L’imposture pédagogique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°641 Janvier 2009Par : Isabelle StalRédacteur : Alain Vial (60)Editeur : Éditions Perrin

Couverture du livre : L'imposture pédagogiqueDans L’imposture péda­go­gique, l’auteur, Isa­belle Stal, elle-même impli­quée, s’interroge sur l’efficacité de notre ins­truc­tion publique, dont l’ambition ori­gi­nelle était de don­ner un mini­mum de connais­sances, et peut-être de bon sens, à tous, et un maxi­mum de réus­site aux plus méri­tants qu’elle sélectionnait.

Dans les rues, ces der­nières années, des cohortes d’enseignants, d’élèves, de mani­fes­tants, pas­sion­nés et bien sou­te­nus par les organes d’information, réclament tou­jours plus de « moyens » pour le ser­vice public d’instruction (auquel on a cru pou­voir don­ner le nom « d’éducation ») ; pour­tant, comme l’a rap­pe­lé É. Badin­ter dans L’infant de Parme, d’un mau­vais élève béné­fi­ciant de deux pré­cep­teurs émé­rites pour lui seul, on ne peut faire boire un âne qui n’a pas soif.

Mal­gré l’accroissement des moyens, le sys­tème actuel obtient des résul­tats en régres­sion ; le voca­bu­laire s’appauvrit et se per­ver­tit, l’orthographe se perd, la gram­maire est igno­rée. On observe et on s’en indigne, que l’école conduit une pro­por­tion de plus en plus réduite d’enfants d’origine « modeste » ou « défa­vo­ri­sée » aux posi­tions supé­rieures de la vie d’adulte.

Pour­tant l’humanité a fait dès sa nais­sance l’expérience de l’enseignement ; elle en a appor­té la preuve dès qu’elle a su lais­ser des traces écrites. On sait depuis long­temps que l’égalité s’entend dans la pos­si­bi­li­té don­née à cha­cun d’entrer dans la car­rière, pas dans la vitesse à laquelle il pour­ra cou­rir ; que le maître et l’élève ne sont pas des égaux ; qu’un ensei­gne­ment col­lec­tif implique de la dis­ci­pline (l’individuel aus­si d’ailleurs…); qu’au-delà des dons, si béné­fiques mais natu­rel­le­ment mal par­ta­gés, le tra­vail et la rigueur apportent beau­coup… mais doivent se pra­ti­quer tôt.

Il semble enfin super­flu d’insister sur le béné­fice que la cité retire de l’instruction des citoyens, ou inver­se­ment sur les consé­quences fâcheuses que peut entraî­ner l’absence d’instruction.

Pour­quoi notre sys­tème d’enseignement public, sous cou­vert de « démo­cra­ti­sa­tion » accrue (?), obtient-t-il main­te­nant de si mau­vais résultats ?

Com­ment en est-on venu là ?

Je recom­mande la lec­ture de L’imposture péda­go­gique à tous ceux que le sujet inté­resse cet ouvrage lucide, per­ti­nent et de lec­ture aisée.

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