Les expériences de Dayton C. Miller, 1925–1926, et la théorie de la relativité. Réponses aux observations des lecteurs

Dossier : ExpressionsMagazine N°527 Septembre 1997
Par Maurice ALLAIS (31)

IV – POINTS DE VUE NON RELATIVISTES

1 – Des appro­ba­tions et des soutiens

Si cer­tains lec­teurs ont pré­sen­té des cri­tiques sur mon article d’août-septembre 1996 de La Jaune et la Rouge1, d’autres m’ont appor­té leur sou­tien, cer­tains en termes chaleureux.

Un cer­tain nombre de cor­res­pon­dants non rela­ti­vistes m’ont envoyé leurs mémoires, leurs articles, ou leurs ouvrages, tous pré­sen­tant des ana­lyses inté­res­santes au regard des théo­ries rela­ti­vistes, en rela­tion avec cer­taines de mes pré­oc­cu­pa­tions, mais sans rela­tion directe avec mon article d’août-septembre 1996, et faute de place il m’est impos­sible de les ana­ly­ser ici.2 et 3

Patrick Cor­nille donne des réfé­rences par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­santes sur les expé­riences inter­fé­ro­mé­triques récentes4 et répond ain­si à une ques­tion de Pierre Nas­lin5.

Bien que mes recherches repré­sentent pour moi l’essentiel de mes moti­va­tions, je ne puis res­ter insen­sible à la rédac­tion de quelques lettres6.

Claude Friang

“ (Je pré­sente) quelques obser­va­tions en rap­port direct avec ce docu­ment très impor­tant par ses consé­quences. Comme le fait remar­quer très cou­ra­geu­se­ment Mau­rice F. Allais, il remet sans conteste en cause cer­tains des fon­de­ments de la science phy­sique actuelle…

“La rigueur logique de l’exposé et des réponses cir­cons­tan­ciées, font com­prendre la cohé­sion de la conclu­sion : qui est la non constance de la constante uni­ver­selle axio­ma­ti­sée de la vitesse de la lumière, du fait de son ani­so­tro­pie spatiale…

“ Nous fai­sons donc nôtre, la conclu­sion de cet article fon­da­men­tal, à savoir : « Une théo­rie (phy­sique) ne vaut que, ce que valent ses pré­misses et son adé­qua­tion avec l’Expérience est essen­tielle, en un mot : Capitale. »”

“ C’est pour­quoi, il y a lieu de saluer tout par­ti­cu­liè­re­ment, toute avan­cée objec­tive, scien­ti­fique, de cette nature, même si elle a mis du temps à éclore… : 23 voire même 34 de siècle ont été néces­saires pour mâtu­rer les esprits et enfin exploi­ter les don­nées incon­tes­tables des expé­riences de Day­ton C. Mil­ler, grâce aux tra­vaux et réflexions très récents de Mau­rice F. Allais, et qu’une fois de plus (!) il nous fait par­ta­ger sa luci­di­té et son objec­ti­vi­té, face au factuel.”

Marcel Macaire (42)

“ Je ne suis sur­pris, ni par les résul­tats des expé­riences de Mil­ler, ni par les conclu­sions que tu en tires ; elles sont d’ailleurs riches d’enseignements et devraient éveiller l’attention des cher­cheurs… Je reste convain­cu qu’on tire­ra un jour de ton tra­vail d’autres conclu­sions par­ti­cu­liè­re­ment utiles à l’interprétation des phé­no­mènes lumineux.”

Charles Maupas (34)

“ J’ai lu avec grand inté­rêt l’article de La Jaune et la Rouge, où tu montres que les expé­riences de Mil­ler, en 1925/1926, peuvent être inter­pré­tées comme une réfu­ta­tion expri­men­tale de la théo­rie de la Rela­ti­vi­té… Quoi qu’il en soit, je t’adresse tous mes com­pli­ments pour ta rigueur et ton courage…”

Paul-Ernest de Montaigne (35)

“Votre condam­na­tion de la Théo­rie ein­stei­nienne de la Rela­ti­vi­té du temps, publiée dans le n° 517 (août-sep­tembre 1996), de La Jaune et la Rouge m’a rem­pli d’aise. J’ai, en effet, beau­coup d’admiration pour vous. J’ai sui­vi avec un très vif inté­rêt, en 1960, vos confé­rences sur le pen­dule paraconique…

“J’ai été, faut-il le dire, un peu frus­tré de vous voir prix Nobel d’économie. Je vous atten­dais davan­tage prix Nobel de phy­sique. Vous voi­ci reve­nu à la Phy­sique, et com­ment ! J’espère que vous ne l’abandonnerez plus. “Je vous redis que je vous admire pour votre cou­rage et votre com­pé­tence. ”7

2 – Une sous-estimation de la signification et de la portée des régularités caractérisant les observations de Miller

Quelque per­ti­nents, quelqu’encourageants que puissent être les sou­tiens que j’ai reçus, je ne puis m’empêcher de regret­ter qu’ils ne s’efforcent pas d’interpréter les régu­la­ri­tés que j’ai mises en évi­dence dans les obser­va­tions de Miller.

Depuis près d’un siècle en effet l’essentiel des dis­cus­sions, sou­vent trop pas­sion­nées, sur la théo­rie de la rela­ti­vi­té a por­té sur des ana­lyses théo­riques et non sur les don­nées de l’expérience. Or, pré­ci­sé­ment, ce que montrent les régu­la­ri­tés que j’ai mises en évi­dence dans les obser­va­tions inter­fé­ro­mé­triques de Mil­ler, ce n’est pas ce que l’on atten­dait, c’est-à-dire une cor­ré­la­tion directe avec la vitesse orbi­tale et cos­mique de la Terre, ou son absence, mais un phé­no­mène dif­fé­rent, une ani­so­tro­pie de l’espace en rela­tion avec la posi­tion de la Terre sur son orbite et dif­fé­rentes influences astronomiques.

C’est cette ani­so­tro­pie de l’espace et ses carac­té­ris­tiques qu’il convient de sou­li­gner et d’expliquer, et mes cor­res­pon­dants, sou­vent très com­pé­tents, peuvent appor­ter ici des contri­bu­tions très précieuses.

En fait, autant les idées direc­trices des théo­ries peuvent appa­raître toutes natu­relles ou au contraire très contes­tables, autant la vali­di­té et la valeur des expé­riences sont tout à fait indé­pen­dantes de ces juge­ments. Deux cita­tions peuvent ici bien illus­trer mon point de vue.

Max Planck8 :

“ La valeur scien­ti­fique d’expériences pré­cises est indé­pen­dante de leur inter­pré­ta­tion théorique. ”

Claude Bernard9 :

“Il y a tou­jours deux choses essen­tielles à dis­tin­guer dans la cri­tique expé­ri­men­tale : le fait d’expérience et son inter­pré­ta­tion. La science exige avant tout qu’on s’accorde sur le fait parce que c’est lui qui consti­tue la base sur laquelle on doit rai­son­ner. Quant aux inter­pré­ta­tions et aux idées, elles peuvent varier, et c’est même un bien qu’elles soient dis­cu­tées, parce que ces dis­cus­sions portent à faire d’autres recherches et à entre­prendre de nou­velles expériences.”

V – L’INTERPRÉTATION DES RÉGULARITÉS CONSTATÉES

1 – Le résultat réputé “négatif” de l’expérience de Michelson et les expériences de Miller

L’analyse que j’ai faite des obser­va­tions de Mil­ler10 mène à une qua­druple conclusion :

– la pre­mière, c’est qu’il existe une très grande cohé­rence tout à fait indis­cu­table sous-jacente aux obser­va­tions inter­fé­ro­mé­triques de Mil­ler et qu’elle cor­res­pond à un phé­no­mène bien réel,
– la seconde, c’est qu’il est tout à fait impos­sible d’attribuer cette très grande cohé­rence à des causes for­tuites ou à des effets per­vers (de tem­pé­ra­ture par exemple)11,
– la troi­sième, c’est que la vitesse de la lumière n’est pas inva­riante quelle que soit sa direction,
– la qua­trième, c’est que les obser­va­tions inter­fé­ro­mé­triques de Mil­ler pré­sentent toutes une forte cor­ré­la­tion avec la posi­tion de la Terre sur son orbite.

Ces conclu­sions ne reposent que sur des faits. Elles sont indé­pen­dantes de toute hypo­thèse et de toute ana­lyse théo­rique que ce soit. La plu­part des résul­tats sur les­quels elles s’appuient, et tout par­ti­cu­liè­re­ment les plus impor­tants, n’ont pas été aper­çus par Mil­ler. Ils n’en sont que plus significatifs.

De là il résulte qu’il est tout à fait inexact de consi­dé­rer que l’expérience de Michel­son, telle qu’elle a été reprise par Mil­ler, ait don­né des résul­tats néga­tifs12. En réa­li­té, si tant d’expériences ont échoué ou ont été mal inter­pré­tées, c’est parce qu’elles n’ont repo­sé que sur des obser­va­tions très limi­tées, à une heure don­née d’un jour donné.

Comme l’a jus­te­ment sou­li­gné Mil­ler13 :

“ Pro­ba­bly a consi­de­rable rea­son for the fai­lure is the great dif­fi­cul­ty invol­ved in making the obser­va­tions at all times of day at any one epoch. Very few, if any, scien­ti­fic expe­ri­ments require the taking of so many and conti­nuous obser­va­tions of such extreme dif­fi­cul­ty ; it requires grea­ter concen­tra­tion than any other known experiment…

“ Pro­fes­sor Mor­ley once said, « Patience is a pos­ses­sion without which no one is like­ly to begin obser­va­tion of this kind. » ”

2 – Réponses à quelques questions

La rédac­tion de La Jaune et la Rouge (R.) et Guy Ber­thault (G. B.) m’ont posé quelques ques­tions com­plé­men­taires14 :

1 – R. : “Quelle est la signi­fi­ca­tion exacte des azi­muts A ? ” (§ 2.2. de mon article).

Réponse : À un ins­tant don­né l’azimut A cor­res­pond à la direc­tion pour laquelle le dépla­ce­ment des franges d’interférence est maxi­mum15.

2 – R. : “ Quelle inter­pré­ta­tion faut-il don­ner au fait que d’une période à l’autre une cohé­rence appa­raisse en temps sidé­ral qui n’existe pas en temps civil ? ” (mon article, § 3.1 et 3.2).

Réponse : Une régu­la­ri­té en temps sidé­ral signi­fie qu’elle résulte d’une influence astro­no­mique par rap­port à un réfé­ren­tiel lié aux étoiles fixes16.

3 – R. : “ Les hodo­graphes sont per­pen­di­cu­laires aux direc­tions moyennes des azi­muts : que signi­fie cette particularité ?”

Réponse : Cette par­ti­cu­la­ri­té est essen­tielle. Elle indique une ani­so­tro­pie de l’espace optique symé­trique par rap­port à la direc­tion moyenne des azi­muts A, elle-même variable avec l’époque.

Elle démontre en plus qu’on ne sau­rait l’expliquer en consi­dé­rant seule­ment la vitesse de la Terre, car alors, quelle que soit cette vitesse par rap­port à un réfé­ren­tiel lié aux étoiles fixes, l’hodographe serait symé­trique par rap­port au méri­dien17.

4 – R. : “Com­ment se fait-il que la vitesse mesu­rée par Mil­ler soit très infé­rieure à la vitesse de la Terre par rap­port au Soleil ?”

Réponse : Dans l’analyse théo­rique de ses obser­va­tions Mil­ler sug­gère que cette dif­fé­rence peut être expli­quée par un entraî­ne­ment par­tiel de l’éther par rap­port à la Terre18.

En réa­li­té, il semble plu­tôt que la vitesse mesu­rée par l’interféromètre résulte pour l’essentiel d’une ani­so­tro­pie de l’espace et qu’elle soit fonc­tion de cette ani­so­tro­pie de l’espace, cette ani­so­tro­pie résul­tant tout à la fois de l’influence des astres et de la posi­tion de la Terre sur son orbite.

En fait, les don­nées de l’observation ne sont pas assez nom­breuses pour qu’une expli­ca­tion défi­ni­tive puisse être don­née. On ne peut actuel­le­ment que for­mu­ler des hypo­thèses, et ces hypo­thèses sont très nom­breuses, bien que cer­taines appa­raissent plus vraisemblables.

5 – R. : “ La théo­rie de la rela­ti­vi­té res­treinte dis­tingue le mou­ve­ment de trans­la­tion et le mou­ve­ment de rota­tion de la Terre. Cette dis­tinc­tion a‑telle une inci­dence sur l’interprétation des expé­riences de Miller?”

Réponse : Ce n’est pas là une dis­tinc­tion propre à la théo­rie de la rela­ti­vi­té. Elle est faite éga­le­ment par la théo­rie clas­sique. En fait, l’expérience du pen­dule de Fou­cault de 1851 a mis en évi­dence la rota­tion de la Terre par rap­port à un réfé­ren­tiel lié aux étoiles fixes. Cette rota­tion a été entiè­re­ment confir­mée par l’expérience inter­fé­ro­mé­trique de Michel­son et Gale de 192519.

Quant au mou­ve­ment de trans­la­tion de la Terre par rap­port à ce réfé­ren­tiel, il fait pré­ci­sé­ment l’objet de toutes les dis­cus­sions. Pour le théo­ri­cien de la rela­ti­vi­té res­treinte la vitesse de la lumière est la même dans tout réfé­ren­tiel, en trans­la­tion uni­forme par rap­port aux étoiles fixes, où l’on observe des phé­no­mènes lumi­neux, et il résulte de la trans­for­ma­tion de Lorentz qu’il en est bien ain­si20. Il résulte de là que l’expérience de Michel­son devrait don­ner un résul­tat néga­tif. Mais l’analyse des obser­va­tions de Mil­ler montre qu’il n’en est rien. La vitesse de la lumière n’est pas constante et elle varie sui­vant sa direction.

La théo­rie clas­sique pré­tend expli­quer l’effet posi­tif de l’expérience de Michel­son par un entraî­ne­ment par­tiel de l’éther. Mais cette inter­pré­ta­tion est infir­mée par le fait que les hodo­graphes ne sont pas symé­triques par rap­port au méri­dien21.

En fait, la théo­rie de la rela­ti­vi­té et la théo­rie clas­sique ne consi­dèrent en aucune façon l’hypothèse d’une ani­so­tro­pie de l’espace qui, elle, peut expli­quer les phé­no­mènes observés.

6 – G. B. : “ Pour­quoi reje­ter le modèle de Mil­ler qui paraît si bien véri­fié par l’expérience. La non-expli­ca­tion des dévia­tions moyennes“A des azi­muts de Mil­ler et du coef­fi­cient de réduc­tion k de la vitesse de la Terre consti­tue-t-elle une jus­ti­fi­ca­tion suf­fi­sante de ce rejet ?”

Réponse : La véri­fi­ca­tion (d’ailleurs tout à fait approxi­ma­tive) du modèle de Mil­ler (dont les hypo­thèses sup­posent des hodo­graphes symé­triques par rap­port au méri­dien, puisqu’il ne consi­dère que les écarts des azi­muts par rap­port à leur direc­tion moyenne) n’est en réa­li­té pas valable. Le modèle de Mil­ler néglige tota­le­ment en effet une don­née expé­ri­men­tale essen­tielle, les dévia­tions moyennes“A des azi­muts A par rap­port au méri­dien, et leurs varia­tions au cours du temps.

La consi­dé­ra­tion des hodo­graphes, per­pen­di­cu­laires aux direc­tions moyennes, consti­tue un élé­ment entiè­re­ment nou­veau, tout à fait inat­ten­du (tout aus­si bien pour les non rela­ti­vistes que pour les rela­ti­vistes), que n’avait pas déce­lé Mil­ler22 et qui exclut tota­le­ment l’interprétation don­née par Mil­ler à ses obser­va­tions23.

3 – L’interprétation des faits

Les mêmes faits peuvent sus­ci­ter dif­fé­rentes inter­pré­ta­tions. Ces inter­pré­ta­tions sont tou­jours dis­cu­tables. Mais si erro­née que puisse appa­raître telle ou telle inter­pré­ta­tion elle ne sau­rait en aucun cas ser­vir de pré­texte pour écar­ter les faits.

Si l’on consi­dère les obser­va­tions de Mil­ler, l’interprétation qu’en a don­née Mil­ler est cer­tai­ne­ment inexacte dans sa tota­li­té, et ses esti­ma­tions de la vitesse cos­mique de la Terre ne peuvent être cor­rectes, car elles ne tiennent aucun compte des valeurs non nulles des azi­muts moyens“A et de leurs varia­tions au cours du temps.

Il n’en reste pas moins que ses obser­va­tions consi­dé­rées en elles­mêmes pré­sentent une très grande cohé­rence, une cohé­rence d’ailleurs bien plus grande que celle dont fait état Mil­ler, si l’on consi­dère par exemple les résul­tats rela­tifs aux hodo­graphes des vitesses et les résul­tats de l’analyse har­mo­nique des para­mètres carac­té­ris­tiques de ses obser­va­tions quant aux pério­di­ci­tés semi-annuelles et annuelles qu’elles pré­sentent24.

En réa­li­té, et a prio­ri, une triple inter­pré­ta­tion de cette cohé­rence appa­raît pos­sible. La pre­mière, c’est l’association d’une ani­so­tro­pie de l’espace cor­res­pon­dant aux azi­muts moyens“A avec l’interprétation don­née par Michel­son sui­vant laquelle le dépla­ce­ment des franges cor­res­pond au rap­port v2 / c2 du car­ré d’une vitesse (en l’espèce, la valeur glo­bale sup­po­sée de la vitesse cos­mique et de la vitesse orbi­tale de la terre) au car­ré de la vitesse de la lumière.

Une seconde inter­pré­ta­tion appa­raît tout aus­si plau­sible, sinon plus, c’est l’association de l’anisotropie de l’espace cor­res­pon­dant aux azi­muts moyens“A avec une ani­so­tro­pie résul­tant des vitesses cos­mique et orbi­tale de la Terre. Au total, les dif­fé­rences de vitesses mesu­rées par l’interféromètre ne cor­res­pon­draient qu’à des anisotropies.

Sui­vant une troi­sième inter­pré­ta­tion, que je consi­dère aujourd’hui comme la plus vrai­sem­blable, il y aurait entraî­ne­ment total de l’éther dans le mou­ve­ment de trans­la­tion de la Terre et une ani­so­tro­pie liée aux phé­no­mènes astro­no­miques. Sui­vant cette inter­pré­ta­tion il n’y aurait pas d’influence directe de la vitesse de la Terre sur les obser­va­tions de l’interféromètre25. Les dif­fé­rences de vitesses mesu­rées par l’interféromètre ne cor­res­pon­draient qu’à l’anisotropie de l’espace26.

• Comme n’a ces­sé de le sou­li­gner Poin­ca­ré, il y a incon­tes­ta­ble­ment un très grand nombre d’hypothèses conce­vables. En tout cas, dans l’interprétation des faits, il faut se gar­der de toute idée pré­con­çue. En fait, et par exemple, toutes les expé­riences inter­fé­ro­mé­triques depuis 1881 ont été viciées par des idées pré­con­çues sur la nature de l’éther, de ses mou­ve­ments, et de ses défor­ma­tions27.

Et ain­si que l’a sou­li­gné Pare­to, “Il est faux de croire que l’on puisse décou­vrir exac­te­ment les pro­prié­tés des faits concrets en rai­son­nant sur les idées que nous nous fai­sons a prio­ri de ces faits.”28.

VI– LES APPORTS DES ANALYSES D’EINSTEIN

La Rédac­tion m’a posé deux questions :

1re ques­tion : “ La conclu­sion de votre article n’est-elle pas un peu sévère pour Einstein ?”
2e ques­tion : “ Seuls les noms de Lorentz et d’Einstein sont cités dans l’article. Ne serait-il pas sou­hai­table de citer éga­le­ment celui de Poin­ca­ré dont la contri­bu­tion a été rap­pe­lée par notre cama­rade Leveugle dans son article d’avril 1994 ?”

1 – Les analyses d’Einstein

On ne sau­rait pas plus dire que la conclu­sion de mon article serait sévère pour Ein­stein, que dire que les conclu­sions d’Einstein étaient sévères pour la théo­rie clas­sique. En matière de science il n’est ques­tion que de “véri­té ” au regard des don­nées de l’observation, et l’histoire des sciences montre que toute théo­rie ne peut être que pro­vi­soire29.

Au regard des régu­la­ri­tés que j’ai mises en évi­dence dans les obser­va­tions de Mil­ler, il est cer­tain que les pro­prié­tés de contrac­tion des corps sui­vant leurs vitesses et de temps local du mémoire de 1905 d’Einstein, consé­quences de la théo­rie de la rela­ti­vi­té res­treinte, ne peuvent être main­te­nues30.

Mais, quant aux déduc­tions de la théo­rie de la rela­ti­vi­té qui ont fait l’objet de confir­ma­tions expé­ri­men­tales, il est éga­le­ment cer­tain que les don­nées de l’expérience, quelle que soit leur ori­gine, consti­tuent des acquis inéli­mi­nables et incon­tour­nables. Tôt ou tard d’autres expli­ca­tions seront trouvées.

Cela dit, je consi­dère que tous les écrits d’Einstein ont une grande valeur, et j’en ai tiré per­son­nel­le­ment un grand pro­fit. On doit en effet à Ein­stein des ana­lyses cri­tiques sou­vent très per­ti­nentes et très pro­fondes des théo­ries classiques.

2 – Einstein et Poincaré

Dans mon article d’août-septembre 1996 je n’ai pas men­tion­né les deux articles très remar­quables de Jules Leveugle d’avril et novembre 199431, car mon ana­lyse por­tait seule­ment sur les régu­la­ri­tés incon­tes­tables exis­tant dans les obser­va­tions de Mil­ler et inva­li­dant la théo­rie de la rela­ti­vi­té. Mais puisque la ques­tion m’est posée je vou­drais sim­ple­ment sou­li­gner deux points.

Tout d’abord, l’article fon­da­men­tal de sep­tembre 1905 d’Einstein sur la rela­ti­vi­té res­treinte ne com­porte aucune réfé­rence que ce soit aux recherches expé­ri­men­tales, tout par­ti­cu­liè­re­ment à l’expérience de 1887 de Michel­son et Mor­ley, ni aux ana­lyses théo­riques de la lit­té­ra­ture, que ce soit le mémoire de 1904 de Lorentz ou les ana­lyses de Poin­ca­ré de 1899 à juin 1905. L’absence de toute réfé­rence dans l’article ori­gi­nal de 1905 d’Einstein est pour le moins cho­quante, même si l’on tient compte du jeune âge d’Einstein, vingt­six ans à l’époque.

En fait, le mémoire d’Einstein de 1905 pré­sente de toute évi­dence des ana­lo­gies trou­blantes avec les écrits de Poin­ca­ré qui l’ont pré­cé­dé. Le moins que l’on puisse dire c’est que les écrits de Poin­ca­ré sur la rela­ti­vi­té ont une anté­rio­ri­té totale sur l’article de 1905 d’Einstein32.

Qu’il s’agisse du prin­cipe de rela­ti­vi­té, de la trans­for­ma­tion de Lorentz, ou de la for­mu­la­tion de la com­po­si­tion des vitesses, toutes les équa­tions fon­da­men­tales de la théo­rie de la rela­ti­vi­té res­treinte du mémoire de 1905 d’Einstein se trouvent dans les oeuvres anté­rieures de Poin­ca­ré33.

 En second lieu, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Henri Poin­ca­ré a tou­jours été très réser­vé sur la trans­for­ma­tion de Lorentz.

Dans sa Confé­rence du 24 sep­tembre 1904 au Congrès d’Art et de Science de Saint-Louis aux États-Unis, “ L’état actuel et l’avenir de la phy­sique mathé­ma­tique ”, (publiée dans le Bul­le­tin des Sciences mathé­ma­tiques de décembre 1904, p. 302–324), Hen­ri Poin­ca­ré déclarait :

“ Ne devrions-nous pas aus­si nous effor­cer d’obtenir une théo­rie plus satis­fai­sante de l’électrodynamique des corps en mou­ve­ment ?...

“ Pre­nons donc la théo­rie de Lorentz… Au lieu de sup­po­ser que les corps en mou­ve­ment subissent une contrac­tion dans le sens du mou­ve­ment et que cette contrac­tion est la même quelles que soient la nature de ces corps et les forces aux­quelles ils sont d’ailleurs sou­mis, ne pour­rait-on pas faire une hypo­thèse plus simple et plus natu­relle ? On pour­rait ima­gi­ner, par exemple, que c’est l’éther qui se modi­fie quand il se trouve en mou­ve­ment rela­tif par rap­port au milieu maté­riel qui le pénètre, que, quand il est ain­si modi­fié, il ne trans­met plus les per­tur­ba­tions avec la même vitesse dans tous les sens. Il trans­met­trait plus rapi­de­ment celles qui se pro­pa­ge­raient paral­lè­le­ment au mou­ve­ment du milieu, soit dans le même sens, soit dans le sens contraire, et moins rapi­de­ment celles qui se pro­pa­ge­raient per­pen­di­cu­lai­re­ment. Les sur­faces d’onde ne seraient plus des sphères, mais des ellip­soïdes et l’on pour­rait se pas­ser de cette extra­or­di­naire contrac­tion des corps.

“ Je ne cite cela qu’à titre d’exemple, car les modi­fi­ca­tions que l’on pour­rait essayer seraient évi­dem­ment sus­cep­tibles de varier à l’infini.”

Cette cita­tion est très signi­fi­ca­tive34. Elle montre pour le moins que Poin­ca­ré n’était pas tel­le­ment satis­fait de la contrac­tion des corps en mou­ve­ment sui­vant leurs vitesses de Lorentz- Fitz­ge­rald et du concept de temps local de Lorentz.

En réa­li­té, Hen­ri Poin­ca­ré n’a jamais ces­sé de se sen­tir gêné par les impli­ca­tions de la trans­for­ma­tion de Lorentz et d’envisager une hypo­thèse bien plus simple, celle d’une ani­so­tro­pie de l’espace.

En tout état de cause, don­ner, en tant qu’analyste, une expres­sion cor­recte de la trans­for­ma­tion de Lorentz ne sau­rait signi­fier qu’on y adhère.

Il faut dis­tin­guer ici deux ques­tions entiè­re­ment dif­fé­rentes : le prin­cipe de rela­ti­vi­té – la trans­for­ma­tion de Lorentz. En fait, Poin­ca­ré a tou­jours été convain­cu du prin­cipe de rela­ti­vi­té qu’il a été le pre­mier à énon­cer. Par contre il n’a jamais adhé­ré réel­le­ment à la trans­for­ma­tion de Lorentz.

VII – L’INTOLÉRANCE

Guy Ber­thault a adres­sé à la Rédac­tion de notre revue deux ques­tions35 :

1. “ Pour­quoi un tel silence a‑t-il été fait depuis plus d’un demi-siècle sur les expé­riences de Mil­ler et sur son mémoire de 1933?”
2. “Pour­quoi Mau­rice Allais a‑t-il pré­fé­ré s’adresser à La Jaune et la Rouge pour publier son article plu­tôt que d’en faire préa­la­ble­ment l’objet d’une Note à l’Académie des sciences qui aurait pu avoir une bien plus grande influence ?”

Ce sont là deux ques­tions par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­santes au regard notam­ment de l’intolérance que mani­festent trop sou­vent trop de relativistes.

1 – Le silence sur les expériences de Miller

Par­tout aujourd’hui on admet sans réserve que l’expérience de Mil­ler a tou­jours don­né un résul­tat néga­tif. Ain­si et par exemple, avec un rare dog­ma­tisme, A. Foch n’hésite pas à écrire en 1967 dans le texte révi­sé de l’ouvrage de G. Bru­hat, Méca­nique36 :

“Aucun dépla­ce­ment (des franges) n’a jamais pu être constaté…

“ Contrai­re­ment à ce qui résulte des concep­tions clas­siques sur le temps et l’espace, le mou­ve­ment de la Terre dans l’univers ne se mani­feste dans aucune expé­rience terrestre…

“ Quel que soit le repère gali­léen uti­li­sé, la vitesse de la lumière dans le vide a tou­jours la même valeur dans toutes les directions…”

De même, dans un ouvrage russe37, d’ailleurs très inté­res­sant, on peut lire :

“ L’expérience de Michel­son fut reprise maintes fois avec une pré­ci­sion tou­jours crois­sante…, mais le résul­tat obte­nu par Michel­son, ou, comme on dit sou­vent, le résul­tat néga­tif de l’expérience de Michel­son, demeure immuable. Ain­si, sa véra­ci­té n’est plus douteuse.”

Ce ne sont pas là des textes iso­lés. On pour­rait mul­ti­plier des cita­tions analogues.

En fait, les expé­riences de 1925- 1926 de Mil­ler ont été sys­té­ma­ti­que­ment écar­tées et mécon­nues pour cette seule rai­son qu’elles venaient contre­dire les “véri­tés éta­blies ”. Pour pré­ser­ver la théo­rie de la rela­ti­vi­té, on a fait un silence presque total sur le Mémoire de 1933 de Mil­ler, et lorsqu’on en a fait état, on a attri­bué ses obser­va­tions à des effets de tem­pé­ra­ture38. À vrai dire la Science offi­cielle ignore sys­té­ma­ti­que­ment tout ce qui peut déran­ger ses certitudes.

Les quelques oppo­si­tions, sou­vent très vives, qui se sont mani­fes­tées sont pra­ti­que­ment res­tées sans effet, et une atmo­sphère de dog­ma­tisme et d’intolérance s’est peu à peu déve­lop­pée qui a indû­ment retar­dé le pro­grès de la Science.

Que ne devrait-on pas médi­ter ce juge­ment de Claude Ber­nard39 :

“ Lorsque dans la science nous avons émis une idée ou une théo­rie, nous ne devons pas avoir pour but de la conser­ver en cher­chant tout ce qui peut l’appuyer et en écar­tant tout ce qui peut l’infirmer. Nous devons, au contraire, exa­mi­ner avec le plus grand soin les faits qui semblent la ren­ver­ser, parce que le pro­grès réel consiste tou­jours à chan­ger une théo­rie ancienne qui ren­ferme moins de faits contre une nou­velle qui en ren­ferme davantage.”

En réa­li­té, si tant de dis­cus­sions, tant de pas­sions se sont mani­fes­tées, et se mani­festent encore, sur la Théo­rie de la Rela­ti­vi­té Res­treinte et Géné­rale, la rai­son en est très simple : une erreur de juge­ment por­tée ini­tia­le­ment sur le carac­tère pré­ten­du néga­tif de l’expérience de Michel­son, et la non prise en compte des obser­va­tions de Mil­ler de 1925–1926. De là est résul­tée une espèce d’égarement per­sis­tant dans la phy­sique contem­po­raine et le dog­ma­tisme into­lé­rant qui l’a accompagné.

Rien n’illustre mieux cette espèce d’égarement que ce juge­ment de Féne­lon40 :

“ La plu­part des erreurs des hommes ne tiennent point tant à ce qu’ils rai­sonnent mal à par­tir de prin­cipes vrais, mais bien plu­tôt à ce qu’ils rai­sonnent juste à par­tir de prin­cipes faux ou de juge­ments inexacts.”

En fait, et après avoir ana­ly­sé les tra­vaux de Mil­ler, à dif­fé­rentes reprises depuis 1955 et de manière de plus en plus appro­fon­die, je ne puis que confir­mer entiè­re­ment aujourd’hui le juge­ment de mon mémoire de 1958, Doit-on Recon­si­dé­rer les Lois de la Gra­vi­ta­tion ?, sur le mémoire de Mil­ler de 193341 : “ Il est pour le moins éton­nant que les résul­tats de ce mémoire aient été reli­gieu­se­ment pas­sés sous silence. L’enterrement pur et simple du mémoire de Mil­ler me paraît être un des scan­dales de la phy­sique contemporaine.”

2 – Mon choix de La Jaune et la Rouge

Pour­quoi donc ai-je deman­dé à notre revue de publier mon article sur les expé­riences de Day­ton Mil­ler plu­tôt que de pré­sen­ter une Note à l’Académie des sciences ?

La rai­son en est double. La pre­mière, c’est que cet article était beau­coup trop long pour faire l’objet d’une Note, d’une lon­gueur néces­sai­re­ment très réduite, à l’Académie des sciences.

La seconde, c’est que de 1956 à 1960 la publi­ca­tion de mes Notes à l’Académie des sciences sur mes expé­riences sur le pen­dule para­co­nique42 n’avait ces­sé de ren­con­trer une sourde hos­ti­li­té d’un cer­tain nombre de membres de l’Académie43, bien que j’aie été constam­ment sou­te­nu par au moins neuf membres de l’Académie44.

Cepen­dant, après la rédac­tion de mon article de La Jaune et la Rouge, j’ai pu cal­cu­ler les ajus­te­ments ellip­tiques des hodo­graphes, met­tant très clai­re­ment en évi­dence la per­pen­di­cu­la­ri­té des hodo­graphes aux direc­tions moyennes des azi­muts et l’impossibilité totale d’expliquer cette remar­quable pro­prié­té par des effets de tem­pé­ra­ture45.

À la réflexion il m’est alors appa­ru qu’en se limi­tant à la simple consta­ta­tion, sans autre com­men­taire, de cette régu­la­ri­té essen­tielle pré­sen­tée par les obser­va­tions de Mil­ler46, une Note à l’Académie des sciences pou­vait être très utile47.

3 – Le dogmatisme et la science

On constate aujourd’hui une espèce de domi­na­tion dog­ma­tique et into­lé­rable de cer­tains tenants des théo­ries rela­ti­vistes. Pour eux, la théo­rie de la rela­ti­vi­té est deve­nue une espèce de reli­gion qu’il est inter­dit de contre­dire ou même de discuter.

Autant Ein­stein et ses suc­ces­seurs immé­diats pou­vaient à l’origine jus­te­ment se plaindre de l’opposition faite à leurs cri­tiques des théo­ries clas­siques, autant aujourd’hui l’intolérance et le dog­ma­tisme de cer­tains tenants des théo­ries rela­ti­vistes sont deve­nus tout à fait insupportables.

À chaque époque les concep­tions nou­velles n’ont ces­sé d’être reje­tées par la puis­sance tyran­nique des “véri­tés éta­blies ”. De tout temps un fana­tisme dog­ma­tique et into­lé­rant n’a ces­sé de s’opposer au pro­grès de la science et à la révi­sion des axiomes cor­res­pon­dant aux théo­ries admises lorsque de nou­veaux faits viennent les invalider.

Com­ment de telles situa­tions peuvent- elles se consta­ter ? La rai­son en est toute simple. L’opinion dite scien­ti­fique ne cesse d’être aveu­glée par la répé­ti­tion inces­sante de toutes parts de pseu­do-véri­tés et par des pré­ju­gés erro­nés. En fait, plus les idées domi­nantes sont répan­dues, plus elles se trouvent en quelque sorte enra­ci­nées dans la psy­cho­lo­gie des hommes. Si erro­nées qu’elles puissent être, elles finissent par acqué­rir par leur simple et inces­sante répé­ti­tion le carac­tère de véri­tés éta­blies qu’on ne sau­rait mettre en doute sans s’opposer à l’ostracisme actif des “esta­blish­ments ”.

Les plus grands nova­teurs en ont été vic­times, et Max Planck lui-même a dû faire face à une puis­sante obs­truc­tion. Com­ment ne pas rap­pe­ler ici son propre témoi­gnage48 :

“ Dans les années quatre-vingt-neuf et quatre-vingt-dix du siècle der­nier, une expé­rience per­son­nelle m’a appris ce qu’il en coûte à un cher­cheur, en pos­ses­sion d’une idée à laquelle il a mûre­ment réflé­chi, de vou­loir la pro­pa­ger. Il a consta­té com­bien les meilleurs argu­ments qu’il pro­dui­sait dans ce but pesaient peu, parce que sa voix n’avait pas l’autorité suf­fi­sante pour s’imposer au monde savant.”

Ces “ véri­tés éta­blies ”, ces dog­ma­tismes, qui renaissent sans cesse, peuvent se com­pa­rer à l’Hydre de la mytho­lo­gie grecque, ser­pent fabu­leux qui avait sept têtes dont cha­cune, quand on la cou­pait, était immé­dia­te­ment rem­pla­cée par plu­sieurs autres.

Le pire enne­mi de la science, c’est le dog­ma­tisme, l’imperturbable assu­rance de ceux qui sont convain­cus de déte­nir une véri­té abso­lue et défi­ni­tive. Ceux-là en réa­li­té ne sont que des fos­soyeurs de la science.

Sur le dog­ma­tisme, sur la tyran­nie des véri­tés éta­blies, le mieux me paraît de me bor­ner ici à deux citations.

Louis de Broglie49 :

“ L’histoire des sciences montre que les pro­grès de la Science ont été constam­ment entra­vés par l’influence tyran­nique de cer­taines concep­tions que l’on avait fini par consi­dé­rer comme des dogmes. Pour cette rai­son, il convient de sou­mettre pério­di­que­ment à un exa­men très appro­fon­di les prin­cipes que l’on a fini par admettre sans plus les discuter.”

Stanley Jevons50 :

“Il y a tou­jours une ten­dance des plus nui­sibles à lais­ser les opi­nions se cris­tal­li­ser en croyances. Cette ten­dance se mani­feste spé­cia­le­ment lorsque quelqu’auteur émi­nent… com­mence à être recon­nu comme une autorité…

“Mais « se trom­per est humain » et il devrait tou­jours être per­mis de cri­ti­quer les meilleurs ouvrages. Si au lieu d’accueillir, comme bien­ve­nues, recherches, et cri­tiques, les admi­ra­teurs d’un grand auteur acceptent l’autorité de ses écrits…, cela porte le plus grand pré­ju­dice à la cause de la vérité.

“Dans les sujets de phi­lo­so­phie et de science, l’autorité a tou­jours été le grand adver­saire de la véri­té. Un calme des­po­tique est habi­tuel­le­ment le triomphe de l’erreur…

“En science et en phi­lo­so­phie rien ne doit être tenu pour sacré.”

VIII – UNE RÈGLE D’OR : LA SOUMISSION INCONDITIONNELLE AUX ENSEIGNEMENTS DE L’EXPÉRIENCE

1 – Réalisation de nouvelles expériences

La Rédac­tion m’écrit : “Ne serait-il pas sou­hai­table d’effectuer de nou­velles expé­riences, avec les moyens ins­tru­men­taux les plus modernes, afin de confir­mer, ou éven­tuel­le­ment d’infirmer, les résul­tats de Miller?”

C’est là un sou­hait auquel je m’associe tota­le­ment. Lorsque l’on par­court la lit­té­ra­ture, on ne peut man­quer d’être frap­pé par le volume tout à fait extra­or­di­naire des ana­lyses théo­riques fon­dées sur le résul­tat pré­ten­du “ néga­tif ” des expé­riences inter­fé­ro­mé­triques au regard de l’absence presque totale d’une ana­lyse appro­fon­die de ces expé­riences inter­fé­ro­mé­triques, et tout par­ti­cu­liè­re­ment des expé­riences de Mil­ler. De mul­tiples articles, de mul­tiples ouvrages ont été rédi­gés qui se fondent en réa­li­té sur la mécon­nais­sance, ou même sur la néga­tion, des faits obser­vés. Ein­stein lui-même n’a‑t-il pas écrit51 :

“ Jamais on n’a trou­vé une théo­rie utile et féconde par voie uni­que­ment spéculative.”

Et ne faut-il pas répé­ter sans cesse avec Hen­ri Poin­ca­ré52 :

“ L’expérience est la source unique de la véri­té : elle seule peut nous apprendre quelque chose de nou­veau ; elle seule peut nous don­ner la certitude.”

Si de nou­velles expé­riences inter­fé­ro­mé­triques sont faites, elles devraient, à la suite de Mil­ler, être effec­tuées de façon conti­nue de jour et de nuit pen­dant au moins quatre périodes d’un mois aux envi­rons des équi­noxes et des sol­stices, et non se bor­ner à des obser­va­tions ponc­tuelles dont on ne peut rien tirer.

De telles expé­riences ne pour­ront que confir­mer les régu­la­ri­tés que j’ai mises en évi­dence dans les obser­va­tions de Mil­ler. Ces régu­la­ri­tés ne sau­raient être attri­buées au hasard ou à des effets per­vers. Ce sont là des acquis défi­ni­tifs de la science.

2 – De nouvelles perspectives

Le scep­ti­cisme est, j’en suis bien convain­cu, la seule posi­tion scien­ti­fique que l’on doive adop­ter lorsque de nou­veaux résul­tats, tendent à mettre en cause la vali­di­té de prin­cipes qui ont paru confir­més par de nom­breuses obser­va­tions anté­rieures. Mais s’il est par­fai­te­ment scien­ti­fique d’adopter une atti­tude pru­dente et scep­tique devant des faits nou­veaux, le dog­ma­tisme et le sec­ta­risme ne sont pas des posi­tions scien­ti­fiques. Ce sont les faits et les faits seuls qui doivent déci­der des théo­ries, et non l’inverse.

Quant à moi, toutes mes recherches, tous mes tra­vaux ont été domi­nés par une convic­tion abso­lue, c’est que pour être valable toute théo­rie, quelle qu’elle soit, doit être confir­mée, tant dans ses hypo­thèses que dans ses consé­quences, par les don­nées de l’observation. C’est cette convic­tion qu’exprime la maxime qui tout au long de ma vie m’a constam­ment ins­pi­ré dans tous les domaines : “La sou­mis­sion aux don­nées de l’expérience est la règle d’or qui domine toute dis­ci­pline scien­ti­fique. ”53

Les régu­la­ri­tés que j’ai mises en évi­dence dans les obser­va­tions de Mil­ler ouvrent incon­tes­ta­ble­ment de nou­velles pers­pec­tives, et com­ment ne pas rap­pe­ler ici le mes­sage de Max Planck54 :

“ Lorsqu’il se pro­duit une révi­sion ou une trans­for­ma­tion d’une théo­rie phy­sique, on trouve qu’il y a presque tou­jours au point de départ la consta­ta­tion d’un ou plu­sieurs faits qui ne pou­vaient pas entrer dans le cadre de la théo­rie, sous sa forme actuelle. Les faits res­tent en effet tou­jours la clef de voûte de laquelle dépend la sta­bi­li­té de toute théo­rie, si impor­tante qu’elle puisse être.

Pour le théo­ri­cien vrai­ment digne de ce nom il n’y a d’ailleurs rien de plus inté­res­sant qu’un fait en contra­dic­tion avec une théo­rie jusqu’alors tenue pour vraie, c’est alors que com­mence pour lui le véri­table travail.”

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1. Voir ma réponse de juin 1997, Sec­tion III.
2. Voi­ci les réfé­rences des mémoires que j’ai reçus et qui n’ont encore fait l’objet d’aucune publi­ca­tion : Pierre Blanc (35), Sur les impli­ca­tions pos­sibles de l’hypothèse de l’existence de charges ima­gi­naires, juillet 1996, 33 p. – Thier­ry Delort, Théo­rie de l’éther, 1996, 71 p. – Bru­no Michou­lier (49), La Rela­ti­vi­té en Ques­tion, 1990, 4 p. – Pierre-Ernest de Mon­taigne (35), L’expérience de Michel­son et Mor­ley, 1996, 55 p. – René-Louis Val­lée, L’énergie du vide, 1993, 4 p.
3. Voi­ci les réfé­rences des articles et ouvrages que j’ai reçus et qui ont fait l’objet de publi­ca­tions : Patrick Cor­nille, On the Mea­ning of Spe­cial Rela­ti­vi­ty in the Earth Frame, Phy­sics Essays, 1992, p. 262–285 – Is the Phy­si­cal World Built upon Waves, Phy­sics Essays, 1993, p. 289–307 – On Elec­tro­ma­gne­tic Waves Approach to Mat­ter and Radia­tion, Jour­nal of Elec­tro­ma­gne­tic Wave and Appli­ca­tions, 1994, p. 1425–1442 – The Lorentz Force and Newton’s Third Prin­ciple, Cana­dian Jour­nal of Phy­sics, 1995, p. 619–625 – Devia­tion of the Ether from Ano­ma­lies in Newton’s Third Law, New Fron­tiers in Phy­sics, Hadrian Press, 1996 – Une expé­rience de Trou­ton et Noble qui montre le mou­ve­ment abso­lu de la Terre à tra­vers l’éther, sep­tembre 1996 – Mar­cel Macaire (42), L’univers de la rela­ti­vi­té géné­rale. Voies nou­velles, 1996 – René-Louis Val­lée, L’énergie élec­tro­ma­gné­tique maté­rielle et gra­vi­ta­tion­nelle, modèle syner­gé­tique, Socié­té pour l’Étude et la Pro­mo­tion de l’énergie dif­fuse, 1978. Dans son article de 1996 Patrick Cor­nille écrit : “ Dans un article récent concer­nant les expé­riences de Day­ton C. Mil­ler effec­tuées en 1925–1926 M. Allais démontre que la vitesse de la lumière n’est pas la même dans toutes les directions. ”
4. Dans sa lettre du 24 sep­tembre 1996 Patrick Cor­nille m’écrit : “ Des expé­riences plus récentes uti­li­sant l’interféromètre de Michel­son semblent confir­mer les résul­tats de Mil­ler ” : 1) W. Kan­tor, Direct first-order expe­riment on the pro­pa­ga­tion of light from a moving source, J. of Opt. Soc. of Am., vol. 52, n° 9, p. 978, 1962 – 2) E. W. Sil­ver­tooth, Nature, vol. 322, p. 590, 1986 – 3) E. W. Sil­ver­tooth, Spec. in Science and Tech­no­lo­gy, vol. 10, p. 3, 1987 – 4) E. W. Sil­ver­tooth, Motion through the ether, Elec­tro­nics & Wire­less World, vol. 95, n° 5, p. 437, 1989 – 5) C. K. Whit­ney, A new inter­pre­ta­tion of the Sil­ver­tooth expe­riment, Phys. Essays, vol. 3, n° 2, p. 161, 1990 – 6) S. Mari­nov, The inter­rup­ted rota­ting disc expe­riment, J. of Phy­sics A : Math. and Gen., vol. 16, p. 1885, 1983 – 7) S. Mari­nov, Cou­pled mir­rors expe­riment to mea­sure the dif­fe­rence in the one way velo­ci­ty of light in oppo­site direc­tions in the clo­sed lab to get the abso­lute velo­ci­ty of the Solar sys­tem, Gene­ral Rela­ti­vi­ty Gra­vi­ta­tion, vol. 12, p.57, 1980 – 8) S. Mari­nov, Tooth wheels expe­riment to mea­sure dif­fe­rence in the one way velo­ci­ty of light in oppo­site direc­tion to get abso­lute velo­ci­ty of clo­sed lab and the Solar sys­tem, Spec. in Science and Tech­no­lo­gy, vol. 3, p. 57, 1980.
5. Pierre Nas­lin : “ Les expé­riences de Mil­ler ont-elles été repro­duites depuis 70 ans ? La science ne peut tra­vailler que sur des faits reproductibles ”.
6. Trois d’entre elles sou­lignent mon cou­rage. C’est là un signe des temps. Il est aujourd’hui deve­nu pour le moins dépla­cé de contes­ter les hypo­thèses de base de la théo­rie de la rela­ti­vi­té. À cer­tains moments on se croi­rait effec­ti­ve­ment reve­nu au temps de Galilée !
7. Si sin­gu­lière que puisse appa­raître cette décla­ra­tion de Paul de Mon­taigne, il n’est pas le seul à émettre un tel juge­ment. Lorsque j’ai reçu le prix Nobel de Sciences éco­no­miques de 1988, le phy­si­cien anglais Robert Latham, de l’Imperial Col­lege of Science and Tech­no­lo­gy, Bla­ckett Labo­ra­to­ry, qui avait pris aupa­ra­vant une connais­sance appro­fon­die de mes tra­vaux sur le pen­dule para­co­nique, m’a adres­sé la lettre sui­vante : “ Please accept my most hear­ty congra­tu­la­tions… “ It is a pity, science being what it is, that you can’t get a simi­lar recog­ni­tion for the pen­du­lum work. I know I am in a mino­ri­ty but my per­so­nal view is that it is just as impor­tant, and will be ack­now­led­ged as such in due course. ”
8. Max Planck, 1925, Ini­tia­tions à la Phy­sique, Flam­ma­rion, 1941, p. 256.
9. Claude Ber­nard, 1865, Intro­duc­tion à l’étude de la méde­cine expé­ri­men­tale, Gar­nier-Flam­ma­rion, 1966, p. 263.
10. Voir mon article d’août-septembre 1996.
11. § 5.1 de mon article d’août-septembre 1996 et § III.4 de ma réponse de juin 1997 aux lettres reçues. Je sou­ligne encore une fois qu’un grand nombre des régu­la­ri­tés obser­vées n’existent qu’en temps sidé­ral, et qu’elles n’existent pas en temps civil.
12. En tout cas il est tout à fait faux de répé­ter sans cesse que les expé­riences de Michel­son et Mor­ley de 1887 n’ont don­né aucun résul­tat, car elles avaient mon­tré un dépla­ce­ment des franges cor­res­pon­dant à une vitesse de 8 km/sec. inter­pré­tée à l’époque comme cor­res­pon­dant à des erreurs d’observation (voir mon pré­cé­dent article, § III.2.2).
13. Mil­ler, 1933, p. 222.
14. Je ne suis pas en mesure de répondre à la ques­tion de Pierre Nas­lin : “ Tient-on compte du mou­ve­ment de la Terre dans les com­pa­rai­sons de très haute pré­ci­sion qui sont effec­tuées régu­liè­re­ment entre les hor­loges de réfé­rence qui sont situées dans tous les pays ? ” C’est d’ailleurs là une ques­tion qui n’a aucune rela­tion directe avec la sub­stance de mon article d’août-septembre 1996.
15. Il convient de sou­li­gner que les déter­mi­na­tions de l’azimut pour lequel le dépla­ce­ment des franges est maxi­mum et l’importance de ce dépla­ce­ment qui déter­mine la vitesse sont deux esti­ma­tions indé­pen­dantes (Mil­ler, 1933, id., p. 211–213, et p. 225 226). Comme l’indique Mil­ler (Confe­rence on the Michel­son-Mor­ley Expe­riment du 4–5 février 1927) : “ The deter­mi­na­tion of the direc­tion of the earth’s motion is dependent only upon the direc­tion in which the teles­cope points when the obser­ved dis­pla­ce­ment of the fringes is a maxi­mum ; it is in no way dependent upon the amount of this dis­pla­ce­ment or upon the adjust­ment of the fringes to any par­ti­cu­lar zero position. ”
16. Je rap­pelle que l’année sidé­rale est plus courte d’un jour solaire que l’année solaire. Le jour sidé­ral est plus court, d’environ 4 minutes, que le jour solaire et le mois sidé­ral est plus court, d’environ 2 heures, que le mois solaire. Au cours d’un seul mois la pério­di­ci­té diurne sidé­rale est indis­cer­nable de la pério­di­ci­té diurne solaire. Ces deux pério­di­ci­tés ne peuvent être réel­le­ment dis­cer­nées qu’au cours d’une année. À tout ins­tant les étoiles fixes se trouvent dans les mêmes azi­muts du lieu d’observation que 24 heures sidé­rales aupa­ra­vant. Après 24 heures civiles c’est le Soleil qui se trouve dans le même azimut.
17. § II.3, note 3, de la pre­mière par­tie de juin 1997 de ma Réponse au Cour­rier des Lec­teurs. (18.) Mil­ler, 1933, id., p. 239.
19. A. A. Michel­son, H. G. Gale and F. Pear­son, The effect of the earth’s rota­tion on the velo­ci­ty of light, Astro­phy­si­cal Jour­nal, vol. 61, p. 140, 1925.
20. En tout état de cause la trans­for­ma­tion de Lorentz s’appuie sur une double pro­po­si­tion : 1 – L’expérience de Michel­son donne “ un résul­tat néga­tif ” ; 2 – L’éther est consi­dé­ré comme tota­le­ment immo­bile par rap­port aux étoiles fixes. Or cette deuxième pro­po­si­tion repose sur une pure hypo­thèse. Si l’éther est ani­mé loca­le­ment du même mou­ve­ment de trans­la­tion que la Terre, l’expérience de Michel­son ne peut alors don­ner qu’un résul­tat négatif.
21. § II.3, note 3, de la pre­mière par­tie de juin 1997 de ma Réponse au Cour­rier des Lec­teurs. (22) § 3.3 et Gra­phiques III et IV de mon article d’août-septembre 1996, et Gra­phiques I et II du § II.3 de la pre­mière par­tie de ma Réponse au Cour­rier des Lecteurs.
23. Mil­ler, 1933, id., p. 222–238.
24. Voir les Sec­tions 3 et 4 de mon article, et la note 22 du § V.2 ci-dessus.
25. À l’appui de cette inter­pré­ta­tion on peut consi­dé­rer que l’hodographe HT cor­res­pon­dant à la vitesse de la Terre est symé­trique par rap­port au méri­dien, alors que l’hodographe obser­vé H et son esti­ma­tion H* appa­raissent comme per­pen­di­cu­laires et symé­triques par rap­port à l’azimut moyen“A de Mil­ler dif­fé­rent du méridien.
En fait, toute influence de l’hodographe HT sur les hodo­graphes H et H* devraient com­pro­mettre la per­pen­di­cu­la­ri­té et la symé­trie de l’hodographe H par rap­port à l’azimut“A, alors que l’on constate qu’il n’en est pas ainsi.
26. C’est là une hypo­thèse qui n’a jamais été envi­sa­gée jusqu’ici : – un entraî­ne­ment total de l’éther par la Terre dans son mou­ve­ment de trans­la­tion orbi­tale, et par suite l’impossibilité de déce­ler direc­te­ment sa vitesse de trans­la­tion par des obser­va­tions inter­fé­ro­mé­triques – une ani­so­tro­pie de l’espace due à des influences astro­no­miques, notam­ment à l’influence de la posi­tion de la Terre sur sa tra­jec­toire orbi­tale, et expli­quant les varia­tions de vitesse de la lumière sui­vant sa direc­tion mises en évi­dence par les expé­riences de Miller.
Contrai­re­ment à une asser­tion très sou­vent affir­mée par les rela­ti­vistes un entraî­ne­ment total de l’éther n’est pas incom­pa­tible avec une expli­ca­tion cohé­rente de l’aberration (Bouasse, 1925, Pro­pa­ga­tion de la lumière, Dela­grave, § 62, p. 117–119).
Plu­tôt que de par­ler de l’entraînement de l’éther par la Terre, on pour­rait d’ailleurs tout aus­si bien envi­sa­ger un entraî­ne­ment de la Terre par l’éther qui l’entoure. Ce ne sont là natu­rel­le­ment que des hypo­thèses, mais qu’elles soient valables ou non, il n’en reste pas moins qu’on doit consi­dé­rer comme par­fai­te­ment éta­blies la vali­di­té et la cohé­rence des obser­va­tions de Miller.
27. Appa­rem­ment, et bien qu’il n’eût ces­sé de sou­li­gner le dan­ger des idées pré­con­çues, Mil­ler a été pro­ba­ble­ment lui même vic­time d’idées pré­con­çues en ce qui concerne l’interprétation de ses propres obser­va­tions et l’élaboration de son Modèle. Il était en effet convain­cu que toute dif­fé­rence de vitesse déduite des obser­va­tions de l’interféromètre ne pou­vait cor­res­pondre qu’à la vitesse de la Terre.
28. Vil­fre­do Pare­to, 1909, Manuel d’économie poli­tique, Giard, 1927, p. 13.
29. Puis-je me réfé­rer ici à cette réflexion pleine de sagesse d’Einstein pré­sen­tée à Paris en 1922 à Paul Mon­tel (Albert Ein­stein, Cor­res­pon­dance avec Michele Bes­so, id., p. 313) : “ J’ai fait faire un petit pas en avant à cette science. Après moi, un autre vien­dra qui en fera faire un nou­veau et je pas­se­rai à l’arrière-plan. ”
30. En tout état de cause l’espace et le temps appa­raissent comme d’une nature irré­duc­ti­ble­ment dif­fé­rente. Les dépla­ce­ments d’un mobile dans l’espace peuvent en effet avoir lieu dans un sens ou dans l’autre, mais le temps s’écoule d’une manière irréversible.
31. Jules Leveugle “ Hen­ri Poin­ca­ré et la Rela­ti­vi­té ”, La Jaune et la Rouge, avril 1994, p. 29–51, et “ À pro­pos de Poin­ca­ré et la Rela­ti­vi­té ”, id., novembre 1994, p. 7–14. Voir éga­le­ment C. Mar­chal, 1995, The Theo­ry of Rela­ti­vi­ty. Ein­stein or Poin­ca­ré, 4th Alexan­der von Hum­boldt Colloquium.
32. La ques­tion de l’origine de la théo­rie de la rela­ti­vi­té a fait l’objet de très nom­breux com­men­taires. Voir notam­ment : T. Kahan, 1959, Sur les ori­gines de la théo­rie de la rela­ti­vi­té res­treinte, Revue d’Histoire des Sciences, avril-juin 1959, p. 159–165 – R. S. Shank­land, Talks with Albert Ein­stein, Ame­ri­can Jour­nal of Phy­sics, vol. 31, p. 47–57, 1963 – G. Hol­ton, Ein­stein and the “ Cru­cial Expe­riment ”, Ame­ri­can Jour­nal of Phy­sics, vol. 37, p. 968–982, 1969 – A. Ono Yoshi­ma­sa, Trans­la­tion of a Lec­ture given by Ein­stein in Kyo­to on 14 decem­ber 1922, How I crea­ted the Theo­ry of Rela­ti­vi­ty, Phy­sics Today, août 1982, p. 45–47 – John Sta­chel, Ein­stein and Ether Drift Expe­ri­ments, Phy­sics Today, mai 1987, p. 45–47.
33. En fait, l’examen des rela­tions sus­cep­tibles d’exister entre le mémoire de 1905 d’Einstein et les écrits anté­rieurs de Poin­ca­ré ne relève pas du pré­sent article.
34. Poin­ca­ré a repris ce point de vue presque dans les mêmes termes en 1905 dans La Valeur de la Science, p. 202–203, et en 1908 dans Science et Méthode, p. 98–100.
35. Guy Ber­thault a posé en tout quatre ques­tions. J’ai déjà répon­du à deux d’entres elles (§ II.1 et § V.2). 36. Mas­son, 1967, p. 695–696.
37. Ouga­rov, 1974, Théo­rie de la rela­ti­vi­té res­treinte, p. 35, édi­tions MIR Mos­cou (tra­duc­tion française).
38. Voir les § III.1, III.2.2, III.3 et III.4.2, de la pre­mière par­tie de ma Réponse au Cour­rier des Lecteurs.
39. Claude Ber­nard, 1865, Intro­duc­tion à l’étude de la méde­cine expé­ri­men­tale, Flam­ma­rion Gar­nier, 1966, p. 75. C’est là un remar­quable livre dont je ne sau­rais trop recom­man­der la lecture.
40. Lettre de Féne­lon, dite de Port-Royal, pour l’éducation du duc de Chevreuse.
41. P. 102, note 38.
42. Notes des 13 mai, 13 novembre, 25 novembre, 4 décembre, 16 décembre, 23 décembre 1957 ; 3 novembre et 22 décembre 1958 ; 19 jan­vier et 9 février 1959.
43. À vrai dire, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Académie des sciences, plus mes oppo­sants étaient igno­rants, plus ils étaient fana­tiques. Je n’ai pu faire face à leur cam­pagne achar­née, d’autant plus effi­cace qu’elle était géné­ra­le­ment sou­ter­raine, et qu’elle se bor­nait tou­jours, lorsqu’elle s’exprimait, à de pures affir­ma­tions, jamais jus­ti­fiées et moti­vées. Les plus fana­tiques de mes contra­dic­teurs se carac­té­ri­saient par une igno­rance totale de l’analyse sta­tis­tique et ils n’avaient jamais fait aucune expérience.
44. MM. Caquot, Cot, Dar­rieus, Kem­pé de Fériet, Leau­té, Pérard, Roy, Tar­di, Thiry.
45. § II.3 de la pre­mière par­tie de juin 1997 de ma Réponse au Cour­rier des Lecteurs.
46. Voir § II.3, note 42, ci-dessus.
47. J’ai donc deman­dé en novembre 1996 à M. André Lich­ne­ro­wicz, auteur de très remar­quables ouvrages sur la théo­rie de la Rela­ti­vi­té, de bien vou­loir pré­sen­ter une Note inti­tu­lée : “ Une régu­la­ri­té très signi­fi­ca­tive dans les obser­va­tions inter­fé­ro­mé­triques de Day­ton C. Mil­ler 1925–1926 ”.
Cette Note pré­sente notam­ment toutes les jus­ti­fi­ca­tions tech­niques utiles sur la déter­mi­na­tion des ajus­te­ments ellip­tiques des hodo­graphes empiriques.
48. Max Planck, 1941, Ini­tia­tions à la Phy­sique, id., p. 259.
49. Louis de Bro­glie, 1953, La Phy­sique Quan­tique res­te­ra-t-elle indé­ter­mi­niste ? Gau­thier-Vil­lars, p. 22.
50. Stan­ley Jevons, 1888, La Théo­rie de l’Économie poli­tique, tra­duc­tion fran­çaise de la Troi­sième édi­tion, Giard, 1909, p. 369–370.
51. Albert Ein­stein, Lettre du 28 août 1918, Cor­res­pon­dance avec Michele Bes­so, Her­mann, 1979, p. 82.
52. Hen­ri Poin­ca­ré, 1902, La Science et l’Hypothèse, id., p. 167.
53. Sur toutes les ques­tions ana­ly­sées ci-des­sus, voir mon ouvrage L’anisotropie de l’espace. La néces­saire révi­sion de cer­tains pos­tu­lats des théo­ries contem­po­raines. Les don­nées de l’expérience. (Édi­tions Clé­ment Juglar, 62, ave­nue de Suf­fren, tél. : 01.45.67.58.06). Cha­pitre IV, p. 382–426 ; cha­pitre V, p. 452–468, 474- 477 et 482 ; cha­pitre VII, p. 547–644 et cha­pitre IX, p. 659–674. (Voir éga­le­ment le numé­ro d’avril 1997 de La Jaune et la Rouge, p. 77).
54. Max Planck, 1941, Ini­tia­tions à la Phy­sique, Flam­ma­rion, p. 40.

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