Un appel : sauvons le climat

Dossier : ExpressionsMagazine N°597 Septembre 2004
Par Roger BALIAN (52)
Par Édouard BRÉZIN (58)
Par Hervé NIFENECKER (55)
Par Michel PETIT (55)

La concen­tra­tion des gaz à effet de serre dans l’at­mo­sphère de notre pla­nète atteint aujourd’­hui un niveau supé­rieur à tout ce qu’elle a connu depuis plus d’un demi­mil­lion d’an­nées. Démar­rée au début de l’ère indus­trielle, vers les années 1880, cette hausse est essen­tiel­le­ment due à l’ac­cu­mu­la­tion des émis­sions crois­santes de gaz car­bo­nique et de méthane résul­tant de l’ac­ti­vi­té humaine. Si nous ne fai­sons rien, cette hausse va se poursuivre.

En très grande majo­ri­té les experts qui observent et étu­dient ces phé­no­mènes sont for­mels : sauf à réduire les émis­sions, notam­ment celles de gaz car­bo­nique, d’un fac­teur au moins égal à 2, notre globe ver­ra sa tem­pé­ra­ture moyenne aug­men­ter de plu­sieurs degrés au cours du pré­sent siècle. Une telle aug­men­ta­tion de tem­pé­ra­ture, com­pa­rable en ordre de gran­deur à celles qui ont sui­vi les périodes gla­ciaires, mais qui se pro­dui­ra de façon beau­coup plus rapide, aura des consé­quences majeures sur le climat.

Les consé­quences qui en résul­te­raient sur notre san­té, la végé­ta­tion et les pro­duc­tions agri­coles, le niveau des mers, les espèces vivantes, etc., sont évi­dem­ment plus dif­fi­ciles à cer­ner mais nul ne peut exclure que des évo­lu­tions irré­ver­sibles catas­tro­phiques, allant jus­qu’à mettre en cause les condi­tions de vie de l’es­pèce humaine, puissent se pro­duire. Qu’at­ten­dons-nous pour agir face au réchauf­fe­ment cli­ma­tique qui nous menace ? Il nous faut limi­ter les émis­sions de gaz à effet de serre par tous les moyens à notre disposition.

Si des éco­no­mies d’éner­gie impor­tantes sont pos­sibles et sou­hai­tables dans les pays déve­lop­pés, il est impos­sible d’exi­ger des efforts simi­laires de la part des pays en voie de déve­lop­pe­ment. Sauf réces­sion éco­no­mique catas­tro­phique la consom­ma­tion éner­gé­tique mon­diale va conti­nuer à croître. Il est donc capi­tal de mettre en œuvre, chaque fois que cela est pos­sible, des tech­niques de pro­duc­tion d’éner­gie ne fai­sant pas appel aux com­bus­tibles fossiles.

De telles tech­niques existent dans le domaine de la pro­duc­tion d’élec­tri­ci­té pour les réseaux cen­tra­li­sés : éner­gie nucléaire, hydro­élec­tri­ci­té, éolien. Le solaire pho­to­vol­taïque est par­ti­cu­liè­re­ment bien adap­té aux sites iso­lés et aux pays dont le réseau de dis­tri­bu­tion élec­trique est peu déve­lop­pé. Le solaire ther­mique, la géo­ther­mie, la bio­masse bien gérée, les pompes à cha­leur doivent prendre davan­tage de place pour le chauf­fage des locaux et la pro­duc­tion d’eau chaude. Les trans­ports demeu­re­ront encore long­temps les plus tri­bu­taires des com­bus­tibles fos­siles ; il n’en est que plus impor­tant de recher­cher d’autres solu­tions : déve­lop­pe­ment des trans­ports en com­mun, véhi­cules élec­triques, uti­li­sa­tion de l’hy­dro­gène pro­duit par élec­tro­lyse ou décom­po­si­tion ther­mo­chi­mique de l’eau.

Face aux grands pays en émer­gence qui vont, par néces­si­té et comme nous l’a­vons fait au cours des deux siècles pas­sés, fon­der leur déve­lop­pe­ment sur le char­bon, le gaz et le pétrole, et donc (sauf abou­tis­se­ment, bien dif­fi­cile à pré­voir, des études en cours sur la séques­tra­tion du gaz car­bo­nique) voir croître leurs rejets de gaz car­bo­nique, les pays déve­lop­pés doivent démon­trer que la limi­ta­tion des émis­sions de gaz à effet de serre grâce aux tech­no­lo­gies modernes est pos­sible, sans han­di­cap éco­no­mique majeur et sans dimi­nu­tion de qua­li­té de vie. La France (qui, grâce au nucléaire, a déjà une posi­tion enviée, avec des émis­sions de 6 tonnes de gaz car­bo­nique par tête et par an, contre 10 en Alle­magne et 20 aux USA) doit conti­nuer à mon­trer l’exemple.

Il est temps que les Fran­çais se convainquent que l’ob­jet du débat éner­gé­tique n’est pas de savoir s’il faut ou non » sor­tir du nucléaire « , un nucléaire qui, maî­tri­sé comme il l’est dans nos pays, ne pré­sente que des risques minimes com­pa­rés à ceux des gaz à effet de serre – mais plu­tôt (non pas » sor­tir des com­bus­tibles fos­siles « , car ce serait tota­le­ment irréa­liste) de savoir com­ment » limi­ter le plus pos­sible ces com­bus­tibles fos­siles qui menacent notre cli­mat « . Nous appe­lons nos conci­toyens et nos diri­geants à enga­ger une poli­tique volon­ta­riste et déci­dée, à la fois d’é­co­no­mies d’éner­gie et de déve­lop­pe­ment de l’éner­gie nucléaire et des éner­gies renou­ve­lables. Une telle poli­tique est la seule qui puisse rai­son­na­ble­ment garan­tir à notre géné­ra­tion et aux géné­ra­tions futures le main­tien de condi­tions cli­ma­tiques accep­tables et prévisibles.

Le texte de ce docu­ment est dis­po­nible sur le site : www.sauvonsleclimat.org

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