Paul Badré (26)

Paul Badré (26), 1906–2000

Dossier : ExpressionsMagazine N°587 Septembre 2003
Par André TURCAT (40)

Paul Badré, qui s’est éteint à 95 ans, a connu une des plus belles car­rières de pilote d’es­sais d’avant-guerre.

Paul Badré, qui s’est éteint à 95 ans, a connu une des plus belles car­rières de pilote d’es­sais d’avant-guerre.
La pro­mo 26, avec sa cadette, a réuni des noms res­tés fameux dans l’in­dus­trie aéro­nau­tique et les essais : Hen­ri Zie­gler, Tuf­fal, Lecarme, Des­bruères, Glas­ser, Roos, Polart, du Merle, Cam­bois, Louis Bonte. C’é­tait aus­si l’é­poque res­tée dans notre cœur de Roza­noff, du père Cou­pet, tous ayant mis au point au CEMA de Vil­la­cou­blay des méthodes d’es­sais scien­ti­fiques aux­quelles il ne man­quait que des moyens. Ils ont inven­té l’a­na­lyse des effi­ca­ci­tés de com­mandes de vol, des qua­li­tés de vol (et des défauts !), de la stabilité.

Depuis ses débuts sur Morane 138 jus­qu’au Mes­ser­sch­mitt 262 et au Meteor à réac­tion qu’il connut après-guerre, Badré a volé avec audace, adresse et chic sur tout ce qui pou­vait voler… et même ne le pou­vait pas, à l’é­poque où l’on com­men­çait l’en­traî­ne­ment sur des avions désen­toi­lés dits rou­leurs. Mais son mieux aimé fut le Léo 45.

En août 1940, par­lant alle­mand, il est nom­mé à la Com­mis­sion d’ar­mis­tice. Il y reste jus­qu’en jan­vier 1941, et entre dans la Résis­tance à Vichy même après récep­tion des pre­miers postes de radio de Londres, par­ti­ci­pant aux opé­ra­tions du « S. R. Air ».

Il envoyait à Londres, du gre­nier de sa mai­son, les com­mu­ni­ca­tions télé­pho­niques entre l’é­tat-major alle­mand de Paris et l’Al­le­magne, inter­cep­tées par Kel­ler (dénon­cé par Bous­quet et mort en dépor­ta­tion). En jan­vier 1943 on le retrouve à Londres avec l’In­tel­li­gence Ser­vice ; mais avide d’ac­tion il se fait envoyer en AFN où il prend le com­man­de­ment du groupe Franche-Com­té et fait ain­si un tour d’o­pé­ra­tions sur B26 Marauder.

De 1946 à 1948 il est direc­teur du Bureau des maté­riels nou­veaux, puis pre­mier direc­teur des essais en vol de la SNECMA, direc­teur de pro­duc­tion de la SNCASO, pré­sident de la SFERMA.

Res­té cepen­dant aus­si dis­cret que lucide, il était avec Léo­pold Galy (de chez Dewoi­tine) le der­nier sur­vi­vant des pilotes d’es­sais d’a­vant-guerre. Mais sur­tout il était grand, de taille, de valeur, de modes­tie et de gentillesse.

Membre d’hon­neur de l’A­ca­dé­mie natio­nale de l’air et de l’espace.

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