Trente ans après, la cinquantaine épanouie de la promo 1977

Dossier : ExpressionsMagazine N°641 Janvier 2009Par : Pierre BALSOLLIER (77) et Pierre-Michel DELPEUCH (77)

Fidèles et Franciliens

Un tiers de la pro­mo­tion 77 n’a fré­quen­té qu’un seul employeur (dont l’É­tat). Peu de cama­rades (4 %) ont dépas­sé plus de six employeurs. En moyenne, la durée de vie dans un groupe est de 13,5 ans.

21% seule­ment tra­vaillent dans des entre­prises de moins de 500 per­sonnes (contre 18% en 87, dix ans après l’É­cole) et 60 % dans des entre­prises de plus de 6 000 salariés.

La part des Fran­ci­liens a aug­men­té de 55 % en 1997 à 70 %. Vive­ment la quille vers le Sud ! Le poids des rési­dents à l’é­tran­ger reste stable à 8 %.

L’enquête du tren­tième anni­ver­saire de la pro­mo 77 a recueilli 139 réponses, soit 45 % de la pro­mo­tion. Les réponses res­pectent les prin­ci­paux équi­libres (homme/femme, corp­sard/­non-corp­sard, loca­li­sa­tion géo­gra­phique) et peuvent être consi­dé­rées comme repré­sen­ta­tives. Une enquête simi­laire avait été menée pour le ving­tième et pour le dixième anni­ver­saire de la promotion.
Les ques­tions abor­dées repre­naient des thèmes très variés de nature pro­fes­sion­nelle, mais aus­si leur vision actuelle de leur retraite, leur patri­moine, leur situa­tion de famille, leurs hob­bies, leur enga­ge­ment social, les opi­nions poli­tiques et reli­gieuses, leur appré­cia­tion de l’École et enfin la ques­tion de fond : « Et si c’était à refaire ? »
Le pré­sent article donne les extraits les plus repré­sen­ta­tifs des résul­tats de cette enquête.

Ma boîte à moi

Seuls 17 % sont signi­fi­ca­ti­ve­ment action­naires de leur entre­prise. 31 % sont béné­fi­ciaires d’un plan de stock-options. 12 % ont par­ti­ci­pé à la créa­tion de l’en­tre­prise dont à 80 % par créa­tion et à 20 % par rachat.

29 cama­rades, soit 21 %, ont créé 52 entre­prises (dont 22 non unipersonnelles).

Ces entre­prises ont pu faire faillite (3), connaître une inter­rup­tion d’ac­ti­vi­té (10), qui était sou­vent une reprise d’emploi sala­rié après une acti­vi­té de conseil indé­pen­dant, ou être reven­dues (9). 9 entre­prises créées ont un chiffre d’af­faires qui a dépas­sé 1 mil­lion d’euros.

Quelques cama­rades non entre­pre­neurs se pas­sionnent pour la créa­tion d’en­tre­prises dans le sup­port ou l’in­ves­tis­se­ment et se déclarent busi­ness angels (4 %).

Après l’École
La pro­mo­tion 77 compte 6 % d’autodidactes (pauvres poly­tech­ni­ciens sans for­ma­tion com­plé­men­taire à la sor­tie de l’X), 9 % de cer­veaux supé­rieurs (recherche-uni­ver­si­té), 75 % d’ingénieurs stan­dard (« école d’application »), 9 % de gol­den boys-girls (for­ma­tion com­plé­men­taire com­mer­ciale). 23 % ont une double for­ma­tion com­plé­men­taire, et 12 % de cumu­lards sont tri­ple­ment for­més en plus de l’X (mul­ti-plu­ri-omni-poly­tech­ni­ciens), 9 % ont fré­quen­té les US, pour peau­fi­ner leur cur­sus, dont 4 % en voca­tion tar­dive, entre 1997 et 2007.

Pour la patrie, la science, la gloire et un peu d’argent

L’é­ga­li­té de la devise répu­bli­caine n’est pas une valeur en hausse : la moi­tié des reve­nus totaux se concentre sur les comptes de 3 % de nos cama­rades. La médiane est donc plus éclai­rante que la moyenne. Cette médiane est de 120 000 euros (100 000 euros de salaire net).

En tête les anciens corp­sards (181 000 euros), sui­vis par les non­corp­sards (120 000 euros) et enfin les corp­sards en activité.

35 heures et quelques

Valeur lea­der : l’autonomie
Les cri­tères pre­miers de choix pour un emploi, notés de 1 (sans impor­tance) à 5 (essen­tiel), sont les sui­vants : auto­no­mie (3,9) ; lieu de tra­vail (3,5) ; rému­né­ra­tion (3,3) ; sec­teur d’activité (3,1) ; uti­li­té sociale (3,1). À l’autre bout de l’échelle : accès au capi­tal (1,8) ; per­son­nel enca­dré (1,8) ; for­ma­tion reçue (1,7).

La durée moyenne de tra­vail est de 50 heures, inchan­gée par rap­port à 1997, contre 47 heures en 1987. Les bour­reaux de tra­vail à plus de 60 heures ne sont plus que 24 % contre 30 % en 1997 et 3 % en 1987. Un tiers d’entre nous n’ont pas vu pas­ser leurs qua­rante ans. L’ha­bi­tude de tra­vail acquise à l’É­cole per­dure. Le temps de tra­vail n’est pas moindre dans le public que dans le pri­vé. Les corp­sards bossent fort ! Plus de trente jours de vacances prises au cours des douze der­niers mois : la civi­li­sa­tion des loi­sirs gagne du terrain.

Nouvelles technologies et langues vivantes

Pour un tiers des cama­rades, les moyens modernes de com­mu­ni­ca­tion sont un piège. Pour deux tiers, ils apportent liber­té et sou­plesse et amé­liorent leur vie. En 1987, seuls 62 % étaient équi­pés d’un ordi­na­teur. En 2007, tout le monde uti­lise le mail, 94 % le trai­te­ment de texte, 82 % les tableurs, et même 50 % des outils spécifiques.

La pra­tique de l’an­glais est décla­rée par 85 % des per­sonnes occa­sion­nel­le­ment ou régu­liè­re­ment (63 % quo­ti­dien­ne­ment). On retrouve exac­te­ment les mêmes scores qu’en 1997 : 15 % uti­lisent une langue en plus de l’an­glais, majo­ri­tai­re­ment l’es­pa­gnol et l’allemand.

Changer de voie professionnelle

Si c’était à refaire !
Peu regrettent leur choix. Très peu regrettent d’avoir fait l’X. Cer­tains auraient pu pré­fé­rer un autre sec­teur d’activité pour débu­ter. Près de 12 % auraient vou­lu une for­ma­tion com­plé­men­taire plu­tôt à l’étranger et 18 % parlent plus volon­tiers de débu­ter leur car­rière à l’étranger.

31 % ont été contraints de rebon­dir pro­fes­sion­nel­le­ment durant ces cinq der­nières années, à rap­pro­cher aus­si des 28 % qui sont dans la recherche, l’en­sei­gne­ment ou l’É­tat, a prio­ri moins contraints à de telles évo­lu­tions. Cela repré­sente un peu moins de la moi­tié de ceux qui mènent leur car­rière dans le privé.

11 % ont été pri­vés d’emploi tem­po­rai­re­ment (en moyenne douze mois) au cours des cinq der­nières années (8 % pour les dix der­nières années en 1987). Le cal­cul donne un taux de chô­mage ins­tan­ta­né de 2,1 %, donc pas négli­geable du tout, en hausse sur les 0,7 % de 1997. 9 % ont été indem­ni­sés par les Asse­dic durant les cinq der­nières années.

Un peu moins de la moi­tié de ceux qui mènent leur car­rière dans le pri­vé ont été contraints de rebon­dir pro­fes­sion­nel­le­ment durant les cinq der­nières années

La retraite se rapproche

En médiane, les cama­rades pensent prendre leur retraite à 62 ans. Quelques cama­rades, plu­tôt des finan­ciers, envi­sagent de quit­ter plus tôt vers 55 ans. 36 % s’in­quiètent pour leur retraite, et qua­si­ment le même nombre épargne spé­ci­fi­que­ment pour cet objec­tif sur des pro­duits avec sor­ties en rente. En 1997, seule­ment 25 % épar­gnaient spé­ci­fi­que­ment pour leur retraite.

Mes chez moi

Si plus de 95 % sont pro­prié­taires de leur rési­dence prin­ci­pale, près de 50 % déclarent être pro­prié­taires d’une rési­dence secondaire.

Le patri­moine médian est de 1 mil­lion d’eu­ros, contre 300000 euros en 1997. Pour une majo­ri­té (60 %), l’im­mo­bi­lier à usage per­son­nel consti­tue plus de 50 % du patrimoine.

Sportifs et artistes

75 % déclarent faire du sport, et en moyenne cinq fois par mois. 20 % déclarent pra­ti­quer une acti­vi­té artis­tique. Le nombre de sor­ties est de 3 par mois, de 12 livres lus par an, de 8 films, de 1,3 ren­contre spor­tive (mais en fait 3 fois plus pour ceux qui en ont vu), de 2,5 pièces de théâtre (mais en fait 4 pour ceux qui y sont allés), légè­re­ment plus de concerts. En moyenne, trois heures heb­do­ma­daires sont consa­crées à la presse, un peu plus à la télé, à la musique, à l’In­ter­net hors professionnel.

π enfants : pari gagné
Nous sommes extra­or­di­naires ! En 1987, nous répon­dions à la ques­tion : com­bien d’enfants envi­sa­gez-vous d’avoir ? La réponse était 3,14, soit π. Nous avons aujourd’hui une moyenne de 3,05 enfants au total, mais 3,16 enfants en moyenne pour ceux qui ont eu des enfants. Avec les 2 % qui envi­sagent encore avoir des enfants, nous sommes per­sua­dés que nous tien­drons notre pré­vi­sion­nel… à condi­tion que ces der­niers nous « pondent » 4 enfants nou­veaux chacun.

Cette enquête a mon­tré une per­sis­tance des prin­ci­pales carac­té­ris­tiques d’ores et déjà ren­con­trées lors des pré­cé­dentes enquêtes (impli­ca­tion forte dans le tra­vail, dis­per­sion crois­sante des rému­né­ra­tions et des patri­moines, recon­nais­sance des apports de la culture poly­tech­ni­cienne) mais a éga­le­ment révé­lé pour la pre­mière fois, chez une part non négli­geable de cette pro­mo­tion, l’im­pact des acci­dents pro­fes­sion­nels, voire de périodes de chô­mage, la prise en compte dès main­te­nant de la future retraite, voire de la trans­mis­sion de patri­moine et l’ar­ri­vée de la « relève » sur les bancs de l’É­cole, mais aus­si dans la vie active.

Un ren­dez-vous est d’ores et déjà pris à l’oc­ca­sion de leur 40e anni­ver­saire afin de bou­cler la boucle de la période d’ac­ti­vi­té pro­fes­sion­nelle de la pro­mo­tion 77.

Par Pierre Balsollier (77)
et Pierre-Michel Delpeuch (77)

Poster un commentaire