Présentation au Drapeau de la promotion X 2002

Dossier : ExpressionsMagazine N°590 Décembre 2003

Le same­di 18 octobre, les élèves de la pro­mo­tion X2002, diri­gée par le Com­man­dant Fou­tel, ont été pré­sen­tés au dra­peau de l’École poly­tech­nique. La céré­mo­nie était pla­cée sous la pré­si­dence du délé­gué géné­ral pour l’armement (DGA), Yves Gleizes. Elle a don­né l’occasion au Géné­ral de Noma­zy, direc­teur géné­ral de l’École, de rap­pe­ler aux élèves le sens de cette céré­mo­nie et les sym­boles qui y sont atta­chés. De nom­breux parents d’élèves avaient fait le dépla­ce­ment jusqu’à Palai­seau pour assis­ter à l’événement.

La jour­née s’est pour­sui­vie par l’inauguration de l’exposition pré­pa­rée par la Biblio­thèque et consa­crée à l’astronomie, puis par les allo­cu­tions du pré­sident du Conseil d’administration, Yan­nick d’Escatha, et du DGA, que les élèves et leurs parents ont été invi­tés à écou­ter en amphis.

Le pré­sident d’Escatha a d’abord pris la parole. Il a remer­cié le DGA de sa pré­sence à l’École au cours de cette jour­née, pré­sence sym­bo­li­sant les liens forts reliant l’X et la Défense. Un contrat plu­ri­an­nuel existe entre Poly­tech­nique et l’État. Il offre à l’École un sou­tien déter­mi­nant dans une période char­nière : celle qui la voit s’ouvrir sur l’international (accueil d’étudiants étran­gers, stages ou 4e année à l’étranger pour les X fran­çais), sur l’entreprise (notam­ment Thales) et sur de nom­breuses ins­ti­tu­tions (accords avec l’université d’Orsay et avec IOTA).

Le DGA s’est ensuite expri­mé (ci-après inter­ven­tion d’Yves Gleizes) pour rap­pe­ler l’importance prise par la science dans notre socié­té et la néces­si­té pour les poly­tech­ni­ciens d’y jouer un rôle de pre­mier plan : “ Res­ter à la pointe de l’innovation tech­no­lo­gique consti­tue un défi à la hau­teur de vos capa­ci­tés et de l’énergie que vous avez mon­trée pour entrer dans cette École. ” Il a indi­qué que ce défi devrait être rele­vé par les X dans la recherche et dans l’industrie, en lien avec le reste du monde.

S’appuyant sur sa propre expé­rience et sur ses convic­tions, il a aus­si insis­té sur les pers­pec­tives offertes par la DGA aux poly­tech­ni­ciens : “ Pour gagner des batailles, a‑t-il dit, pour assu­rer la sécu­ri­té de nos conci­toyens et contri­buer à l’œuvre de la France à tra­vers le monde, la Défense éga­le­ment insuffle cet esprit dans les équipes char­gées au sein de la DGA d’imaginer et de réa­li­ser le sys­tème de défense de demain. ” Cette invi­ta­tion citoyenne pre­nait selon lui un sens tout par­ti­cu­lier à l’École : “ Poly­tech­nique, a‑t-il sou­li­gné, consti­tue le creu­set au sein duquel se tissent des liens pri­vi­lé­giés entre la Nation et la Défense. Son œuvre se fait sen­tir long­temps après avoir quit­té ses murs. J’en ai l’expérience. ”

Plu­sieurs parents d’élèves ont pro­fi­té de l’après-midi pour visi­ter le centre de recherche de l’École. Le same­di 18 octobre cor­res­pon­dait en effet au der­nier jour de la semaine natio­nale de la Fête de la Science et les labo­ra­toires de l’X pro­po­saient une demi-jour­née portes ouvertes.

En milieu d’après-midi, de nom­breux parents ont tou­te­fois rejoint l’amphi Poin­ca­ré pour assis­ter à une pré­sen­ta­tion de l’École par l’équipe de direc­tion. Et Musi­ca­lix a clos la jour­née par un concert.

INTERVENTION D’YVES GLEIZES, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL POUR L’ARMEMENT

Mes­sieurs les Parlementaires,
Mon­sieur le Préfet,
Mes­sieurs les Élus Locaux,
Mon­sieur le Président,
Madame la Secré­taire Géné­rale pour l’administration,
Mon­sieur le Direc­teur Général,
Mes­sieurs les Offi­ciers Généraux,
Mes­sieurs les Directeurs,
Mes­dames, Messieurs,

C’est un grand hon­neur pour moi de pré­si­der la céré­mo­nie de pré­sen­ta­tion au Dra­peau d’une pro­mo­tion, aujourd’hui la pro­mo­tion 2002. D’abord parce que votre École est le sym­bole de l’excellence, mais aus­si parce qu’elle est un fleu­ron du minis­tère de la Défense.

Il est ain­si dans l’existence des moments qui comptent par­ti­cu­liè­re­ment. C’est le cas aujourd’hui pour vous comme pour vos familles, fières à juste titre de votre succès.

Beau­coup d’entre vous vont dans quelques années jouer un rôle d’orientation dans la vie de notre pays, que ce soit au sein de la Défense ou de la socié­té civile ou bien, pour les élèves étran­gers qui nous font l’honneur de venir se for­mer ici, dans d’autres pays.

Je vais donc pro­fi­ter de cet ins­tant unique où nous sommes ras­sem­blés autour du dra­peau de l’École pour vous dire quelques mots des enjeux aux­quels répond l’École poly­tech­nique et plus lar­ge­ment, de la façon dont, ensemble, futurs entre­pre­neurs, cher­cheurs ou fonc­tion­naires des corps civil et mili­taire de l’État, nous pou­vons y répondre.

A – Défis de la science et conséquences sur la Défense et l’École

Réalités de la science

La semaine qui s’achève a été mar­quée par la Fête de la science. Depuis quelques années, cette fête a voca­tion à faire par­ta­ger au plus grand nombre la pas­sion de la chose scien­ti­fique à tra­vers expé­riences, visites de labo­ra­toire, gra­tui­té d’expositions. L’École ouvri­ra ain­si tout à l’heure les portes de ses labo­ra­toires aux visi­teurs extérieurs.

Aujourd’hui plus que jamais, la science est au cœur de notre quo­ti­dien quel qu’en soit le domaine.

Les nou­velles tech­no­lo­gies de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion, les avan­cées de la science du vivant, les nano­tech­no­lo­gies sont autant de domaines qui connaissent des évo­lu­tions impor­tantes et ouvrent de nou­velles pers­pec­tives d’application et de progrès.

Plus lar­ge­ment, et dans une autre dimen­sion, la science exprime la ten­ta­tive humaine de maî­tri­ser le monde, elle devient ain­si vec­teur de bien-être à tra­vers les acti­vi­tés dans les­quelles elle s’applique.

La science est enfin un fac­teur de puis­sance, que ce soit pour les indus­tries, dont elle nour­rit la com­pé­ti­ti­vi­té et le déve­lop­pe­ment, ou pour la Défense qui y puise la supé­rio­ri­té de ses armes.

La science est à ce titre, à tort ou à rai­son, un fac­teur dis­cri­mi­nant entre pays pour déter­mi­ner leur rang.

Il n’y a là rien de nou­veau, la hache de bronze a sup­plan­té la hache de pierre de même que le métier à tis­ser méca­nique a sup­plan­té les métiers manuels.

La nou­veau­té ne tient plus au rythme des évo­lu­tions et à leurs impacts.

Défis de la science

La science crée des défis nou­veaux à la hau­teur de vos capa­ci­tés et de l’énergie que vous avez mon­trée pour entrer dans cette École.

Se confron­ter à l’inconnu, maî­tri­ser la com­plexi­té des nou­velles tech­no­lo­gies, l’appliquer au ser­vice de la col­lec­ti­vi­té et en explo­rer toutes les dimen­sions, déve­lop­pe­ment durable, éco­lo­gie, etc., consti­tue un concours d’une autre nature mais tout aus­si intense et exaltant.

Il faut conser­ver la logique de conquête et la logique de dépas­se­ment de soi que vous avez acquises et que l’École vous per­met d’entretenir à tra­vers la for­ma­tion de géné­ra­liste qu’elle vous offre.

Esprit de conquête non seule­ment dans le domaine de la tech­nique qui vous offre un champ d’action qua­si­ment illi­mi­té mais aus­si dans celui de l’économie pour contri­buer à la richesse de notre pays à tra­vers la créa­tion de nou­velles entre­prises et à tra­vers la concep­tion de l’organisation indus­trielle et éco­no­mique de demain.

Mais il est d’autres domaines où cet esprit de conquête s’exprime pleinement.

La réforme de l’État, dont la com­plexi­té ne cède en rien à nos défis tech­niques, porte en elle la pers­pec­tive d’une admi­nis­tra­tion sim­pli­fiée, plus proche des usa­gers, plus per­for­mante et gage d’une France forte.

À son effi­ca­ci­té au ser­vice de nos conci­toyens doit répondre l’efficacité pour assu­rer leur protection.

Pour gagner des batailles, pour assu­rer cette sécu­ri­té et contri­buer à l’œuvre de la France à tra­vers le monde, la Défense insuffle cet esprit de conquête dans ses équipes.

La Délé­ga­tion géné­rale pour l’armement en est le relais pour ima­gi­ner et réa­li­ser le sys­tème de défense de demain en se nour­ris­sant de l’accroissement signi­fi­ca­tif des cré­dits de recherche.

La com­plexi­té change de nature, elle s’exprime désor­mais en termes d’interopérabilité de sys­tèmes de défense, de champ de bataille numé­rique, de dimen­sion spa­tiale don­née à la Défense, en termes d’application des nou­velles technologies.

J’ai été le témoin de ces évo­lu­tions depuis qua­rante ans, pour en savou­rer chaque instant.

La Défense consti­tue, soyez-en conscients, un champ d’expression à la hau­teur de vos capacités.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

La dimen­sion humaine ne sau­rait pour autant être absente de l’application de la science au risque d’en fra­gi­li­ser l’édifice.

Il nous faut faire preuve d’une sagesse consi­dé­rable et d’humilité.

Pour pré­ser­ver la dura­bi­li­té des biens, la gou­ver­nance des socié­tés indus­trielles, l’équilibre des socié­tés humaines, en un mot pour amé­lio­rer la vie dont nous avons aujourd’hui la ges­tion, il faut un sub­til mélange de science et de sagesse.

Le sens de l’autre et de la col­lec­ti­vi­té, le sens de l’État et l’intérêt com­mun sont autant de défis à rele­ver qui pour être plus inté­rieurs n’en sont pas moins exigeants.

C’est en par­tie ce qui a moti­vé mon choix pour le corps de l’armement, choix que je n’ai jamais regret­té, tant l’aventure se révèle pas­sion­nante et gratifiante.

B – L’X acteur important de ces perspectives

Ces défis, vous devez les relever.

Parce que vous serez les capi­taines d’entreprises de demain et que de vous dépen­dra en par­tie la pros­pé­ri­té rai­son­née de notre pays.

Parce que vous serez éga­le­ment les acteurs de la Défense de demain et que vous contri­bue­rez ain­si à main­te­nir l’espace de paix et de liber­té que consti­tue notre pays et que sera l’Europe que nous appe­lons de nos vœux.

Parce qu’enfin vous serez les acteurs de l’État de demain et que de vous dépen­dra le main­tien des valeurs de notre république.

La Nation attend de vous que vous déve­lop­piez des qua­li­tés essen­tielles : rigueur scien­ti­fique, tra­vail en équipe, com­por­te­ment éthique, soli­da­ri­té, esprit de défense, créa­ti­vi­té et goût d’entreprendre.

Formation

Dans cette pers­pec­tive, l’École poly­tech­nique s’est adap­tée pour vous four­nir une for­ma­tion appropriée.

La réforme qui a été menée s’est arti­cu­lée autour de trois axes :

– le déve­lop­pe­ment de la for­ma­tion au meilleur niveau mondial,
– l’amplification de la dimen­sion inter­na­tio­nale de l’École,
– le déve­lop­pe­ment des capa­ci­tés de recherche et la valo­ri­sa­tion des résultats.

À cela s’ajoute la for­ma­tion humaine, qui reste un des élé­ments clefs de l’École, et la trans­mis­sion d’un esprit de défense héri­té des ori­gines de l’École.

L’X doit res­ter ancrée au sein du minis­tère de la Défense pour que vive cet esprit et les valeurs qu’il porte.

Je redis ici com­bien j’attache d’importance à cette for­ma­tion qui devra rejaillir sur l’ensemble de la Nation lorsque vous aurez atteint des postes de responsabilités.

X, lien entre dirigeants et la Défense

Mais le rôle de l’École ne s’arrête pas là. À l’heure de la conscrip­tion, il importe de main­te­nir les liens étroits qui existent entre armée et Nation.

Le suc­cès des Jour­nées Nation- Défense atteste de leur impor­tance et de l’attachement que nos citoyens y portent.

L’École poly­tech­nique, pépi­nière d’officiers de réserve, consti­tue le creu­set au sein duquel ils se tissent et où ils acquièrent la force qui les fait résis­ter à l’épreuve du temps.

Élargir l’environnement de l’X

Cela ne signi­fie pas bien enten­du qu’il faille que l’X se can­tonne à cet envi­ron­ne­ment. Bien au contraire, le suc­cès de la réforme de la for­ma­tion en atteste.

L’X doit être un des tout pre­miers éta­blis­se­ments d’enseignement et de recherche euro­péens à tra­vers un accrois­se­ment des contacts inter­na­tio­naux et par le biais d’une ouver­ture plus large aux élèves étrangers.

Je salue à ce titre la pré­sence d’élèves étran­gers dans vos rangs.

L’École est en effet sou­mise à une concur­rence inter­na­tio­nale vive.

Le “mar­ché” de la for­ma­tion néces­site de s’adapter rapi­de­ment afin que les diplômes jouissent de la plus grande recon­nais­sance au plan inter­na­tio­nal et puissent ain­si accroître l’attractivité de l’École.

Cette adap­ta­tion doit se com­plé­ter d’une plus large ouver­ture des élèves fran­çais à la culture inter­na­tio­nale en allant se confron­ter au monde.

Les stages à l’étranger effec­tués en 4e année et les séjours lin­guis­tiques sont deux ingré­dients qui doivent vous per­mettre de vous impré­gner de la culture de nos par­te­naires ; vous pou­vez en ima­gi­ner d’autres.

La pré­sence sur le pla­teau de Saclay de nou­veaux centres de recherche plus proches de l’entreprise tels Thales, Danone à proxi­mi­té de Paris XI et de Soleil per­met­tra de sti­mu­ler encore plus votre dyna­misme et d’ouvrir encore plus lar­ge­ment votre formation.

C – Les moyens de l’École Mener à bien l’ensemble de ces missions requiert des moyens.

Le ministre de la Défense s’était enga­gé ici même l’an der­nier sur le res­pect du contrat plu­ri­an­nuel pas­sé avec l’École.

Ces enga­ge­ments sont tenus. En par­ti­cu­lier, le Minis­tère par le biais de la DGA dote­ra l’École comme pré­vu et les armées et la DGA four­ni­ront l’encadrement et les stages nécessaires.

Les par­te­na­riats doivent per­mettre en outre à l’École d’augmenter ses res­sources propres en liai­son avec la Fon­da­tion de l’École poly­tech­nique. Je sou­haite que l’École conti­nue à se mobi­li­ser autour de pro­jets concrets.

Il est éga­le­ment impor­tant que l’ensemble de notre com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne se mobi­lise pour recher­cher des res­sources propres et un plus grand sou­tien du monde éco­no­mique dans lequel elle joue bien sou­vent un rôle éminent.

Je salue à ce titre les anciens élèves de l’Association des anciens élèves de l’X dont la pré­sence nom­breuse ce matin témoigne de leur soutien.

En retour, que le dyna­misme qu’ils déploient dans leurs entre­prises vous inspire.

D – Conclusion

Je sou­hai­te­rais ter­mi­ner mon pro­pos en m’adressant direc­te­ment à vous élèves de la pro­mo­tion 2002.

Vous êtes appe­lés à deve­nir les cadres diri­geants des sec­teurs éco­no­miques, finan­ciers, de la recherche, des armées ou de la haute fonc­tion publique.

Vous avez cha­cun et cha­cune d’entre vous un rôle à jouer dans la construc­tion de notre ave­nir commun.

Vau­ve­nargues le disait en son temps : “ Pour savoir ce qu’il faut faire il faut du génie, pour savoir com­ment le faire il faut du talent mais pour le faire il faut de la vertu. ”

Vau­ve­nargues pei­gnait avant l’heure le por­trait d’un polytechnicien.

Je vous sou­haite bonne chance pour vos enga­ge­ments et vos pro­jets futurs. Je vous remercie

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