Frégate La Fayette

Tout est possible

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Caroline VALLEJO (00)

Mon sou­hait de lycéenne ? « Réus­sir », d’autant que mes ori­gines sont modestes. Cela signi­fiait pour moi exer­cer une pro­fes­sion exci­tante, me pro­cu­rant des reve­nus suf­fi­sants pour ne jamais avoir à me deman­der si je pour­rais payer mon loyer, mes repas et ceux de ma famille.

J’avais éga­le­ment très envie d’être une femme indé­pen­dante, en par­ti­cu­lier finan­ciè­re­ment. J’aimais les sciences, l’idée d’exceller dans un domaine, la lec­ture et le cinéma.

Contradictions

De ma pré­pa, je me rap­pelle sur­tout deux choses très contra­dic­toires : d’une part les nuits blanches, le stress, la très grande fatigue phy­sique et intel­lec­tuelle ; et d’autre part les si pré­cieuses minutes quo­ti­diennes pas­sées avec des cama­rades de classe et d’internat qui sont, pour cer­tains, deve­nus des amis pour la vie.

J’ai effec­tué mon ser­vice dans la Police nationale.

À l’X, j’ai choi­si des cours variés. J’ai fait une majeure d’économie, orien­tée vers l’économie de l’entreprise, et une autre de bio­lo­gie. Comme école d’application, j’ai sui­vi HEC Entrepreneurs.

J’ai pas­sé trois ans en tant que chef de ser­vice SIC sur une fré­gate de défense aérienne. « FS La Fayette 2 ». © CC BY-SA 3.0 

Un parcours atypique

Mon par­cours, par la suite, n’est pas clas­sique. J’ai décou­vert à HEC une quan­ti­té de pro­fes­sions que je ne sou­hai­tais pas exer­cer. Après un stage de trois mois pas­sé par hasard dans la Marine natio­nale, j’ai un coup de coeur et je décide de ten­ter ma chance.

Je rejoins une pro­mo­tion de l’École navale par le recru­te­ment « Titre 3 » (contrai­re­ment à une cama­rade, je ne suis pas recru­tée comme poly­tech­ni­cienne par la Marine).

Commander à la mer

Ensuite, je fais un début de car­rière d’officier méca­ni­cien (dont deux ans aux Antilles, à Fort-de-France), puis je deviens SIC (Sys­tèmes d’information et de com­mu­ni­ca­tion) : trois ans en tant que chef de ser­vice SIC sur une fré­gate de défense aérienne (opé­ra­tion « Har­mat­tan »), deux ans de com­man­dant-adjoint opé­ra­tions sur fré­gate légère fur­tive, un an de com­man­de­ment d’un bâti­ment école, et enfin com­man­dant-adjoint équi­page d’un bâti­ment de pro­jec­tion et de commandement.

Mon métier n’a pas vrai­ment d’orientation inter­na­tio­nale – même si notre Marine tra­vaille régu­liè­re­ment avec les marines étran­gères et fait, natu­rel­le­ment, des escales hors de France.

Choix de carrière,
choix de vie

Je n’aurais jamais ima­gi­né deve­nir mili­taire avant les six der­niers mois de mon école d’application et ce fameux stage. Même si je n’avais rien contre les armées, je n’avais pas fini le stage mili­taire à l’entrée à Poly­tech­nique avec l’envie de m’engager un jour.

“ On ne mène pas une carrière de cadre supérieur un peu excitante sans faire de sacrifices ”

J’ai tou­jours consi­dé­ré qu’on ne mène pas une car­rière de cadre supé­rieur un peu exci­tante sans faire de sacri­fices. Je me suis mariée à trente ans, avec un offi­cier de Marine. Et comme je navigue depuis que j’ai signé, je n’ai évi­dem­ment pas encore d’enfant (j’ai trente-cinq ans).

Je ne le vis pas mal : je n’ai jamais consi­dé­ré, à moins d’épouser un poten­tiel homme au foyer, qu’avoir des enfants serait com­pa­tible avec la car­rière que j’ai choi­sie et vécue de la manière dont je l’entendais.

Mon sta­tut de mili­taire ne me semble pas être à l’origine de ces choix : j’aurais pro­ba­ble­ment fait des choix pro­fes­sion­nels ana­logues si j’avais choi­si une autre voie.

Ne pas avoir peur

Mon mes­sage à une élève de pré­pa : ne pas se lan­cer dans une filière sans avoir vrai­ment com­pris les contraintes per­son­nelles que va impo­ser une car­rière dans cette voie.

C’est l’assurance d’éviter les frus­tra­tions pro­fes­sion­nelles (l’impression de ne pas exploi­ter tout le tra­vail four­ni à l’École et en début de car­rière) ou personnelles.

Une fois cette réflexion conduite et les filières non dési­rées éli­mi­nées, il ne faut pas avoir peur : tout est possible.

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