Les travaux publics français

Dossier : Les travaux publicsMagazine N°614 Avril 2006
Par Daniel TARDY (53)

Avec un chiffre d’af­faires annuel de l’ordre de 160 mil­liards d’eu­ros, les entre­prises fran­çaises de construc­tion réunies sous le vocable « BTP » comptent en leur sein les deux lea­ders mon­diaux Vin­ci et Bouygues qui dépassent cha­cun de près d’un tiers le chiffre d’af­faires du troi­sième lea­der mondial.

Employant en France 1 800 000 per­sonnes envi­ron, soit 10 % des actifs au tra­vail n’ap­par­te­nant pas à la fonc­tion publique, le BTP bâtit notre cadre de vie et amé­nage notre envi­ron­ne­ment à la ville comme à la campagne.

Au sein de cette acti­vi­té, les Tra­vaux publics (TP) construisent les réseaux de trans­port et leurs ter­mi­naux pour les voya­geurs, les mar­chan­dises, l’éner­gie et l’in­for­ma­tion. Ils se dis­tinguent du bâti­ment par l’im­por­tance de la par­tie de leur acti­vi­té exer­cée hors de France (un tiers contre 3 %) et leur clien­tèle aux deux tiers publique.

En 2004 avec 8 000 entre­prises et 260 000 sala­riés, les TP ont réa­li­sé en France métro­po­li­taine 32 mil­liards d’eu­ros de chiffre d’af­faires hors taxes. L’ac­ti­vi­té se répar­tit approxi­ma­ti­ve­ment par tiers entre entre­prises de moins de 51 sala­riés (90 % des entre­prises), entre­prises de 51 à 500 sala­riés (9 % des entre­prises, 38 % des sala­riés) et entre­prises de plus de 500 sala­riés (0,8 % des entre­prises, 29 % des sala­riés). Les ouvriers repré­sentent les deux tiers des effec­tifs et ils sont de natio­na­li­té fran­çaise pour 81 % d’entre eux.

La pro­por­tion des ouvriers dans l’ef­fec­tif des entre­prises dimi­nue avec la taille de ces der­nières : alors que pour les entre­prises de moins de 51 sala­riés les ouvriers repré­sentent 75 % de l’ef­fec­tif, ils ne sont plus que 56 % dans les entre­prises de plus de 1 000 personnes.

Il naît en France chaque jour ouvrable 2 ou 3 entre­prises de TP et il en meurt presque autant mais la liqui­da­tion de biens n’af­fecte qu’un quart de celles qui cessent leur activité.

Le chiffre d’af­faires des entre­prises de TP se répar­tit en France :

• pour un tiers (34 %) en tra­vaux routiers,
• pour un tiers (17,8 % + 14,3 % = 32,1 %) entre cana­li­sa­tion et tra­vaux électriques,
• quant au der­nier tiers, les ter­ras­se­ments géné­raux (17,4 % du total) en repré­sentent la moi­tié, tan­dis que les ouvrages d’art et équi­pe­ments indus­triels en consti­tuent un quart (8,3 % au total).

Si nous étu­dions main­te­nant la clien­tèle on constate qu’elle appar­tient pour un tiers (33,2 %) au sec­teur pri­vé (pro­por­tion qui aug­men­te­ra avec la pri­va­ti­sa­tion des socié­tés d’au­to­routes) et pour 44 % aux col­lec­ti­vi­tés locales. L’É­tat fran­çais lui-même repré­sente désor­mais moins de 6 % de l’ac­ti­vi­té des entre­prises de tra­vaux publics.


Com­pa­rée à la crois­sance éco­no­mique fran­çaise, l’é­vo­lu­tion du volume d’ac­ti­vi­té des entre­prises de TP en France a été carac­té­ri­sée par une forte crise entre 1991 et 1998, le regain d’ac­ti­vi­té des années récentes n’ayant pas per­mis de com­pen­ser le retard accu­mu­lé qui se tra­duit en 2004 par un volume d’ac­ti­vi­té encore légè­re­ment infé­rieur à celui de 1990.

Au sein de l’ac­ti­vi­té TP la construc­tion d’in­fra­struc­tures de trans­port en France a été mar­quée par des suc­ces­sions de « stop » (qui obligent à gérer les drames sociaux liés à la néces­saire adap­ta­tion des effec­tifs) et de « go » (où l’ou­til sous-dimen­sion­né tourne en sur­vi­tesse avec un mau­vais rendement).

L’ef­fort d’in­ves­tis­se­ment en infra­struc­tures de trans­port est insuf­fi­sant : il tombe en douze ans de 1,2 % à 0,9 % du PIB et de ce fait va réduire la capa­ci­té future de déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la France, d’au­tant que notre posi­tion géo­gra­phique au cœur de l’Eu­rope va entraî­ner un déve­lop­pe­ment du tra­fic entre nos voi­sins pas­sant sur notre ter­ri­toire ou y accé­dant à tra­vers notre façade maritime.

Les articles qui suivent mon­tre­ront au lec­teur com­ment l’in­dus­trie des Tra­vaux publics est actuel­le­ment en pleine muta­tion avec le renou­veau des maté­riaux dont par­le­ront Yves Malier et Paul Acker. Michel Vir­lo­jeux (65) et Jean Cha­pon (48) évo­que­ront l’é­vo­lu­tion des pro­jets et la recherche appli­quée en génie civil.

Les nou­veaux modes de finan­ce­ment et la néces­saire des­serte des zones urbaines pour sou­te­nir la crois­sance éco­no­mique sont trai­tés par Claude Mar­ti­nand (64) et Jean Pou­lit (57), tan­dis que Daniel Vincent (53) met­tra en évi­dence le retard pré­oc­cu­pant des réseaux tran­seu­ro­péens de transport.

Trois grands pro­jets fran­çais d’in­fra­struc­tures, le via­duc de Mil­lau réa­li­sé, la ligne fer­ro­viaire à grande vitesse Per­pi­gnan Figue­ras en construc­tion, et le canal à grand gaba­rit Seine Nord-Escaut en pro­jet, sont décrits par Marc Legrand (74) et Nico­las Bour (73) assis­té de Benoît Deleu (84), tan­dis que Jean Mon­ville (63) évoque cent cin­quante ans de che­mi­ne­ment d’une entre­prise qui est pas­sée des lignes fer­ro­viaires aux auto­routes de l’information.

Enfin pour conclure Jean-Pierre Maillant (50) et Roland Girar­dot (47) indi­que­ront de façon pré­cise com­ment en savoir plus sur le Web avec » pla­nète TP » (le musée vir­tuel des Tra­vaux publics) et en biblio­thèque avec la revue Tra­vaux.

Aux côtés des deux grands lea­ders mon­diaux Vin­ci et Bouygues, fai­sant œuvre utile au ser­vice de leurs contem­po­rains, les Tra­vaux publics fran­çais, petites, moyennes et grandes entre­prises, offrent des pers­pec­tives de vie pas­sion­nante aux 100 000 jeunes qu’ils devront recru­ter dans les dix pro­chaines années.

L’a­ve­nir de ces jeunes, gar­çons et filles, sera d’ailleurs pro­ba­ble­ment influen­cé par le déve­lop­pe­ment des deux pôles de com­pé­ti­ti­vi­té concer­nant les TP (label­li­sés le 12 juillet 2005) :

• le pôle Ville et Mobi­li­té durable en Île-de-France pré­si­dé par Michel Cote (62),
• le pôle Génie civil Ouest pré­si­dé par Ber­nard Thé­ret (69).

Quoi qu’il en soit les anciens de la pro­fes­sion pour­raient leur trans­mettre le mes­sage de Georges Cle­men­ceau » Pour connaître sans attendre l’a­ve­nir la for­tune de vos efforts, retrous­sez réso­lu­ment vos manches et faites votre destinée. »

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