Trois témoignages : Un ami de la sagesse, assurer ses fondamentaux et s’informer et débattre

Dossier : X-Philo : la sagesse à la portée de tousMagazine N°687 Septembre 2013Par : Marc MULLER (97), Claude MAURY (61) et Stéphane BERREBI (76)

Un ami de la sagesse

Un ami de la sagesse

J’ai com­men­cé à m’intéresser à la phi­lo­so­phie avec le regard très cri­tique de celui qui se méfie de l’abstrait, des grands sys­tèmes théo­riques intel­lec­tuel­le­ment sti­mu­lants mais décon­nec­tés du réel, bref, de la méta­phy­sique. Mon inté­rêt pour la phi­lo­so­phie était celui d’un his­to­rien des idées, qui cherche à com­prendre com­ment se sont for­mées les idéo­lo­gies contemporaines.

Avec quel éton­ne­ment, et quelle modes­tie, découvre-t-on alors que les grandes que­relles phi­lo­so­phiques contem­po­raines ne sont que des varia­tions autour des débats qui ani­maient déjà le monde grec, ou que les mêmes ques­tions fon­da­men­tales irriguent éga­le­ment la pen­sée orientale.

Mais, au-delà de cette ten­ta­tive de com­pré­hen­sion his­to­rique des idéo­lo­gies humaines, la phi­lo­so­phie est avant tout affaire de médi­ta­tion per­son­nelle sur sa propre exis­tence et ce qu’il convient d’en faire. Le véri­table phi­lo­sophe n’est pas ce méta­phy­si­cien qui rêve à des mondes idéaux pour l’humanité, c’est avant tout cet « ami de la sagesse » qui cherche à vivre au mieux, avec soi-même et les autres, le temps qu’il lui est donné.

Marc Mul­ler (97)

Assurer ses fondamentaux

La petite com­mu­nau­té du groupe X‑Philo répond, selon mon expé­rience, à deux attentes.

Claude MAURY (61)Celle d’abord de cama­rades aver­tis, prêts à pro­po­ser des pro­duc­tions écrites, qui sou­haitent ain­si ouvrir une dis­cus­sion, ou un débat contra­dic­toire, sur une thèse qu’ils ont choi­si de défendre. Celle, ensuite, de cama­rades qui res­sentent une curio­si­té géné­rale sur l’état actuel des idées, sur les thèses les plus en vue et sur leur influence, et qui, au fond, veulent mieux comprendre.

J’ai ren­con­tré le groupe au titre de la pre­mière caté­go­rie, en sai­sis­sant l’occasion qui m’était offerte de publier un pre­mier article sur la croyance, puis un second sur la véri­té. J’ai ensuite par­ti­ci­pé, au pro­fit du second groupe, à l’animation d’un débat sur l’approche moderne de la vérité.

Même si la réflexion phi­lo­so­phique garde l’image d’une acti­vi­té sou­vent trop concep­tuelle aux retom­bées incer­taines, il faut recon­naître que la socié­té aux évo­lu­tions ful­gu­rantes qui est la nôtre implique d’assurer ses fon­da­men­taux. À cet égard, un contact avec la phi­lo­so­phie n’est jamais, au-delà du foi­son­ne­ment des écoles de pen­sée, qu’une manière d’apprendre à mieux penser.

Claude Mau­ry (61)

S’informer et débattre

Stéphane BERREBI (76)À Louis-le-Grand, j’ai eu Jean-Fran­çois Cour­tines, aujourd’hui à la Sor­bonne, trois mois comme pro­fes­seur de phi­lo. Si je l’avais eu plus long­temps, j’aurais peut-être choi­si khâgne plu­tôt que maths sup. Quelques décen­nies plus tard, j’ai dévo­ré son Inven­tio ana­lo­giae, puis Qu’est-ce que la méta­phy­sique ?, l’Éthique, la Cri­tique de la rai­son pure, les phi­lo­sophes ana­ly­tiques, les confé­rences et sémi­naires du Col­lège de France.

Pro­fes­sion­nel­le­ment, j’ai fré­quen­té le monde émergent du jeu vidéo, où geeks géniaux et auteurs de SF explorent mondes pos­sibles et apo­ries de la phi­lo­so­phie de l’esprit, du temps et de l’identité, où chaque jeu ori­gi­nal inter­roge la méta­phy­sique. D’autres ques­tions m’ont ame­né à revi­si­ter la phi­lo­so­phie : l’interprétation de la méca­nique quan­tique, sa coexis­tence avec la rela­ti­vi­té géné­rale, l’effort de cla­ri­fi­ca­tion des mathé­ma­tiques au début du XXe siècle, et aus­si l’extraordinaire déve­lop­pe­ment de l’algorithmique, des capa­ci­tés à sai­sir et trai­ter l’information, des plus petites par­ties de l’univers à ses confins.

Chaque époque a le sen­ti­ment jus­ti­fié de vivre des pro­grès inouïs dans les sciences et l’industrie qui ali­mentent sa pro­duc­tion phi­lo­so­phique. Le groupe X‑Philo est le lieu d’information et de débats sur ce thème dans la com­mu­nau­té polytechnicienne.

Sté­phane Ber­re­bi (76)

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