Présence de Carl Rogers

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°529 Novembre 1997Par : André de Peretti (36)Rédacteur : Robert WIRTH (37)

L’auteur a été asso­cié pen­dant plus de trente ans à l’évolution des tra­vaux de Carl Rogers, psy­cho­logue amé­ri­cain, mort en 1987 au moment même où il allait être pro­po­sé pour le prix Nobel de la paix.

Exa­mi­nant les per­sonnes indi­vi­duel­le­ment dans leurs diver­si­tés et leurs ten­sions, Rogers écrit en 1973 :

“ J’avais appris… qu’écouter sim­ple­ment un client en essayant de le com­prendre puis s’efforcer de rendre sen­sible cette com­pré­hen­sion était un moteur puis­sant de chan­ge­ment thé­ra­peu­tique pour l’individu.

Cette phrase illustre une des démarches cli­niques essen­tielles de Rogers, acti­vi­té dans laquelle il a intro­duit une recherche d’aspect scien­ti­fique et sta­tis­tique. En 1938, en pion­nier, il inau­gu­re­ra l’enregistrement des entre­tiens au magné­to­phone, consti­tuant ain­si une vaste base de don­nées sur le déve­lop­pe­ment de la per­sonne, confir­mant une thé­ra­pie cen­trée sur chaque client et ini­tiant des pro­cé­dés de mesure.

Entré dans la psy­cho­lo­gie, alors qu’elle était domi­née par les théo­ries de Freud, Rogers a adop­té une atti­tude rigou­reu­se­ment expé­ri­men­tale dépour­vue de tout a priori.

Par ailleurs, il com­mence la “ thé­ra­pie de groupe ” à l’occasion d’un pro­jet admi­nis­tra­tif de réin­ser­tion de com­bat­tants rapa­triés. Cette tech­nique col­lec­tive pren­dra un déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal dans des cas très variés, conflic­tuels parfois.

En 1965 se situe une ren­contre avec Paul Tillich, pen­seur chré­tien ; celui-ci constate par­fois dans une ren­contre de per­sonne à per­sonne un élé­ment de carac­tère sacré. Rogers détourne la conver­sa­tion et s’efforce de res­ter fidèle à l’esprit de Des­cartes. Cepen­dant en 1986 il men­tion­ne­ra “ l’existence d’une dimen­sion mys­tique ou spi­ri­tuelle ” mais il n’aura pas le temps de pour­suivre dans cette direction.

Cette oeuvre expé­ri­men­tale a des appli­ca­tions dans la solu­tion des conflits entre indi­vi­dus, dans les struc­tures de com­man­de­ment et les conflits politiques.

Je suis pro­fane face à ces recherches mais la lec­ture du livre d’André de Per­et­ti m’a per­mis de péné­trer dans des domaines dif­fi­ciles et enri­chis­sants. Je livre ici avec outre­cui­dance quelques impres­sions qui ne pré­tendent en rien consti­tuer une recen­sion d’un livre qui est une “somme”.

Il per­met de don­ner corps à des consta­ta­tions qu’on peut faire dans l’industrie, ou dans l’armée dont on vou­drait défi­nir une thérapeutique.

C’est pour­quoi je crois cette lec­ture dif­fi­cile, sus­cep­tible de faci­li­ter la recherche de solu­tions à des pro­blèmes psy­cho­lo­giques inté­res­sant des struc­tures de com­man­de­ment ou d’évolution de carrière.

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