de major ». Cette année-là, il épouse Gene­viève Clo­gen­son, fille de Georges Clo­gen­son (1898−1985, X1917, colo­nel d’artillerie, qui fut un temps ins­pec­teur des études à l’École poly­tech­nique), avec qui il aura cinq enfants et élè­ve­ra un sixième, son neveu.

Mau­rice Allais lui octroie le prix annuel d’économie

Il intègre alors l’École des mines où il appré­cie par­ti­cu­liè­re­ment le cours d’économie de Mau­rice Allais qui lui octroie du reste le prix annuel d’économie. Il débute sa car­rière pro­fes­sion­nelle au Conseil géné­ral des mines, comme secré­taire du Conseil. En 1947, il rejoint la socié­té fami­liale SIALE, dont il devient P‑DG, de 1954 jusqu’à sa vente en 1981.

Participer à la vie de la cité

Sa soif d’activité le conduit à de mul­tiples enga­ge­ments. De 1959 à 1983, il est conseiller muni­ci­pal de Rouen. Très long­temps à la com­mis­sion de la cir­cu­la­tion, Xavier devient ain­si un spé­cia­liste de la cir­cu­la­tion dans la ville, dont il finit par connaître les noms de rues et le plan mieux que quiconque.

En avril 1963, avec Georges Jas­se­ron et Claude Bébéar (55), il crée une asso­cia­tion d’aide aux har­kis, l’AMFRA, qu’il pré­side jusqu’en 2008. Avec eux et d’autres, Xavier mène­ra un com­bat de tous les jours pour aider ceux qui se retrouvent sans rien au sor­tir de la guerre d’Algérie.

Reçu en 1969 à l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Rouen, il pré­si­de­ra de nom­breuses asso­cia­tions, des Aveugles de guerre à la socié­té d’entraide de la Légion d’honneur en pas­sant par l’Union des grou­pe­ments d’ingénieurs de Haute- Nor­man­die, qu’il crée en 1967.

Commentaire

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Bra­him Sadounirépondre
27 décembre 2023 à 22 h 39 min

J’écris ces quelques mots avec nos­tal­gie, j’ai connu Mon­sieur Xavier Camil­le­rapp. Je ne peux pas oublier l’homme humble et ser­viable qu’il fut pour moi. Il a tou­jours été à mon écoute lorsque je lui par­lais du drame des har­kis. Je me rap­pelle ses conseils. Un homme que je n’oublierai jamais et ne le remer­cie­rais jamais assez pour m’avoir ouvert l’esprit et m’a­voir don­née de l’es­poir dans cette vie. Il fut pour moi quelqu’un d’important, à la fois un grand ami et un vrai père. Mer­ci pour tout et Repose-toi en paix, mon ami, je ne t’oublierai jamais Xavier. Bra­him sadouni.

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