Rassembler

Dossier : Les X et l'écritureMagazine N°660 Décembre 2010
Par Christian MARBACH (56)

Rassembler

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Beau­coup d’X sont des col­lec­tion­neurs de livres. Ils les ras­semblent pour leurs tra­vaux, dans l’ac­ti­vi­té ou la dis­ci­pline qui est la leur, ils les ras­semblent pour pré­pa­rer leurs propres ouvrages. Et quand ils les amassent, ils se laissent pous­ser peu à peu vers la biblio­phi­lie. Des noms ? Non. Car ils sont dis­crets, et je ne veux pas tra­hir ceux que je connais.

Cette biblio­thèque de l’É­cole poly­tech­nique est riche de l’ef­fort conti­nu, pen­dant deux siècles, de ses res­pon­sables et de ses amis. Lan­cée dès la créa­tion de l’É­cole, béné­fi­ciant tout de suite, grâce à Monge, de nom­breux ouvrages acquis lors de la cam­pagne d’I­ta­lie, puis enri­chie aus­si bien par les bud­gets annuels de l” École que par des dona­tions excep­tion­nelles ; elle repré­sente aujourd’­hui une col­lec­tion à la fois vivante et scien­ti­fi­que­ment pré­cieuse avec quelques traits domi­nants, l’his­toire des sciences, l’his­toire de l’en­sei­gne­ment, l’his­toire de l’École.

L’histoire des polytechniciens

Mais une autre dimen­sion pré­sente éga­le­ment un attrait majeur pour les X, c’est l’his­toire des poly­tech­ni­ciens eux-mêmes et leurs écrits. Dans ce domaine, les col­lec­tions de la Biblio­thèque sont très hété­ro­gènes. De nom­breux ouvrages de » grands anciens » n’y sont pas conser­vés et c’est tout à fait regrettable.

Pour » don­ner l’exemple « , et à l’oc­ca­sion de son cin­quan­te­naire, la pro­mo­tion 56 a orga­ni­sé le recen­se­ment et la réunion des ouvrages édi­tés qui ont été réa­li­sés par ses élèves. Il va de soi que les trois cents élèves de la 56 ont appor­té, par leur vie et leur car­rière, bien autre chose que cette » cris­tal­li­sa­tion intel­lec­tuelle ponc­tuelle » four­nie par vingt-cinq auteurs iden­ti­fiés. Mais avec ses ouvrages tech­niques, éco­no­miques, poli­tiques, éthiques, l’é­chan­tillon­nage d’au­teurs est en soi intéressant.

Bien plus inté­res­sante encore serait la pour­suite conti­nue de cette ini­tia­tive. Les cama­rades des autres pro­mo­tions peuvent évi­dem­ment reprendre une démarche glo­bale grou­pée et la Sabix sera contente de les aider dans cette opé­ra­tion de ras­sem­ble­ment et de des­crip­tion des ouvrages. Mais les auteurs eux-mêmes devraient aus­si, plus sou­vent, pen­ser à leur biblio­thèque, quand ils envoient leurs exem­plaires à la presse pour des cri­tiques et des recensions.

La tribu polytechnicienne

J’a­joute qu’il est tout à fait émou­vant, en consul­tant des ouvrages pres­ti­gieux dans les » réserves « , de trou­ver des signa­tures de grands poly­tech­ni­ciens et des dédi­caces par­fois simples, par­fois tou­chantes, envers leur école. Il est aus­si plai­sant de voir que, ran­geant les armoires de leurs parents ou grands-parents, des fils et filles de poly­tech­ni­ciens repensent à l’É­cole et s’ef­forcent de véri­fier si sa biblio­thèque pos­sède cer­tains écrits signés d’un membre de la » tribu « .

Et je peux m’a­mu­ser à retrou­ver et relire dans le Livre du Cen­te­naire et au détour d’un article sur les X ayant publié des oeuvres : » Cette liste aurait été cer­tai­ne­ment plus longue et plus com­plète si les anciens élèves avaient eu la bonne pen­sée d’en­voyer leurs œuvres à la biblio­thèque de l’É­cole qui leur sert de lieu commun. »

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