UN PORTRAIT PEUT EN CACHER UN AUTRE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°661 Janvier 2011Par : François Mayer (45)Rédacteur : Jean Salmona (56)

Couverture du livre : Un portrait peut en cacher un autreFran­çois Mayer nous avait déjà réga­lés avec La Digue de sable, chro­nique d’une ado­les­cence en des temps trou­blés, puis Blues en si bémol, roman à la fois tendre et sans conces­sions d’un ingé­nieur et jazz­man, deux livres que l’on peut consi­dé­rer à bon droit comme au moins par­tiel­le­ment auto­bio­gra­phiques, même si l’auteur s’en défend. Voi­ci aujourd’hui Un por­trait peut en cacher un autre.

Le point de départ est assez clas­sique : à la mort d’un oncle, les neveux mettent de l’ordre dans ses affaires, trient ses papiers et découvrent un per­son­nage très dif­fé­rent de celui qu’ils ont connu.

L’originalité du livre de Fran­çois Mayer tient dans l’emboîtage – ou plu­tôt le déboî­tage – des décou­vertes suc­ces­sives : le per­son­nage qu’ils ont côtoyé pen­dant des années non pas se pré­cise de cha­pitre en cha­pitre, mais change, comme si des masques suc­ces­sifs étaient enle­vés, jusqu’à l’avant-dernière page. L’oncle Eddy était un per­son­nage dif­fé­rent pour les diverses per­sonnes qu’il fré­quen­tait. On songe à la pièce de Piran­del­lo À cha­cun sa véri­té. Au pas­sage, on assiste à la pein­ture crue d’une famille de grands bour­geois avant, pen­dant et après la Seconde Guerre mon­diale, entou­rés d’artistes et d’intellectuels. Comme tou­jours, Mayer est d’une pré­ci­sion chi­rur­gi­cale, avec un style agréable et par­fait – ce qui est hélas de plus en plus rare, y com­pris chez les lau­réats des grands prix lit­té­raires – et un brio vir­tuose non dépour­vu d’humour.

On lit Un por­trait peut en cacher un autre comme un roman poli­cier, sur­pris de page en page jusqu’à la fin. Et on y prend un plai­sir sans mélange. Au total, on découvre qu’un Fran­çois Mayer peut en cacher un autre.

À quand le prochain ?

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