DVD les 9 symphonies de Beethoven par l'orchestre philharmonique de Berlin

Ludwig Van Beethoven : les neuf symphonies

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°724 Avril 2017Par : l'orchestre philharmonique de Berlin, direction Sir Simon RattleRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Trois DVD ou deux Blu-ray BPO

Les Sym­pho­nies de Bee­tho­ven par le Phil­har­mo­nique de Ber­lin, un grand clas­sique pour le dis­co­phile ! Sans remon­ter jusqu’au pre­mier enre­gis­tre­ment d’une sym­pho­nie de l’histoire, déjà Bee­tho­ven (la Cin­quième) et déjà par le Phil­har­mo­nique de Ber­lin en 1913 (sous la direc­tion de son chef de l’époque Arthur Nikisch), le cata­logue est rem­pli de ver­sions « de réfé­rence » de ces sym­pho­nies par Ber­lin sous la direc­tion de leur direc­teur musi­cal Furtwän­gler (années 1950), Kara­jan (trois fois, dans les années 1960, 1970 puis 1980 à la nais­sance du disque com­pact), Abba­do (années 1990). 

Les ver­sions de Kara­jan 1980 et d’Abbado sont d’ailleurs dis­po­nibles en DVD et très recom­man­dables (même si les films très modernes de Kara­jan à l’époque ont bien vieilli). 

Sir Simon Rat­tle, direc­teur des Ber­li­ner Phil­har­mo­ni­ker depuis 2004, et dont c’est la der­nière année à leur tête, a beau­coup atten­du, car il vou­lait avoir construit une grande com­pli­ci­té avec l’ensemble, pour enre­gis­trer ce tes­ta­ment. Et il le fait de façon magis­trale, à la fois au disque, en vidéo en DVD/ Blu-ray et en strea­ming, tout cela dis­po­nible sur le site du Phil­har­mo­nique www.digitalconcerthall.com et www. berliner-philharmoniker-recordings.com

Le Bee­tho­ven de Rat­tle com­bine à la fois la per­fec­tion ins­tru­men­tale propre à l’orchestre (l’éloquence des contre­basses et vio­lon­celles, par exemple au début du finale de la Neu­vième, les bois, le fon­du des cordes, etc.), héri­tée de Kara­jan, et une liber­té de phra­sé et de tem­pi telle que Furtwän­gler l’a immortalisée. 

Pour les tem­pi, Rat­tle recon­naît sa volon­té d’intégrer en même temps l’intensité ryth­mique de Tos­ca­ni­ni et la liber­té de Furtwän­gler, l’orchestre lui offrant la puis­sance et l’énergie pour per­mettre sa vision. 

Les ins­tru­men­tistes les plus anciens qui ont connu les trois der­niers chefs expriment leur plai­sir dans cette com­bi­nai­son de l’agilité et la viva­ci­té d’Abbado avec la beau­té et la pro­fon­deur des cou­leurs de Kara­jan. Vous l’avez com­pris, cette approche riche et ori­gi­nale, conju­guant les grandes qua­li­tés des visions de ses pré­dé­ces­seurs, nous a séduits. 

L’orchestre, bien plus fémi­ni­sé en 2016 que pour les ver­sions pré­cé­dentes, est dis­po­sé de façon ori­gi­nale pour un cycle de sym­pho­nies à Ber­lin : Rat­tle a excep­tion­nel­le­ment choi­si de dis­po­ser les seconds vio­lons à droite, créant ain­si un effet d’écho entre les deux lignes de vio­lon et une grande spa­tia­li­sa­tion de l’ensemble.

Pour la dimen­sion de l’orchestre, il n’y a pas d’effectif théo­rique. À une époque proche, Rat­tle nous rap­pelle que Mozart a créé sa 40e sym­pho­nie avec un orchestre très réduit et a été ravi de l’entendre quelques jours plus tard avec un orchestre pléthorique. 

Même expé­rience pour Haydn et sa Créa­tion, créée en 1798 pour petit ensemble et jouée quelques jours plus tard par un orchestre et chœur éléphantesques. 

Dans ces enre­gis­tre­ments, la taille de l’orchestre évo­lue à mesure que Rat­tle consi­dère que les sym­pho­nies le néces­sitent, 3 contre­basses et 10 pre­miers vio­lons pour les deux pre­mières sym­pho­nies, 5 contre­basses et 12 pre­miers vio­lons pour l’Héroïque, l’orchestre com­plet (8 contre­basses, etc.) pour la Neu­vième.

Sir Simon a choi­si d’utiliser les par­ti­tions ori­gi­nales telles qu’elles ont été réédi­tées par Jona­than Del Mar. Notam­ment de nom­breuses cor­rec­tions ont été appor­tées à ce que l’usage et la tra­di­tion avaient péren­ni­sé pen­dant plus de cent cin­quante ans, par exemple l’utilisation du contre­bas­son pour dou­bler les contre­basses dans la Neu­vième sym­pho­nie (ins­tru­ment très dif­fi­cile et périlleux au début du XIXe siècle), ou le phra­sé des cors dans l’Ode à la joie.

Les DVD sont com­plé­tés, « en bonus », de deux films, l’un sur la réa­li­sa­tion de cette pro­duc­tion très ambi­tieuse, et l’autre mon­trant Rat­tle expli­quer sa vision des sym­pho­nies, au pia­no pour les exemples musi­caux, pas­sion­nant, vraiment. 

Très bien enre­gis­trée, ce qui est impor­tant pour rendre le son de ce qui est peut-être le plus bel orchestre du monde, par­fai­te­ment fil­mée (nous voyons par exemple bien mieux les solos des bois ou le choeur dans le finale de la Neu­vième que les spec­ta­teurs le jour de l’enregistrement), cette pro­duc­tion est deve­nue la nou­velle référence.

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