Sur la voie d’une métamorphose

Dossier : Le fret ferroviaireMagazine N°699 Novembre 2014
Par Hervé De TRÉGLODÉ (70)

En France, le trans­port fer­ro­viaire du fret est en crise depuis 1975. Tan­dis que le PIB n’a presque jamais ces­sé d’augmenter, les quan­ti­tés trans­por­tées, elles, n’ont pas lais­sé de diminuer.

Pour­tant, ce mode est uni­ver­sel­le­ment pri­sé : il brûle moins d’hydrocarbures, il rejette dans l’air peu de gaz à effet de serre, il est sans dan­ger ou presque, il ne coûte pas cher quand les convois sont remplis.

“ Les avantages écologiques et économiques du transport ferroviaire sont incontestables ”

Mais ses défauts effraient l’industrie. Trop sou­vent, les trains sont en retard, le délai est exces­sif pour orga­ni­ser ou réor­ga­ni­ser un flux, les tra­jets sont anor­ma­le­ment longs, nombre d’acheminements sont impos­sibles ou interrompus.

Or, les Alle­mands ont réus­si quand les Fran­çais échouaient.

Le plus grand atout de la France, c’est qu’elle ne manque ni de pas­sion ni de talent pour renou­ve­ler ce transport.

Les avan­tages éco­lo­giques et éco­no­miques du trans­port fer­ro­viaire sont incon­tes­tables. Mais ils ne prennent leur plein effet que si les tra­fics sont lourds, que si les cir­cu­la­tions sont à l’heure. C’est vrai du reste des mar­chan­dises comme des voyageurs.

Or, aujourd’hui, tous les rou­le­ments ne sont pas des grands fleuves, loin s’en faut. Et tous les allers et retours ne sont pas des mou­ve­ments d’horlogerie.

Pour réus­sir, la France fer­ro­viaire doit se pré­pa­rer à une méta­mor­phose, et non à un simple redres­se­ment. Dans cinq ou dix ans, quelle que soit sa part de mar­ché, le trans­port fer­ro­viaire de fret sera d’une autre nature.

Finan­ciè­re­ment équi­li­bré, à l’aise dans un vaste mar­ché euro­péen (un demi-mil­liard d’habitants), aiguillon­né par la concur­rence, il aura tiré le plus grand pro­fit de la 4e révo­lu­tion indus­trielle, qui paraît presque avoir été faite pour lui.

En tous pays, cette révo­lu­tion nais­sante va pro­duire une nou­velle éco­no­mie, nour­rie par la créa­ti­vi­té, la data­sphère (la fusion des grandes bases de don­nées), la robo­tique et l’écologie.

Demain, le train de fret sera la par­faite réa­li­té d’un réseau vir­tuel bien conçu, sans aléa et très souple. Comme le réseau san­guin d’un homme en bonne santé.

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