DVD les 16 quatuors de Beethoven par le quatuor Belcea

Ludwig Van BEETHOVEN : les seize quatuors

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°722 Février 2017Par : le quatuor BelceaRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Cinq DVD ou quatre Blu-ray Euroarts

Les neuf sym­pho­nies, les trente-deux sonates pour pia­no et les seize qua­tuors sont les trois piliers de l’œuvre de Bee­tho­ven, riche de bien d’autres chefs‑d’œuvre (Mis­sa Solem­nis, Fide­lio, concer­tos pour pia­no, pour violon). 

Ces trois ensembles monu­men­taux par­courent toute la car­rière de Bee­tho­ven, le com­po­si­teur qui a fait pas­ser la musique de l’époque clas­sique à l’époque roman­tique, com­po­sant à la fois pen­dant les car­rières de Mozart et Haydn et celles de Schu­bert et Mendelssohn. 

De ces trois piliers, les seize qua­tuors sont pro­ba­ble­ment l’ensemble le plus ardu, celui où les inno­va­tions de Bee­tho­ven et ses moder­ni­tés demandent le plus de concen­tra­tion, des musi­ciens et des auditeurs. 

Et l’aridité du qua­tuor réduit à un seul ins­tru­ment par voix ne par­donne rien sans une inter­pré­ta­tion parfaite. 

Contrai­re­ment aux qua­tuors de Mozart ou de Haydn, chez Bee­tho­ven les qua­tuors de jeu­nesse sont d’emblée mémo­rables. Les six pre­miers qua­tuors de l’opus 18 sont déjà remarquables. 

Ayons bien en tête qu’au moment de leur com­po­si­tion Haydn est encore devant dix ans de car­rière. Sur le même sché­ma que les qua­tuors de Haydn et Mozart, nous avons tout de même chan­gé d’époque. Le chan­ge­ment de siècle a même lieu là sous nos yeux, dans le très court Trio du scher­zo de l’opus 18 n° 3, le pre­mier com­po­sé, une musique d’une audace jamais enten­due auparavant. 

Le der­nier mou­ve­ment de l’opus 18 n° 6, La Malin­co­nia, sur­prend avec son alter­nance rap­so­dique de moments rapides et lents. Puis la forme se libère, jusqu’aux der­niers qua­tuors d’une struc­ture com­plè­te­ment non ortho­doxe, aux audaces har­mo­niques et ryth­miques consi­dé­rables, com­po­sés après la Neu­vième Sym­pho­nie, à un moment où sa sur­di­té est totale. Le finale ori­gi­nal du Trei­zième Qua­tuor, dit Grande Fugue, est une prouesse musicale. 

Et pour se convaincre de l’avance que Bee­tho­ven avait sur son temps, faites la curieuse expé­rience d’écouter le mou­ve­ment lent du Sei­zième Qua­tuor, le der­nier com­po­sé, dans l’orchestration faite par Mah­ler, inter­pré­té par Leo­nard Bern­stein : c’est sai­sis­sant, nous sommes en plein ada­gio de la Troi­sième ou de la Neu­vième Sym­pho­nie de Mahler. 

Nous avons ado­ré l’interprétation du Qua­tuor Bel­cea. Ce qua­tuor consti­tué autour de Cori­na Bel­cea s’est fait connaître il y a plus de dix ans, notam­ment par ses enre­gis­tre­ments pour le label Zig-Zag Ter­ri­toires (un disque Jana­cek qui fait tou­jours réfé­rence). Il se carac­té­rise par une très grande expres­si­vi­té, une inter­pré­ta­tion toute en relief, jamais plate ni fade. Cela lui per­met de rendre l’invention des pre­miers qua­tuors opus 18, tout en étant très à l’aise avec la moder­ni­té des der­niers opus. 

Pour ces concerts fil­més en public natu­rel­le­ment sur plu­sieurs soi­rées, les musi­ciens ont choi­si une dis­po­si­tion ori­gi­nale, avec le vio­lon­celle au centre et l’alto à droite fai­sant miroir aux deux vio­lons. Une fois de plus l’image apporte beaucoup. 

Nous sommes vrai­ment à un concert. L’image haute défi­ni­tion nous montre tout de la finesse des traits d’archet, des efforts de nuance, de l’élégance des tenues des musiciens.

Poster un commentaire