SOUFFLES COUPLÉS

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°658 Octobre 2010Par : Gérald Tenenbaum (72)Rédacteur : Jean-François Sorro (72)Editeur : Éditions Héloïse d’Ormesson - 2010 - 87, bd Saint-Michel, 75005 Paris.

Couverture du livre : Souffles couplésSouffles cou­plés, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Bar­man depuis des années à Gre­noble, au café des Deux Mondes, Alex a quit­té sa mon­tagne et l’école à l’âge de onze ans, à la suite d’un drame. Il ne sait plus lire, mais il est doté d’une mémoire pro­di­gieuse : il « gobe » tout, retient tout ce qu’il voit ou entend. Mag­gy, capi­taine de police, fait à l’occasion appel à ses dons, alors que San­dra, pro­fes­seur de psy­cho­lin­guis­tique, cherche, dans son labo­ra­toire du Dépar­te­ment des sciences cog­ni­tives, à l’aider à réap­prendre à lire et à apai­ser sa mémoire tyrannique.

L’assassinat d’un jeune, proche du milieu, qui s’entraînait à la boxe dans le club de Ful­vio, un ancien bri­ga­diste ita­lien ami de San­dra, sera l’événement déclen­cheur qui, au rythme d’un polar, accou­ple­ra et désac­cou­ple­ra les des­tins des per­son­nages de ce roman si singulier.

L’intrigue dote le livre de Gérald Tenen­baum de cer­tains attri­buts propres au roman poli­cier, où chaque scène, et presque chaque mot, apporte un indice. Cepen­dant, bien qu’il n’y ait ni uni­té de lieu ni uni­té de temps, l’univers de la tra­gé­die grecque est proche. Inexo­ra­ble­ment, les per­son­nages suivent, puis acceptent, des des­tins conçus et mis en scène par un chef d’orchestre qui maî­trise chaque par­ti­tion. La parole et l’action épousent la courbe de l’essentiel, se limi­tant par­fois à seule­ment la suggérer.
Res­pi­ra­tions cou­plées, donc, mais aus­si temps cou­plés, puisque, dans ce roman, pas­sé et pré­sent conspirent, en alter­nance, pour tis­ser la toile de la destinée.

Écrit dans un très beau style, avec un voca­bu­laire pré­cis per­met­tant des ana­lyses très fines, rapides, mais suf­fi­santes pour com­prendre et aimer les per­son­nages, le cin­quième roman de notre cama­rade, pro­fes­seur de mathé­ma­tiques à l’université Hen­ri- Poin­ca­ré de Nan­cy, nous fait entrer dans une belle poé­sie de la logique.

Poster un commentaire