Une fugue de Bach

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°706 Juin/Juillet 2015Par : Jean SALMONA (56)Rédacteur : François MAYER (45)Editeur : Éditions Wildproject, collection « Tête nue » – 2015
Par Jean SALMONA (56)

Autant le dire tout net : j’ai beau­coup aimé Une Fugue de Bach de Jean Salmona.

Pour le style d’abord, rapide et clair, qui entraîne le lec­teur dans le récit sans qu’il s’en rende compte. Pour le sujet ensuite, et pour l’idée auda­cieuse de faire de Bach un per­son­nage de roman.

Une Fugue de Bach est une his­toire d’initiation et de trans­mis­sion entre un Bach bien et bon vivant, et une élève excep­tion­nel­le­ment douée. Ini­tia­tion à la musique, à l’art culi­naire, et à l’amour.

Dans la pre­mière par­tie, musique et cui­sine se répondent. Leur com­plé­men­ta­ri­té est une trou­vaille. L’amour est un dis­cret contre­chant en forme de mon­tée chro­ma­tique, déli­ca­tesse rare à notre époque où appe­ler un chat un chat est un minimum.

Dans la seconde, ce thème amou­reux occupe le devant de la scène. Le point d’orgue de la conclu­sion rap­pelle une cer­taine Char­treuse épo­nyme du roman dont elle mar­quait l’aboutissement en fai­sant sa pre­mière appa­ri­tion à la der­nière ligne.

Avant la guerre, le plus créa­tif des cui­si­niers était Fer­nand Point. Les chefs de la « nou­velle cui­sine » en firent leur pro­phète et s’inspirèrent de ses pré­ceptes : sim­pli­ci­té, excel­lence des ingré­dients, har­mo­nie des saveurs, nou­veau­té des accords, élé­gance de la présentation.

On retrouve ces qua­li­tés dans le roman-contre­point de Jean Sal­mo­na, régal trop vite ache­vé qui est au fond un hymne à la vie.

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