Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°675 Mai 2012Par : André Grimaldi, Didier Tabuteau (78), François Bourdillon, Frédéric Pierru, Olivier Lyon-CaenRédacteur : Jacques BOURDILLON (45)Editeur : Odile Jacob – 2011 – 15, rue Soufflot, 75005 Paris.

Couverture du livre : Manifeste pour une santé égalitaire et solidaireLe sys­tème fran­çais de san­té était clas­sé pre­mier dans le monde en 2000, une nou­velle ana­lyse a été faite en 2011. En une décen­nie, nous avons subi plu­sieurs crises : crise éco­no­mique 2008–2011 (ralen­tis­se­ment de la crois­sance mon­diale), crise de la san­té en France (sang conta­mi­né, cani­cule 2003, hor­mone de crois­sance et on oublie la pré­ven­tion), crise d’identité pro­fes­sion­nelle (accrois­se­ment de l’écart entre mis­sion et moyens, coût des moyens), crise démo­gra­phique (réduc­tion de 1970 à 1990 du nombre des méde­cins formés).

Nous avons subi une décons­truc­tion des ser­vices publics de san­té (les sept points sui­vants) : la dis­tinc­tion public-pri­vé est pro­gres­si­ve­ment effa­cée ; la tari­fi­ca­tion à l’acte a eu des incon­vé­nients (aggra­va­tion des inéga­li­tés) ; la dérive des dépas­se­ments d’honoraires ; des hési­ta­tions entre avan­cées et renon­ce­ments : pas assez de sécu­ri­té rou­tière et d’IVG, trop d’alcool et de tabac ; l’insuffisance de la place accor­dée aux asso­cia­tions de patients ; l’augmentation du « reste à la charge du patient » (for­faits, fran­chises, dépas­se­ment d’honoraires) ; le débat sur la « dépen­dance » est enfin amor­cé mais il l’est à peine.

Six pro­po­si­tions en vue d’une nou­velle poli­tique : soli­da­ri­té (entre malades et bien por­tants, riches et pauvres) ; éga­li­té (accès à des pres­ta­tions iden­tiques) ; pré­ven­tion (nous n’y consa­crons que 7 % des dépenses de san­té ; domaines à déve­lop­per) ; qua­li­té des soins (d’abord gui­dage par les géné­ra­listes et les phar­ma­ciens, éva­lua­tion des résul­tats) ; éthique médi­cale (auto­no­mie du méde­cin, pres­crip­tion du juste soin au juste coût) ; démo­cra­tie sani­taire (la part des richesses à consa­crer à la san­té peut résul­ter d’un choix démocratique).

Il faut donc confor­ter et déve­lop­per les quatre ser­vices publics de santé :

– ser­vice public d’assurance mala­die (pour un accès uni­ver­sel) : amé­lio­rer les remboursements,
– ser­vice public de méde­cine de proxi­mi­té à recons­truire (délé­gué aux méde­cins libé­raux éven­tuel­le­ment regroupés),
– ser­vice public hos­pi­ta­lier à refon­der (réduit aux hôpi­taux et aux cli­niques avec des dépassements),
– ser­vice public de sécu­ri­té sani­taire et de pré­ven­tion col­lec­tive à ins­ti­tuer (police sani­taire, veille épi­dé­mio­lo­gique, vigi­lance sani­taire, méde­cine du tra­vail, méde­cine sco­laire, méde­cine de PMI, pro­mo­tion de la santé).

Nous ne pou­vons, faute de place, citer les 123 signa­taires, mais nous croyons utile cepen­dant d’évoquer : Oli­vier Ber­nard (Méde­cins du monde), Fran­çois Bour­dillon, Rony Brau­man, André Gri­mal­di, Sté­phane Hes­sel, Éve­lyne Lenoble, Oli­vier Lyon-Caen, Fré­dé­ric Pier­ru, Didier Tabu­teau (78), Pierre Tar­ta­kows­ky (droits de l’homme), Michel Tubiana.

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